Dernière mise à jour à 08h21 le 24/08
La Chine a fait preuve de bonne foi dans la résolution de son différend commercial avec les Etats-Unis. Alors que le vice-ministre du Commerce et représentant adjoint au commerce international de la Chine, Wang Shouwen, a accepté l'invitation américaine et dirigé une délégation sur place pour poursuivre les négociations, la balle est dans le camp de Washington pour que ce dialogue ne se transforme pas en un nouvel exercice futile.
La conversation bilatérale mérite d'être saluée alors que les deux plus grandes économies du monde sont revenues à la table des négociations après deux mois d'escalade dans leurs confrontations. Le fait qu'elle implique un désir mutuel de gérer les divergences actuelles et d'endiguer les débordements sur la croissance et la stabilité financière mondiales représente bien s?r une difficulté.
Mais il faut toujours être deux pour dialoguer. Tout résultat que pourrait engendrer ce cycle de négociations demande d'interagir en toute bonne foi et de se mettre à la place de l'autre partie. Ce n'est en aucun cas une voie à sens unique pour la Chine.
Bien que l'invitation américaine à la Chine ait montré que le pays était prêt à discuter, le coeur de "l'art de la négociation" repose plus dans la concession sincère que dans le marchandage forcé. L'approche par une pression maximale avec une logique tendant à imposer sa volonté par le chantage et une mentalité de jeu à somme nulle a déjà été infructueuse pour la Chine, et risque à nouveau d'engendrer une perspective sans gagnants.
De précédents pourparlers commerciaux entre les deux pays ont enseigné de nombreuses le?ons aux deux parties afin de contourner les malentendus et les mauvais jugements lorsqu'elles s'engageront dans cette opportunité de négociations acquise avec difficulté.
Parmi ces le?ons, on note que les Etats-Unis doivent mettre en application une approche plus raisonnable qui mette l'accent sur la compréhension mutuelle plus que sur une pression unilatérale. Tout résultat mutuellement acceptable de ce cycle de négociations dépendra des efforts consentis des deux c?tés, les deux parties devant chacune faire un pas vers l'autre.
Comme le dit le dicton, Rome ne s'est pas faite en un jour. Les différentes phases de développement en Chine et aux Etats-Unis expliquent que la résolution de problèmes tels que l'accès au marché ne soit pas réalisable du premier coup. Cependant, bon nombre des intérêts des deux pays sont partagés, et ils devraient donc faire preuve de plus de patience et chercher un terrain d'entente en mettant de c?té leurs différences.
Le succès des discussions demande également que soit établie une liste des problèmes prioritaires reconnue par les deux parties. La position de Washington demeure néanmoins obscure à ce sujet puisque les déclarations des autorités américaines telles que la Maison Blanche, le département du Trésor et le Bureau du représentant au commerce des Etats-Unis vont à l'encontre les unes des autres lorsqu'il s'agit de leurs priorités envers la Chine.
Comme l'a indiqué le président américain Donald Trump dans son livre sur la négociation, "l'important est que vous ne pouvez pas être trop gourmand". Les deux interlocuteurs doivent définir leurs principales préoccupations au cours de ces nouvelles négociations et élaborer une feuille de route, dans le but de trouver une voie de sortie à l'actuelle impasse et de se diriger vers une résolution finale des différends.
En outre, puisque la fiabilité est d'une importance sans égale dans les négociations, la partie américaine doit être prête à réitérer ses engagements plut?t que de les renier, si elle a vraiment l'intention de discuter. Tout fruit du dialogue sera encore une fois réduit à néant si Washington revient sur sa parole comme il l'a fait auparavant. La crédibilité pour un Etat équivaut au caractère pour un être humain, et il est dans l'intérêt du pays de tenir ses promesses envers les autres.
Tout en réfléchissant à sa stratégie commerciale, Washington ne peut pas ignorer les appels des industries américaines qui sont ou seront affectées par l'actuelle confrontation avec la Chine. Les avertissements sur les effets contre-productifs de la tactique des Etats-Unis, tels que la perturbation de la cha?ne d'approvisionnement globale, le handicap subi par le secteur privé américain et les atteintes aux intérêts des consommateurs, ont dominé l'actuel processus d'audience publique de six jours, qui sollicite les commentaires des acteurs commerciaux et industriels sur les droits de douane proposés contre les importations chinoises d'une valeur totale de 200 milliards de dollars.
En effet, la tactique tarifaire unilatérale n'a jamais abouti dans l'histoire des Etats-Unis. Les retombées d'un affrontement avec la deuxième plus grande économie du monde seront à tout point de vue plus dommageables que Washington ne pourrait l'imaginer.
Le remue-ménage et l'ultimatum soulevés aujourd'hui par Washington ne feront que réduire à néant la possibilité d'un dialogue productif. Les Etats-Unis doivent examiner rationnellement les relations commerciales sino-américaines, chercher une solution mutuellement bénéfique aux litiges à travers des négociations d'égal à égal avec la Chine, et préserver conjointement le système commercial multilatéral ouvert et basé sur les règles.