Dernière mise à jour à 08h39 le 05/04
Le président allemand Frank-Walter Steinmeier est monté au créneau mardi devant le Parlement européen réuni en session plénière à Strasbourg pour mettre en garde contre les dangers du populisme, appelant à construire des ponts au-dessus des "fossés" qui se creusent sur le continent.
"Il est amer de prendre la parole pour la première fois devant cette enceinte peu après qu'un Etat membre ait déclenché la procédure de sortie de l'Union européenne", a-t-il déclaré devant les eurodéputés quelques jours après l'activation par le Royaume-Uni de l'article 50 du Traité de Lisbonne.
L'ancien ministre social-démocrate des Affaires étrangères s'exprimait pour la première fois à l'étranger depuis son élection, le 12 février dernier, à la présidence de son pays, une fonction essentiellement honorifique. Le choix du Parlement européen pour ce premier discours a manifestement revêtu une dimension symbolique à l'heure où l'UE est confrontée à de multiples crises et à de profondes divisions internes.
"Il est irresponsable de dire qu'un seul pays pourrait s'en sortir mieux, mieux faire entendre sa voix ou mieux défendre ses intérêts sans l'Union européenne", a estimé M. Steinmeier en mettant en garde contre "les populismes qui dépeignent le monde en noir et blanc et profitent des peurs, prospérant sur ce terreau", dans une "époque marquée par de plus en plus de forces centrifuges, manipulées par des prophètes de l'Apocalypse de plus en plus nombreux".
L'ancien chef de la diplomatie allemande a appelé à "construire des ponts" plut?t que de céder à la tentation de "se replier derrière le verre opaque de la nation", au moment où "des fossés s'ouvrent" en Europe. "L'Europe n'a jamais été une promenade de santé. C'est un projet compliqué, qui nécessite des efforts, mais ils en valent la peine", a-t-il insisté.
"L'Union européenne est un précieux héritage que nous ne devons pas abandonner ou remettre aux opposants de l'Europe. Nous devons la conserver, la soigner et l' améliorer - ceci est notre devoir historique commun", a-t-il plaidé devant les eurodéputés. "Notre génération ne l'avait pas formulé de cette manière, mais pour nos enfants, pour nos petits-enfants, l'Europe est devenue une deuxième patrie et les jeunes savent depuis longtemps qu'il n'y a aucune contradiction entre aimer son pays et être Européen", a-t-il ajouté.
M. Steinmeier a également répondu à ceux qui accusent "l'Allemagne de se servir de l'Union européenne comme d'un outil pour arriver à ses fins" en affirmant qu'il s'agit d'un "malentendu". "Nous, les Allemands, nous voulons continuer de batir l'Europe, avec les grands et les petits, sur un pied d'égalité et avec les mêmes responsabilités", a-t-il déclaré. Et de renchérir : "Nous voulons être une Allemagne européenne".
Deux fois ministre des Affaires étrangères (2005-2009 et 2013-2017), Frank-Walter Steinmeier fut un très proche collaborateur de l'ancien chancelier Gerhard Schr?der. Pour son élection à la présidence, il a obtenu le soutien des chrétiens-démocrates de la CDU, le parti d'Angela Merkel, avec lequel le SPD est allié au sein de la coalition gouvernementale.