Dernière mise à jour à 10h42 le 11/03
Les jeunes burundais en général et les adolescents en particulier font face à une problématique d'accès à des informations "fiables et complètes" sur la santé sexuelle et reproductive (SSR), a déploré vendredi un responsable de la santé publique au Burundi.
Juma Ndereye, directeur du programme national de la santé et de la reproduction (PNSR) relevant du ministère de la Santé Publique et de la Lutte contre le Sida, dans une interview accordée vendredi à Xinhua au sujet de l'état des lieux sur la SSR des jeunes adolescents burundais, a précisé que ceux-ci se heurtent aussi à un manque d'accès aux services de la SSR.
Une enquête démographique et de santé (EDS) réalisée dans le pays en 2010, a montré que 65% de la population burundaise est en dessous de 25 ans, que 11% de jeunes filles adolescentes agées de 15 à 19 ans avaient déjà subi des grossesses "involontaires" ; tandis qu'en 2011, plus de 3.500 cas de grossesses non désirées ont été enregistrées dans les écoles primaires et secondaires.
Les jeunes sont également victimes des infections sexuellement transmissibles (IST) dont le VIH-Sida, des violences sexuelles basées sur le genre (VSBG) et des avortements clandestins, a-t-il expliqué.
C'est une situation "gravissime" pour la jeunesse burundaise, a insisté Dr Ndereye avant de recommander l'impérieuse nécessité de faire accéder aux jeunes adolescents toutes les informations sur leur santé sexuelle et reproductive.
Pour lui, ce déficit d'informations des jeunes burundais sur la SSR, s'explique aussi par la difficulté de gérer la transition portant sur le passage de la structure de la société traditionnelle burundaise avec toutes les valeurs qui la sous-tendent, vers une société moderne véhiculant certes des "innovations porteuses de progrès au niveau technologique, mais de certains comportements déviants ou pervers au niveau des moeurs".
Là où le bat blesse, a-t-il laissé entendre, c'est que les burundais contemporains n'ont pas encore les moyens requis pour s'accommoder à cette société moderne, tout en étant accrochés aux bonnes valeurs "comportementales" léguées par leurs ancêtres.
Cette situation, a-t-il explicité, fait que les jeunes adolescents burundais soient "débordés et envahies" aujourd'hui via des réseaux sociaux et les médias télévisuels, par un afflux d'informations non validées en rapport avec la question sexuelle, à travers des actions "déviantes" en rapport avec la dépravation de bonnes m?urs telles que l'incitation à la débauche bonnes moeurs.
L'ultime solution, a-t-il recommandé, c'est que les parents burundais "se remettent en cause" en rectifiant le tir au niveau de la communication avec leurs enfants sur la question sexuelle "en brisant le silence" longtemps entretenu sur le sujet, afin de promouvoir pour les présentes et futures générations, une santé sexuelle et reproductive "saine" où la responsabilité des faits et gestes, serait le leitmotiv.
A ses yeux, pour donner un coup d'accélérateur à ce processus de changement comportemental chez les jeunes adolescents burundais en matière de SSR, les confessions religieuses établies au Burundi devraient aussi apporter leur pierre à l'édifice, en sortant de leurs "balbutiements actuels".