Dernière mise à jour à 14h00 le 31/03
Le record de distance pour un avion moyen-courrier que vient de battre un Airbus A321 Neo LR (LR pour long rayon d'avion) n'a pas été établi juste pour montrer de quoi l'appareil est capable, et il va sans doute ouvrir les portes à une nouvelle fa?on de voler, en confortant les ambitions d'Airbus de capter une partie du marché long-courrier avec des avions initialement con?us pour assurer des vols moyen-courriers. En cours de certification, l'A321 LR a effectué le 30 mars un vol sans escale entre Toulouse et les Seychelles (8 300 km ou 4 500 miles nautiques) en 10h50. Qui plus est, l'avion a volé dans des conditions similaires à un vol commercial, puisqu'il transportait en plus des onze techniciens et des cinq membres d'équipage, 165 mannequins, soit l'équivalent de la charge de 180 personnes à bord.
L'Airbus A321 Neo LR, équipé de deux moteurs franco-américains LEAP Safran-General Electric, est équipé d'un réservoir supplémentaire pour augmenter son rayon d'action ; l'installation de ce troisième réservoir lui permet ainsi de franchir des distances allant jusqu'à 7 400 kilomètres (ou 4 000 miles nautiques), et de relier ainsi l'Europe à la c?te Est américaine ou les émirats arabes Unis avec plus de 200 passagers à bord dans une configuration bi-classe et 240 dans une version mono-classe. Fort de ce résultat, l'avionneur européen avance également des liaisons comme Lisbonne-Recife au Brésil, Duba?-Beijing, Kuala Lumpur-Tokyo ou encore Singapour-Sydney qui n'étaient possibles jusqu'à aujourd'hui qu'avec des long-courriers.
Et c'est là justement que cet avion, qui doit obtenir sa certification au deuxième trimestre de cette année pour une entrée en service au quatrième trimestre, pourrait changer la donne : car combinée à des co?ts unitaires similaires, voire inférieurs à ceux des gros porteurs, cette capacité de l'Airbus A321 Neo LR à voler sur une plus longue distance permet d'envisager le développement de manière rentable de lignes long-courriers à faible flux de trafic, sans avoir besoin de recourir à des avions gros porteurs, et plus précisément de remplir des vols sans besoin de les alimenter par des passagers en correspondance comme c'est le cas pour les compagnies dites ? de réseau ? organisées autour de puissants systèmes de hubs, comme Air France ou Lufthansa, qui ont besoin de ces voyageurs pour remplir leurs gros avions. Ces vols de point-à-point sont aujourd'hui l'apanage des compagnies à bas co?ts long-courriers.
Aujourd'hui, pour des missions de 10 heures, on exploite des avions bi-couloir (ou long-courrier). L'A321 Neo LR va permettre de desservir des nouvelles destinations pour un moyen-courrier, d'ouvrir des marchés qui n'existaient pas jusque-là, et un moyen-courrier peut ouvrir des routes secondaires qui ne seraient pas exploitables avec un long-courrier. De quoi susciter l'intérêt autant des compagnies low-cost que des compagnies traditionnelles. Cet Airbus n'est pas le premier mono-couloir à effectuer des vols long-courriers, puisque les compagnies américaines utilisent depuis une dizaine d'années sur certaines routes transatlantiques des B757-200, un appareil qui avait été con?u initialement pour relier les états-Unis à Hawa? ou pour effectuer des vols entre la c?te Est et la c?te Ouest (? coast-to-coast ?). Mais cet exploit de l'A321 Neo LR risque aussi de damer le pion au B737 MAX-10, créé pour contrer l'A321Neo, mais dont la version long-courrier n'est pas prévue avant les années 2024-2025.