Dernière mise à jour à 09h24 le 29/07
La menace du président américain Donald Trump de taxer le vin fran?ais en représailles à la taxe fran?aise sur les géants du numérique, communément appelés GAFA, continue de secouer la France. Alors que les autorités tentent de faire baisser la tension tout en maintenant la taxe fran?aise, chercheurs et experts s'interrogent sur la sincérité de la menace du président américain.
Le ministre fran?ais de l'Economie, Bruno Le Maire, a expliqué samedi lors d'un point de presse que le but de la taxe fran?aise sur les géants du numérique est de "réduire l'injustice fiscale" sur les entreprises.
"Elle cible toutes les multinationales qui ont un chiffre d'affaires digital supérieur à 750 millions d'euros (environ 836 millions de dollars). Il n'y a aucune volonté de cibler spécifiquement des entreprises américaines", a indiqué M. Le Maire qui tente ainsi de désamorcer la polémique.
Le ministre de l'Economie a dit vouloir travailler avec les Etats-Unis pour adopter une taxation universelle des activités digitales afin de parvenir à un accord sur la question d'ici le prochain sommet du G7 des chefs d'Etat à Biarritz. "Dès qu'il y aura une décision internationale de taxation digitale, nous retirerons notre taxe nationale", a-t-il ajouté. Mais en attendant cet éventuel accord, la France appliquera sa loi adoptée le 11 juillet portant sur la taxation des géants du numérique et autres multinationales accusés d'évasion fiscale.
Toutefois, chercheurs et experts fran?ais s'interrogent sur la sincérité de Donald Trump à mettre à exécution sa menace de taxer le vin fran?ais en représailles à la taxe fran?aise sur les géants du numérique. André Kaspi, historien et spécialiste des Etats-Unis, fait plut?t un lien entre cette menace et la prochaine élection présidentielle américaine prévue dans 15 mois.
"On est dans une période où il est absolument indispensable de montrer aux électeurs que l'on défend les intérêts du pays et que, par conséquent, on est le champion de la nation américaine", a expliqué l'historien sur la cha?ne d'information LCI. Cette menace s'expliquerait donc par des enjeux de politique intérieure, M. Trump étant déjà officiellement en campagne pour sa réélection.
"C'est un tweet destiné aux électeurs américains à quelques mois des élections, et non à la France", a également analysé sur BFMTV Anthony Bellanger, consultant international. Le président américain n'en est d'ailleurs pas à son coup d'essai. Il avait déjà menacé en novembre dernier de taxer le vin fran?ais en représailles aux taxes infligées aux vins américains, et ses menaces de taxer l'industrie automobile européenne n'ont jamais été mises à exécution.
Cependant, certains spécialistes restent prudents et alertent déjà sur la méthode Trump. "Trump, c'est quelqu'un qui fonctionne surtout au rapport de force en montrant ses muscles, ensuite on essaye de négocier et de trouver des compromis. Là, c'est ?a l'idée", a prévenu sur BFMTV Thierry Vedel, politologue chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS).
On retrouve également des interrogations chez les viticulteurs, même si la majorité d'entre eux semblent moins inquiets par la menace brandie par M. Trump. "Ils aiment les vins qui sont riches, souvent boisés. Pas les petits vins. On imagine qu'ils achèteront moins. ?a serait complètement ridicule qu'ils augmentent les taxes", a réagi sur TF1 Fernand Baixas, viticulteur des Pyrénées-Orientales (sud).
Mais pour Pierre Dufort, régisseur de domaine en Provence-Alpes-C?te d'Azur (sud-est), il n'y a pas de quoi avoir peur. "Les déclarations de Trump ne nous inquiètent pas dans la mesure où nos vins sont déjà bien installés sur le marché américain, et c'est le consommateur qui décide", a-t-il expliqué sur BFMTV.
Selon les chiffres de la Fédération des exportateurs de vin et spiritueux de France (FEVS), les ventes à l'exportation du vin fran?ais ont progressé de 2,4% en 2018, soit à 13,2 milliards d'euros (environ 14,7 milliards de dollars).