Dernière mise à jour à 08h32 le 17/03
La prochaine visite en Chine du nouveau secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson vise à donner un élan positif aux relations entre la Chine et les Etats-Unis, selon des experts.
M. Tillerson a entamé mercredi sa première tournée en Asie qui l'amènera au Japon, en Corée du Sud et en Chine. Il sera à Beijing samedi afin d'évoquer avec des responsables chinois une série de questions bilatérales et multilatérales.
PREPARER UN PREMIER SOMMET XI-TRUMP
La première visite en Chine de M. Tillerson est très attendue alors que les deux parties finalisent les détails pour le premier sommet entre le président chinois Xi Jinping et son homologue américain Donald Trump. Selon les médias, le sommet devrait se tenir au début du mois d'avril.
Les deux parties devraient discuter des projets nucléaires et de missiles de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), ainsi que des questions commerciales et de la sécurité bilatérale.
"Cette visite est importante pour établir le ton, plut?t que la substance des relations entre la Chine et la nouvelle administration (Trump)", a déclaré à Xinhua Ted Carpenter, expert en défense et politique extérieure de l'Institut de Cato.
Un accord sur l'ordre du jour et l'agenda du sommet Xi-Trump nous permettra d'évaluer le succès de la visite de M. Tillerson, a commenté M. Carpenter.
Lors du sommet, les deux dirigeants devraient discuter des questions relatives à la RPDC, la mer de Chine méridionale et aux relations commerciales bilatérales, a-t-il ajouté.
"La visite devrait rapprocher les deux pays et leur permettre de déterminer la date et l'agenda pour le sommet des deux dirigeants", a déclaré à Xinhua Douglas Paal, vice-président des études de la Fondation Carnegie pour la paix internationale.
Selon M. Paal, les deux dirigeants pourraient demander à leurs ministres de tenir un forum de suivi des dialogues, tels que le Dialogue stratégique et économique, une réunion annuelle organisée entre ministres sous l'administration Obama.
LA QUESTION DE LA RPDC
La visite de M. Tillerson survient au moment où la crise sur la péninsule coréenne s'aggrave à cause des derniers tirs d'essai de missiles menés par la RPDC, en réaction aux manoeuvres Séoul-Washington, et au déploiement controversé du système antimissile THAAD en Corée du Sud.
Etant donné la complexité de la crise, les experts sont prudents sur tout progrès sur ce dossier pendant la visite de M. Tillerson.
Selon M. Carpenter, les Etats-Unis et la Corée du Sud ne devraient pas reporter le déploiement du système THAAD.
"Les dirigeants américains sont préoccupés par le fait que les élections sud-coréennes pourraient mettre en place un président opposé au THAAD, mais à moins que cela ne se produise, le déploiement se poursuivra", a indiqué M. Carpenter, en référence aux prochaines élections sud-coréennes suite à la destitution de la présidente Park Geun-hye.
M. Paal n'attend aucun accord sur la question de la RPDC pendant la visite de M. Tillerson à Bejing, puisqu'il n'y a "aucune solution facile".
Les Etats-Unis examinent la politique concernée mais manquent de personnel pour mener un examen plus approfondi. Avec le changement d'administration en cours, la Corée du Sud n'est pas prête à prendre de nouvelles initiatives, a affirmé M. Paal.
Cependant, si la question coréenne peut rassembler la Chine et les Etats-Unis, elle aidera certainement M. Trump à comprendre l'importance de la Chine dans la résolution des défis mondiaux, a-t-il ajouté.
DONNER UN BON ELAN
La visite de M. Tillerson en Chine doit encourager l'élan déjà positif des relations entre la Chine et les Etats-Unis après des débuts difficiles suite à la victoire de M. Trump lors de l'élection présidentielle américaine en novembre dernier, selon les experts.
Avant cette visite, le département d'Etat américain a émis un signal positif, en affirmant que Washington entendait poursuivre "une relation plus constructive avec la Chine" et cherchait des domaines pour élargir la coopération bilatérale.
En effet, cette visite aidera à dissiper le nuage pesant sur les liens bilatéraux en raison de la rhétorique de M. Trump, pendant et après sa campagne, peu favorable à la Chine. Le nouveau président américain avait en outre irrité Beijing en téléphonant au dirigeant de Ta?wan, ?le considérée par la Chine comme une partie intégrante de son territoire, et affirmant que la politique d'une seule Chine ferait l'objet de négociations.
Mais des signes positifs ont suivi, surtout après la conversation téléphonique entre les présidents Xi et Trump en février dernier, au cours de laquelle M. Trump s'est engagé à honorer la politique d'une seule Chine.
Cet engagement a permis d'éliminer l'obstacle majeur aux relations entre les deux pays, qui aurait pu se transformer en une crise sans précédent dans les dernières décennies, ébranlant les fondements des relations sino-américaines.
Suite à cette conversation téléphonique, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a rencontré le 17 février pour la première fois M. Tillerson en Allemagne. Une rencontre suivie par le premier déplacement aux Etats-Unis du conseiller d'Etat chinois Yang Jiechi, qui a rencontré M. Trump et ses principaux adjoints à la Maison Blanche.
L'administration Trump n'a jusqu'à présent adopté aucune mesure agressive contre la Chine par rapport à sa monnaie, au commerce et aux questions relatives à la mer de Chine méridionale.
Commentant ces signes positifs, M. Paal a estimé qu'il était maintenant "plus optimiste" quant aux liens sino-américains qu'à la suite de l'investiture de M. Trump le 20 janvier dernier.
"Je félicite les diplomates chinois qui ont fait preuve d'énergie et de souplesse pour traverser la période de transition de M. Trump, pendant laquelle la plupart des liens officiels ne fonctionnent que partiellement", a-t-il dit.
Avec la visite de M. Tillerson, la Chine et les Etats-Unis devraient envoyer des messages appelant à la retenue sur la péninsule coréenne, et sur d'autres problèmes majeurs dans la région, a-t-il ajouté.
Pourtant, des difficultés subsistent sur les questions commerciale, monétaire et sécuritaire, des dossiers auxquels s'intéresse l'administration Trump, qui pr?ne une réduction de son déficit commercial envers la Chine et une relocalisation des emplois aux Etats-Unis.
M. Paal a déclaré que, pendant la visite de M. Tillerson, les deux parties seraient susceptibles de consacrer beaucoup de temps aux préoccupations économiques de l'administration Trump.
Au cours de la campagne présidentielle, M. Trump a promis d'imposer des taxes élevées sur les importations chinoises, d'exercer une forte pression sur la Chine pour qu'elle change sa politique monétaire et d'insister sur une protection accrue de la propriété intellectuelle.
"Mais nous n'avons toujours pas entendu une présentation complète des stratégies mondiale, régionale ou sur la Chine de la nouvelle administration, il peut y avoir des surprises, en particulier sur le commerce et l'économie", a déclaré M. Paal.
Selon M. Carpenter, bien que M. Trump ait cédé sur un certain nombre de positions de politique étrangère prises pendant la campagne, "il y aura des difficultés et des tensions entre Beijing et Washington à l'avenir, en particulier en ce qui concerne les pratiques commerciales".