Dernière mise à jour à 08h45 le 16/10
A dix jours de la date fixée pour le vote référendaire, les positions entre partisans du "Oui" et du "Non" deviennent de plus en plus tranchées, ce qui inquiète des observateurs de la politique congolaise qui appellent déjà à l'apaisement et au consensus.
Meeting de soutien par ici, meeting de protestation par-là, c'est le quotidien que vivent les congolais depuis l'ouverture, le 9 octobre, de la compagne référendaire qui s'achève le 23 octobre à minuit.
A Brazzaville, les acteurs des camps opposés multiplient des stratégies pour convaincre ou faire adhérer le plus grand nombre des citoyens à leur opinion.
Guéguerre pour le "Oui" et le "Non"
En effet, si du c?té de la Majorité présidentielle réunie au sein d'une plate-forme appelée les Partis du consensus de Sibiti (PCS), tout semble déjà gagné, selon leurs animateurs qui se disent assurée de voir le "Oui" l'emporter sur le "Non" le 25 octobre, l'opposition quant à elle assimile le référendum constitutionnel à un stratagème du pouvoir pour favoriser l'actuel président à demeurer plus longtemps au pouvoir après 32 ans de règne, avec une parenthèse de cinq ans (1992-1997).
"La constitution du 20 janvier 2002 pose problème d'où la nécessité de son changement afin de mieux l'adapter au contexte politique, économique, sociale et culture de l'heure ", estime Euloge Landry Kolélas qui dirige l'aile du Mcddi (Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral) favorable au changement de l'acte fondamental.
Le tenants de cette opinion battent en brèche l'argument de l'opposition congolaise qui évoque un passage en force du président où un "coup d'état constitutionnel".
A l'occasion d'un meeting populaire organisé le 10 octobre au boulevard Alfred Raoul, à Brazzaville, différents orateurs qui se sont succédé à la tribune ont argué que l'idée du changement émane du peuple souverain.
" L'idée de changer la constitution n'est pas partie du président de la République. Elle est une volonté des forces vives du Congo qui l'ont réclamé au chef de l'Etat à diverses occasions qu'ils l'ont rencontré ", indiquait le président le coordonnateur du PCS, en même temps premier secrétaire du Parti congolais du travail qui incarne la majorité présidentielle.
Selon lui, le vote d'un "Oui" massif envisagé s'inscrit dans la continuité de la construction et le développement du Congo.
" Allez voter le " Oui " le 25 octobre, a lancé le 13 octobre à Djambala le président de l'UDF (Union des forces démocratiques), Josué Rodrigue Ngouonimba, soulignant que " la nouvelle constitution permettra au président Sassou N'Guesso de conduire le pays vers des horizons nouveaux".
L'opposition quant à elle regroupée au sein de l'IDC et du FROCAD n'entend favoriser la tenue du référendum. A travers meeting et descentes, tant à Brazzaville qu'à l'intérieur du pays, elle tente de mobiliser partisans et sympathisants à barrer la voie au " coup d'état " constitutionnel.
Dans cette optique, ces deux plates-formes de l'opposition entendent exprimer leur grogne par une marche, le 20 octobre, afin de contraindre le président à s'abstenir à toute idée de changer la constitution par le biais d'un référendum.
Ancien chef rebelle converti en homme politique, Frédéric Ntumi Bintsamou qui s'est exprimé contre le référendum a exprimé clairement sa position le 8 octobre.
" Nous ne sommes pas pour le référendum et donc contre le changement de la Constitution ", avait-il déclaré au cours d'une conférence de presse.
Appels à l'apaisement et à la non-violence
La pression qui semble montée dans les deux camps opposés interpelle un troisième courant dit des "modérés". Constitué des partis qui se réclament être de l'opposition républicaine, des associations politiques, mais aussi des confessions religieuses, les tenants de ce courant multiplient des appels à l'apaisement, à la non-violence et au ressaisissement des acteurs politiques.
La Convention des partis de l'opposition républicaine (plate-forme regroupant une vingtaine de partis politiques de l'opposition dite modérée) a appelé jeudi à Brazzaville, les Congolais à voter "oui" au référendum constitutionnel du 25 octobre prochain.
"Les partis de l'opposition républicaine majoritairement appellent une participation au référendum et appellent à voter le texte constitutionnel proposé par le gouvernement", a déclaré au cours d'une conférence de presse, le coordonnateur de la Convention des partis de l'opposition républicaine, Nicéphore Fylla De Saint Eudes.
"Le boycott fait toujours le jeu du pouvoir", a-t-il souligné, précisant que l'analyse du projet de Constitution par les partis politiques composant l'opposition républicaine fait ressortir certaines innovations, entre autres, l'institution d'un Premier ministre, le renforcement du prestige et de l'autorité du parlement, le renforcement de la décentralisation, l'abolition de la peine de mort, l'institutionnalisation du leadership de l'opposition et du dialogue politique.
Inquiet de l'extrémisme des déclarations des uns et des autres, le président de l'association "La Cha?ne", Joseph Kignoumbi Kia-Mboungou a, lors d'une conférence de presse, appelé les politiques d'épargner le Congo de toutes formes de violences.
Dans un message rendu public à Brazzaville, l'association congolaise d'amitié entre les peuples a quant à elle appelé les acteurs politiques à préserver la paix et la solidarité. Faisant allusion au référendum, source discorde de la classe politique, son président, Vital Balla a plaidé pour la paix, la concorde nationale et la solidarité.
Le même message de paix a été relayé par les évêques du Congo réunis au sein de la conférence épiscopale. S'adressant au peuple de Dieu et aux hommes de bonne volonté, l'église catholique demande de sauver la démocratie et sauvegarder la paix.