Dernière mise à jour à 08h27 le 17/04
La tension s'est accrue dramatiquement dans et autour de la péninsule coréenne après les menaces de Washington de frapper la République populaire démocratique de Corée (RPDC) si cette dernière venait à mener à nouveau des essais nucléaires ou de missiles balistiques.
Même si une confrontation militaire totale est peu probable dans un avenir proche, on peut s'alarmer de constater qu'il y a que peu de place pour résoudre pacifiquement cette impasse nucléaire dans laquelle se trouve l'Asie de l'Est.
Les Etats-Unis font tout pour prouver qu'ils ne bluffent pas lorsqu'ils avertissent Pyongyang que toutes les options, y compris militaires, "sont sur la table".
Washington dit avoir épuisé la "patience stratégique" qui prévalait depuis l'administration Obama et a accéléré le calendrier de déploiement de son bouclier antimissile THAAD en Corée du Sud en dépit de la ferme opposition de Beijing et Moscou.
Plus récemment, les autorités américaines, comme Donald Trump l'a rappelé mercredi sur Fox Business, ont envoyé un "puissant" groupe aéronaval près de la péninsule coréenne, faisant visiblement une démonstration de force.
Le tir la semaine dernière de près de 60 missiles Tomahawk sur une base aérienne syrienne est également vu comme un message adressé à Pyongyang selon lequel les Etats-Unis n'hésiteront pas à recourir à la force.
La RPDC, qui fêtait ce samedi le 105e anniversaire de la naissance de son fondateur Kim Il Sung, n'a pas hésité à répondre. L'état-major de l'Armée populaire de Corée (APC) a ainsi promis vendredi une réaction "sans pitié", via l'agence officielle KCNA, promettant de prendre "les contre-mesures les plus fortes" contre les Etats-Unis et leurs "vassaux".
Ces derniers mois, Pyongyang a procédé a plusieurs tests de missiles balistiques, ainsi qu'à celui d'un nouveau moteur de fusée. Les spéculations vont bon train sur la tenue d'un nouvel essai nucléaire, qui serait le sixième depuis 2006.
Si cet essai souterrain venait à être mené, la situation dans la péninsule s'aggraverait davantage et tout espoir de voir la diplomatie permettre de désamorcer l'une des questions les plus sensibles de la planète s'éroderait encore un peu plus, voire s'évanouirait. Pyongyang devrait donc y réfléchir à deux fois avant d'agir.
En ce qui concerne Washington, une action préemptive ne garantirait même pas la destruction totale des capacités nucléaires de la RPDC. De plus, elle pourrait entra?ner des représailles mortelles de la part de cette dernière, soit le prélude à une guerre totale dans la région.
Un grand compromis est plus que jamais nécessaire entre les deux parties en cette période critique de l'histoire. Le premier pas à faire serait de réduire la défiance réciproque.
Pour ce faire, il serait judicieux que Washington suspende ses menaces militaires et assure Pyongyang qu'il est désireux de négocier. Les Etats-Unis pourraient prouver concrètement que, comme leur secrétaire d'Etat Rex Tillerson l'a dit il y a peu en Russie, l'Amérique "n'est pas intéressée par un changement de régime" en RPDC.
La RPDC doit de son c?té prend un peu de recul et cesser immédiatement ses activités nucléaires et ses tests de missiles afin de laisser la place à la diplomatie.
Si l'on veut dénucléariser la péninsule coréenne, toutes les parties concernées n'ont à l'évidence pas d'autre choix que de faire chacune des compromis. Quand on le compare à celui de la guerre, le prix de la paix n'est jamais trop élevé.