Dernière mise à jour à 08h22 le 31/01
Des experts turcs estiment que le risque d'une confrontation entre les troupes turques et américaines en Syrie augmente.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a juré dimanche de nettoyer les miliciens kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) opérant à la frontière entre la Turquie et la Syrie, ce qui fait croire que l'offensive turque dans la région d'Afrin pourrait être étendue vers l'est jusqu'à la ville de Manbij où sont stationnées les forces spéciales américaines.
Le vice-Premier ministre et porte-parole du gouvernement turc, Bekir Bozdag, a déclaré lundi, le 10ème jour de l'opération "Rameau d'olivier" des troupes turques contre les Kurdes à Afrin, en Syrie, que les troupes américaines seraient ciblées si elles se mêlaient aux combattants kurdes.
Les combattants kurdes se sont alliés aux troupes américaines dans les batailles contre l'Etat islamique (EI).
"Un affrontement militaire entre la Turquie et les Etats-Unis en Syrie mettra fin à l'OTAN", a déclaré Ersan Sen, professeur de droit à l'Université Marmara d'Istanbul, lors d'un talk-show.
Il a souligné "un climat de frustration et de méfiance" entre la Turquie et les Etats-Unis qui ont bénéficié d'un "partenariat stratégique" à travers l'OTAN.
Seulement avec un succès de la Turquie, il peut y avoir une sorte de soulagement dans les relations turco-américaines, par un dialogue intensif, a-t-il soutenu.
Malgré l'appel des Etats-Unis à la Turquie pour limiter son opération militaire en Syrie, le président Erdogan a déclaré dimanche que la prochaine ville ciblée après l'enclave kurde d'Afrin sera Manbij.
"Nous allons débarrasser Manbij des terroristes, comme nous l'avions promis auparavant, nos combats continueront jusqu'à ce qu'aucun terroriste ne reste jusqu'à notre frontière avec l'Irak", a-t-il déclaré.
Dimanche, les troupes turques ont intensifié leur offensive, en prenant Barsaya Hill près de la ville frontalière d'Azaz.
La semaine dernière, le président américain Donald Trump a exhorté M. Erdogan à "désamorcer" l'attaque de ses forces en Syrie et à limiter l'incursion.
L'offensive turque a été lancée quelques jours après que le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson eut dévoilé une stratégie consistant à former une force frontalière composée de Kurdes en Syrie.
Certains experts estiment qu'un conflit plus important se profile si le président Erdogan décide d'envoyer ses troupes à Manbij.
Les Etats-Unis ont 2.000 soldats en Syrie aux c?tés de l'alliance kurdo-arabe. Plusieurs centaines d'entre eux sont déployés près de Manbij.
Pour Oytun Orhan, expert syrien du groupe de réflexion ORSAM basé à Ankara, "il y a peu de chance de voir une confrontation militaire entre la Turquie et les Etats-Unis. Mais si cela se produit, cela ruinera l'OTAN", a-t-il averti.