Dernière mise à jour à 16h46 le 31/03
L'ancienne présidente de Corée du Sud Park Geun-hye (C) est dirigée vers la maison d'arrêt de Séoul, le 31 mars 2017. (Xinhua) |
L'ancienne présidente sud-coréenne Park Geun-hye a été arrêtée vendredi à l'aube après qu'un tribunal de Séoul a validé le mandat d'arrêt demandé par le parquet. Cette arrestation fait suite à sa destitution en raison d'un scandale de corruption dans lequel elle serait mêlée.
La cour du district central de Séoul a précisé dans un communiqué que les accusations visant Mme Park étaient crédibles et qu'il n'était pas impossible qu'elle cherche à détruire des preuves.
Le mandat d'arrêt, requis en début de semaine, a été émis par le tribunal au terme de près de neuf heures d'audience jeudi, la plus longue de l'histoire judiciaire du pays.
Mme Park a attendu une bonne partie de la nuit la décision du tribunal dans le bureau des procureurs, situé tout près, avant d'être transférée dans un centre de détention dans la banlieue de Séoul, distant d'une quinzaine de kilomètres.
Des images ont montré l'ancienne présidente, flanquée de deux enquêtrices, dans une berline noire escortée par des voitures et des motards de la police, suivis par des véhicules de presse. Elle est entrée dans le centre de détention vers 4h45 heure locale.
Quelques partisans de Mme Park attendaient son arrivée sur place, comme s'ils s'attendaient eux aussi à l'arrestation de l'ancienne présidente, qui est considérée comme une ic?ne politique par les électeurs conservateurs.
Mme Park avait quitté une première fois la Maison Bleue, le siège de la présidence sud-coréenne, après que son père Park Chung-hee, à la tête du pays pendant 18 ans, eut été assassiné en 1979 par le chef des services de renseignements qui était l'un de ses plus proches collaborateurs. Elle y est retournée en 2013 après avoir élue en tant que première présidente du pays. Mais elle n'a pas réussi à achever son mandat de cinq ans, quittant la présidence dans l'opprobre.
Dans un jugement historique rendu le 10 mars dernier, la Cour constitutionnelle avait validé la destitution votée par l'Assemblée nationale le 9 décembre dernier, faisant d'elle la première présidente du pays à ainsi chassée du pouvoir.
Après un bref examen médical, elle revêtira l'uniforme de prisonnier et sera placée dans une cellule individuelle, selon les médias locaux.
Ce centre de détention abrite déjà son amie et confidente de longue date, Choi Soon-sil, celle par qui le scandale est arrivé, et le vice-président de Samsung Electronics, Lee Jae-yong, lui aussi emporté par le tourbillon.
Mme Park devient le troisième ancien chef d'Etat sud-coréen à être placé en détention. Elle pourra être détenue jusqu'à 20 jours dans le cadre de l'enquête pénale.
Si elle est reconnue coupable de corruption, elle risque au moins dix ans de prison.
Avant que n'expire sa période de détention de 20 jours, Mme Park devrait être inculpée pour un total de 13 chefs d'accusation, dont corruption, abus de pouvoir, coercition et divulgation de documents confidentiels.
Elle est notamment soup?onnée d'avoir, en connivence avec Mme Choi, re?u des dizaines de millions de dollars de pots-de-vin de la part du vice-président de Samsung Electronics, Lee Jae-yong, actuellement en détention. En échange, M. Lee souhaitait qu'elle l'aide à succéder à la tête du groupe Samsung à son père, Lee Kun-hee, hospitalisé depuis près de trois ans après une crise cardiaque, même si M. Lee avait déjà de facto repris les rênes du plus grand conglomérat familial du pays.
Mme Choi, accusée par le parquet d'être pénalement complice de Mme Park, est accusée d'avoir extorqué des dizaines de millions de dollars à plusieurs conglomérats au profit de deux fondations à but non lucratif utilisées à des fins personnelles. Elle est également soup?onnée d'avoir re?u régulièrement des documents gouvernementaux confidentiels de l'un des anciens conseillers de Mme Park pour s'immiscer en coulisses dans les affaires de l'Etat.