L'ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva est apparu vendredi soir à un rassemblement politique à Sao Paulo, où il s'est exprimé en réaction à son arrestation dans le cadre d'une enquête pour corruption.

"S'ils veulent me battre, ils devront me confronter dans les rues. Ils pensent qu'ils peuvent me faire taire avec des persécutions et des dénonciations, mais ils ne savent pas que j'ai survécu à la faim", a déclaré M. Lula devant une vaste foule de partisans au syndicat des employés de banque de Sao Paulo.

"Je ne cherche pas la vengeance et je ne ressens aucune haine, mais je suis conscient de ce que je peux apporter à cette nation et de ce qu'ils veulent de moi. S'ils ont besoin de quelqu'un pour remonter le moral des troupes, je suis là", a-t-il ajouté, réaffirmant sa volonté d'effectuer une tournée dans le pays et de continuer la politique.

L'ancien président a rappelé les réalisations de son gouvernement, notamment l'augmentation du nombre d'étudiants noirs dans les universités et l'accroissement des revenus moyens des pauvres grace au programme d'aide sociale Bolsa Familia et à des augmentations du salaire minimum.

M. Lula a souligné qu'il avait été victime de nombreux préjugés en raison de ses origines modestes, mais que la présidente Dilma Rousseff, qui lui a succédé au pouvoir, faisait l'objet d'encore plus de préjugés en tant que femme. Mme Rousseff est la première femme présidente du Brésil.

Vendredi matin, l'ancien président, agé de 70 ans, avait été arrêté et conduit à un poste de la police fédérale pour témoigner dans le cadre d'une affaire de corruption. Les policiers ont fouillé la résidence de M. Lula à Sao Paulo ainsi que l'Institut Lula, une organisation à but non lucratif fondée après que l'ancien président a quitté le pouvoir.

S'exprimant lors d'une conférence de presse après avoir été interrogé par les enquêteurs fédéraux pendant trois heures à l'aéroport Congonhas de Sao Paulo vendredi, M. Lula a indiqué qu'il s'était senti "offensé", mais que le soutien qu'il avait re?u l'avait encouragé à "continuer à se battre".

"J'ai eu l'impression d'être un prisonnier ce matin. J'ai traversé de nombreuses difficultés dans ma vie. Je ne suis pas du genre rancunier, mais notre pays ne peut pas continuer ainsi", a-t-il déclaré sur un ton de défi.

L'ancien président a indiqué à la presse qu'il avait déjà apporté volontairement son témoignage aux enquêteurs et qu'il aurait été heureux de témoigner de nouveau à leur demande.

Il a également accusé les enquêtes du procureur fédéral d'être infiltrées par les médias. "Les avocats ne sont au courant de rien, mais certains médias savent déjà certaines choses. Il est honteux qu'un organe du système de justice brésilien travaille en association avec la presse", a-t-il déploré.

Président de 2003 à 2010, M. Lula est souvent considéré comme l'homme politique le plus populaire de l'histoire du Brésil. Il reste l'une des figures politiques les plus influentes du Brésil même après avoir quitté le pouvoir.