Dernière mise à jour à 08h23 le 23/11
Les récentes manoeuvres américaines en mer de Chine méridionale ont été menées au nom de la "liberté de navigation", dont les Etats-Unis affirment qu'elle est protégée par le droit international.
Mais un tel prétexte ne doit pas dissimuler le fait que ce sont les Etats-Unis qui abusent ouvertement de cette liberté de navigation, défiant et violant les lois internationales et sapant la paix et la stabilité dans la région, tout en mena?ant la souveraineté et les intérêts de sécurité de la Chine.
L'ironie veut que Washington ne cesse de défendre cet acte arbitraire en invoquant les lois internationales, alors qu'il n'a pourtant toujours pas ratifié la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (CNUDM), ce texte conclu en 1982 qui donne un cadre juridique aux mers et aux océans.
Le calcul derrière ces agissements est on ne peut plus clair : les Etats-Unis ne veulent pas être liés par un traité international, qu'ils qualifient d'imparfait, car en tant qu'unique superpuissance, ils contr?lent déjà des ressources maritimes tels que des gisements de gaz et de pétrole grace à leur puissance militaire.
Un autre aspect ironique est que l'Oncle Sam assure qu'il défend la liberté de navigation en mer de Chine méridionale en se fondant sur le droit international, tout en n'appliquant des règles définies que par lui seul. En effet, Washington a publié cette année un document expliquant que la première cible des Etats-Unis était "les revendications maritimes excessives définies par la partie américaine".
De plus, ces actes menés au nom de la défense de la liberté de navigation en vertu du droit international menacent les principes mêmes de ce droit.
L'article 39 de la CNUDM stipule ainsi que les parties doivent s'abstenir "de recourir à la menace ou à l'emploi de la force contre la souveraineté, l'intégrité territoriale ou l'indépendance politique des Etats riverains". De tels agissements sont par ailleurs "contraires aux principes du droit international énoncés dans la Charte des Nations Unies".
Pourtant, cela n'a pas empêché les Etats-Unis de faire croiser deux navires de guerre ces dernières semaines en mer de Chine méridionale, dont l'un transportait le secrétaire américain de la Défense, Ashton Carter, dans le cadre d'opérations de "liberté de navigation", selon les termes du Pentagone.
Pire, le président américain Barack Obama s'est rendu mardi dernier à bord d'une frégate de la marine philippine, à la veille du sommet du forum de Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) à Manille. Cette provocation avait pour but de faire monter la température sur ce dossier lors du sommet, d'ordinaire consacré aux questions économiques.
"A ce stade, les Etats-Unis sont presque en train de s'inventer une excuse pour se projeter militairement dans la région -mer de Chine méridionale, mer de Chine orientale ou autre- afin de pouvoir justifier leur 'pivot vers l'Asie' et peut-être de créer un conflit là où il n'y en a pas", a estimé l'avocat américain Bruce Fein, spécialiste du droit international.
Il est souhaitable que Washington abandonne ses propres règles en matière de droit international et agisse comme une puissance responsable, plut?t que de semer le trouble en mer de Chine méridionale et de lancer de fausses contre-accusations.