Dernière mise à jour à 08h32 le 21/10
"Ma famille est liée à la Chine à tous points de vue... Ca fait partie de notre ADN", résume Stephen Perry en se rappelant avec émotion la longue histoire que cette famille britannique entretient avec ce pays lointain d'Asie de l'Est.
Avec son père Jack, Stephen fait partie d'un petit groupe de personnes qui ont joué un r?le pionnier en matière de relations commerciales entre la Chine et le reste du monde. Il a maintenant pris la succession de Jack à la tête du Club du Groupe des 48, un réseau d'affaires britannique indépendant promouvant les liens avec la Chine.
UN GROUPE DE PIONNIERS
En 1953, un groupe de gens clairvoyants de la communauté d'affaires britannique a surmonté les obstacles les uns après les autres et a fait un voyage mémorable en Chine, établissant ainsi des relations commerciales mutuellement bénéfiques.
Jack Perry était l'un de ces pionniers.
"Mon père avait rencontré Ji Chaoding, le représentant du Premier ministre (d'alors chinois) Zhou Enlai, à l'Université de Cambridge en 1952", se souvient Stephen Perry dans un entretien à Xinhua. A l'époque, les représentants chinois "nous ont dit qu'ils avaient besoin de notre aide pour rouvrir le commerce".
Après cette rencontre à Cambridge, "mon père est rentré à la maison et a commencé à étudier la Chine. En fin de compte, il s'est dit (...) que c'était une occasion unique dans sa vie de faire quelque chose de différent", se souvient son fils.
Un an plus tard, Jack Perry et quelques autres Occidentaux décident donc de se rendre en Chine pour y discuter de commerce. "Ils se sont baptisés plus tard le Groupe des 48", précise Stephen Perry.
Ce voyage en Chine a été difficile. Il leur a fallu sept jours pour se rendre à Hong Kong, les Américains "essayant à tout prix d'empêcher les gens d'aller en Chine". Le groupe a ensuite mis trois jours pour se rendre à Beijing.
Mais tandis que l'entreprise familiale grandissait, ses liens avec l'Occident se sont distendus. Beaucoup de gens les mena?aient et les journaux locaux ont même qualifié Jack et ses collègues de "communistes rouges".
"Ca n'a pas été facile pour moi quand j'étais écolier d'entendre tous ces gens parler de ma famille", se souvient-il. "Ils pensaient qu'elle faisait quelque chose de mal et de sale avec les Chinois. Je ne comprends pas pourquoi ils pensaient ?a", regrette M. Perry. "On était isolés et beaucoup de gens nous tournaient le dos".
Stephen Perry se souvient d'un jeune Américain vivant dans la même rue qu'eux. "On a tout simplement adoré jouer ensemble, mais ses parents ne parlaient jamais avec les miens", dit-il.
Les liens outre-Atlantique ont également été rompus : leur entreprise s'est vue en effet interdire de commercer avec les Etats-Unis de 1956 à 1971.
Mais les Américains n'avaient sans doute jamais prévu qu'ils auraient un jour besoin de leur aide pour entrer en contact avec la Chine.
FACILITATEUR DU COMMERCE ENTRE LA CHINE ET L'OCCIDENT
En 1972, le président américain d'alors Richard Nixon a effectué une visite historique en Chine et le premier grand accord entre les deux pays a été réalisé grace à l'aide du Club du Groupe 48. En ce sens, la famille Perry peut elle aussi être créditée d'être un pionnier des relations commerciales sino-américaines.
"Ma première visite en Chine remonte à 1972. J'y suis allé parce que Nixon allait s'y rendre", raconte Stephen Perry. Les Américains "nous ont demandé de les aider à préparer de grandes transactions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine", indique-t-il, ajoutant que son premier travail a été d'aider à conclure des "accords pour briser la glace" entre les deux pays, un travail qu'il décrit comme "tout à fait passionnant et intéressant".
M. Perry a connu une Chine qui était assez différente de ce qu'il croyait.
"Les gens étaient très pauvres alors, mais ils essayaient de faire bonne impression devant des étrangers", se souvient-il.
"La Chine est un pays très agréable. Lors de mon retour en Grande-Bretagne, j'étais en train de tirer mes bagages sur le pont de Shenzhen à Hong Kong, quand je me suis retourné pour regarder ce vieux continent. Soudainement, j'ai pleuré. J'ai immédiatement compris que j'étais attiré par la Chine", confie Stephen Perry.
Depuis cette date, il s'est rendu à de nombreuses reprises en Chine, continuant d'aider à faciliter les relations commerciales entre la Chine et les Etats-Unis.
En 1977, la famille a notamment vendu 10.000 tonnes de polyester américain à la Chine. "J'ai eu de la chance de me faire une place dans l'histoire en contribuant à créer un lien entre la Chine et l'Amérique", se réjouit M. Perry.
LA LEGENDE DANS UNE NOUVELLE ERE
L'année 2008 voit la création de "The Young Icebreakers" (Jeunes brise-glace), un réseau créé dans le cadre du Club du Groupe des 48 et qui regroupe des jeunes chefs d'entreprise britanniques et chinois. Son but est de perpétuer l'héritage du Groupe des 48 grace à des échanges d'idées entre jeunes professionnels et de promouvoir les échanges entre les deux pays.
Le fils de Stephen, Jack Jr, baptisé du nom de son grand-père, est bien entendu membre des Jeunes brise-glace.
Ces derniers ont suivi l'ex-Premier ministre chinois Wen Jiabao lors de sa visite en 2006 au Royaume-Uni. Lors d'une rencontre avec eux à Londres en janvier 2009, M. Wen a déclaré que les Jeunes brise-glace incarnaient un esprit désireux de forger une coopération amicale à long terme, mais aussi une force motrice voulant parvenir à un partenariat stratégique global entre la Chine et le Royaume-Uni.
Pour les jeunes des deux pays, c'est un devoir partagé de poursuivre et de développer des relations positives entre la Chine et le Royaume-Uni au XXIe siècle.
"Quand j'étais encore à l'université, mon père avait à coeur de perpétuer le Club du Groupe des 48. Il estimait qu'il fallait du sang neuf", se souvient M. Perry.
"Je pense que les Jeunes brise-glace peuvent aider les jeunes à comprendre la Chine, mais aussi les aider à se comprendre les uns les autres. Et aujourd'hui, c'est un groupe très solide", assure-t-il.
UNE DECENNIE EN OR
Aujourd'hui, Stephen Perry estime que le Royaume-Uni a besoin d'investissements chinois dans les infrastructures et dans d'autres domaines. "Ils sont très importants pour le Royaume-Uni", dit-il.
Par ailleurs, M. Perry exhorte la Chine à faire progresser l'internationalisation du renminbi (RMB) et son initiative "la Ceinture et la Route", ajoutant que le Royaume-Uni "pouvait être très utile" pour la Chine à cet égard.
"Cela pourrait vraiment être une année en or tant pour le Royaume-Uni que pour la Chine", avait lancé en début d'année le Premier ministre britannique David Cameron. "Travaillons ensemble pour faire du Royaume-Uni le meilleur partenaire de la Chine en Occident (...) Batissons une décennie en or pour nos deux pays", avait renchéri le ministre britannique des Finances, George Osborne, dans un discours prononcé à la Bourse de Shanghai le mois dernier.
Cependant, M. Perry observe que le niveau de cet "or" dépendra du niveau de compréhension des Britanniques de la Chine. "Il est très important pour les Britanniques de comprendre la Chine, y compris l'histoire du pays, ses politiques et sa législation", a-t-il dit.
Il a estimé que la visite du président chinois Xi Jinping au Royaume-Uni allait offrir une grande opportunité à ses compatriotes de mieux comprendre la Chine.