Dernière mise à jour à 11h53 le 09/07
Mexico a commencé cette semaine à distribuer environ 15.000 sifflets, dont la plupart aux femmes utilisant le système de métro, dans le but de réduire l'incidence de harcèlement sexuel.
Le programme, appelé "Vivre en sécurité", vise à aider les femmes à attirer l'attention de la police lorsqu'elles deviennent victimes de harcèlement ou ont peur qu'elles pourraient être harcelées.
Mardi matin, la ville a mis en place des stands à plusieurs stations de métro pour distribuer des sifflets.
Cette pratique a été accueillie avec des réactions mitigées et même la dérision de certains qui disent que la mesure ne fait pas assez pour protéger les femmes.
Une lycéenne nommée Esperanza Sosa a déclaré à Xinhua qu'elle trouvait les sifflets impraticables car ils seraient difficiles à utiliser lorsque les wagons étaient pleins, ce qui est sans doute le moment où ils seraient plus nécessaires.
"Je pense que l'intention est bonne, mais quand vous roulez dans la voiture pendant les heures de pointe, parfois, vous ne pouvez même pas bouger vos mains. Les choses se passent parfois très rapidement, et parfois les hommes passent très proche de vous", a expliqué Mlle Sosa.
Le système de métro de la ville a depuis des années prévu des wagons séparés pour les femmes et les enfants de moins de douze ans sur les lignes les plus occupées, bien que seulement les deux premiers/derniers véhicules sont réservés, de sorte que ceux qui ne sont pas arrivés à temps n'ont d'autre choix que de monter dans les autres voitures.
Lorsque le maire de Mexico, Miguel Angel Mancera, a annoncé la campagne "Vivre en sécurité" début de juin, beaucoup de gens ont ridiculisé les "sifflets anti-harcèlement sexuel" comme une panacée dénuée de sens.
Sans se laisser décourager, M. Mancera a affirmé que les commentaires négatifs avaient aidé sa campagne à avoir une large couverture médiatique, même à l'étranger.
"Je pense que (la critique) a rendu la campagne beaucoup plus puissante (...) parce que tout le monde l'a découverte. Elle a été connue en Europe, aux Etats-Unis et dans tout le pays", a fait savoir M. Mancera.
Toutefois, il a ajouté que "nous devrons voir comment elle est efficace, elle doit être accompagnée par des protocoles de la police".
On a demandé aux femmes qui faisaient la queue mardi à remplir un questionnaire et elles pouvaient recevoir un sifflet avec une brochure sur son explication et obtenir les numéros de téléphone des services pertinents de la ville, tels que l'unité des crimes sexuels du bureau du procureur général local.
"Souffler le sifflet est la première étape pour demander de l'aide", a expliqué le gouvernement de la ville dans un communiqué. "Ensuite, vous pouvez déposer une plainte, dans le cas de harcèlement sexuel ou d'abus, et l'auteur doit être détenu et emmené à l'unité des crimes sexuels spécialisés du bureau du procureur général".
Selon la ville, le sifflet est juste l'une de plusieurs mesures visant à améliorer la sécurité des femmes en transit. Les fonctionnaires disent qu'ils ont également installé davantage de caméras de surveillance et des boutons de panique sur les autobus et dans d'autres espaces publics.
"Je pense que je me sens un peu plus s?re" avec un sifflet, a indiqué Mme Jimena Martinez, lorsqu'elle attendait en rang.
"Même s'il y a des voitures spéciales pour les femmes, parfois il n'y a pas d'espace là-bas et vous devez rouler avec les hommes", a-t-elle expliqué.
En avril, un groupe de jeunes femmes vêtues de longues tuniques noires (semblables aux burqas portés dans certains pays islamiques) a protesté dans une station de métro contre le harcèlement sexuel, brandissant des pancartes sur lesquels on lisait "le métro est public, mon corps ne l'est pas".