Dernière mise à jour à 11h22 le 29/07
La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) et l'Initiative la Ceinture et la Route (ICR) se rejoignent pour doper le développement en Afrique à travers un renforcement de la coopération industrielle et la construction d'infrastructures, estime l'universitaire ivoirien Abdoulaye Bamba dans une interview récemment accordée à Xinhua.
Selon cet enseignant-chercheur qui est ma?tre de conférence en histoire des relations internationales à l'Université Félix Houphou?t-Boigny à Abidjan, "en termes de vision futuriste, ces deux projets se rejoignent et offrent d'énormes possibilités pour rendre compétitive l'économie africaine et faciliter le commerce et la coopération régionale".
La ZLECA, officiellement lancée par les chefs d'Etat africains le 7 juillet à Niamey (Niger), envisage de créer un espace commun qui faciliterait les échanges et, par ricochet, rendrait "compétitive" l'économie du continent, rappelle-t-il.
Elle se veut un marché continental unique des biens et services, avec une libre circulation des hommes d'affaires et des investissements, la suppression des droits de douane entre les pays membres et la création d'un marché de 1,2 milliard de personnes pour un produit intérieur brut (PIB) combiné de plus de 2.500 milliards de dollars.
Pour sa part, note M. Bamba, l'objectif de l'ICR est d'"établir un réseau d'infrastructures, des conditions financières et politiques qui faciliteront le commerce et la coopération régionale". Et en matière d'infrastructures, soutient-il, la Chine dispose de "technologies mondiales" et a fait montre de son "savoir-faire".
En C?te d'Ivoire, la Chine a réalisé le plus grand projet portuaire du pays avec l'extension et la modernisation du port d'Abidjan.
D'un co?t de 933 millions de dollars financé à 85% par un prêt de l'Eximbank chinoise et à 15% par l'Etat ivoirien avec des banques locales et régionales, le projet comprend l'élargissement et l'approfondissement du canal de Vridi, la construction de trois nouveaux postes à conteneurs et la construction d'un terminal roulier.
Avec les nouveaux terminaux, ce sont quelque 190.000 véhicules désormais débarqués au port d'Abidjan, sans compter le triplement de sa capacité qui passe à un débit de flux de 1,8 million de conteneurs contre 600.000 auparavant ou encore l'accostage des gros navires de plus de 150.000 tonnes avec un tirant d'eau de 16 mètres.
Désormais, l'étroitesse de l'entrée du canal et l'encombrement des quais de débarquement ne sont plus qu'un lointain souvenir.
La Chine a ainsi permis d'accro?tre le trafic du port, d'améliorer sa compétitivité régionale, de consolider et de renforcer son statut de leader et de hub maritime en Afrique de l'Ouest, mais également d'en faire un centre de navigation international.
Le projet témoigne certes de la grande ambition de la C?te d'Ivoire d'accéder au statut de pays émergent, mais également de l'excellence de la coopération sino-ivoirienne.
Pour M. Bamba, il ne fait aucun doute que, sur le plan commercial, les activités seront facilitées par l'émergence d'infrastructures, telles que le port d'Abidjan et d'autres connexions routières et ferroviaires, développées dans le cadre de l'ICR.
"Cela favorisera le raccordement de toutes les capitales africaines et de leurs économies", assure l'universitaire, relevant que sur le plan des relations commerciales, "seulement environ 16% des échanges se font entre pays africains contre 70% avec l'Europe et l'Asie".
Avec l'ICR qui se pose comme "un vecteur d'industrialisation et de transfert de savoir-faire et des technologies", la ZLECA peut permettre aux pays africains de "vraiment décoller et d'avoir des économies compétitives dans un monde globalisé", soutient-il.
"Mieux, les investissements chinois dans l'industrie, les infrastructures et l'agriculture constituent un moyen concret de surmonter la pauvreté et le sous-développement", souligne l'enseignant-chercheur, avant de conclure que l'ICR est "un nouveau modèle de politique internationale qui s'attaque à la principale lacune léguée par le colonialisme, à savoir le manque de développement en Afrique".