Dernière mise à jour à 10h14 le 09/08
La Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA) a réaffirmé mercredi l'importance de la lutte contre les flux financiers illicites pour construire un avenir meilleur du continent africain.
L'appel a été lancé par la secrétaire exécutive de la CEA, Vera Songwe, qui a réitéré que la lutte contre la corruption, le blanchiment d'argent et l'évasion fiscale devrait être une priorité si les pays d'Afrique veulent financer leur transition vers le statut de pays à revenu intermédiaire et accro?tre la prospérité.
Selon la CEA, au cours des trois dernières décennies jusqu'en 2009, l'Afrique a perdu près de 1 400 milliards de dollars américains. De plus, les pertes par des voies autres que le commerce ont été estimées en moyenne à 27 milliards de dollars américains par an entre 2005 et 2014.
Le continent africain, sous la direction de l'Union africaine (UA), a suivi au plus haut niveau la question des flux financiers illicites, en nommant créant le Panel de haut niveau dirigé par l'ancien président sud-africain Thabo Mbeki, avec pour objectif d'engager activement les parties prenantes à freiner le flux de ressources dont le continent a tant besoin.
Selon le rapport du groupe d'experts de haut niveau dirigé par M. Mbeki, le continent perd entre 50 et 80 milliards de dollars américains par an en raison des flux financiers illicites.
La secrétaire exécutive de la CEA a appelé les gouvernements à prendre des mesures sur plusieurs fronts, et à s'engager notamment au niveau du leadership car c'est essentiel en terme d'impact. En tant que tels, les gouvernements devraient mener des enquêtes énergiques et poursuivre en justice les blanchisseurs d'argent et les entreprises qui pratiquent l'évasion fiscale.
L'ONU a estimé que le montant que l'Afrique perd à cause des flux financiers illicites s'élève environ au double de l'aide officielle au développement que l'Afrique re?oit, et dépasse également les 42 milliards de dollars américains que le continent a re?us à titre d'investissements directs étrangers (IDE) en 2017, selon la CEA.
"Pour un continent qui a besoin de ressources financières substantielles pour répondre à ses besoins de développement, nous devrions saluer le sens de la responsabilité de nos agences, le vérificateur général, le chef des services juridiques et les médias pour soutenir l'effort collectif", a déclaré mercredi la CEA en citant Vera Songwe.
"Mme Songwe a en outre demandé plus d'intégrité et de transparence parmi les dirigeants et les responsables des institutions publiques et privées, par le biais de déclarations de ressources et d'actifs, et a exhorté les pays africains à signer les traités internationaux sur les données fiscales afin de permettre l'échange d'informations", a ajouté la CEA dans sa déclaration.
"Les pays devraient également renforcer les capacités humaines et technologiques des organismes chargés de lutter contre les flux financiers illicites et instaurer le partage de l'information et la collaboration entre les organismes gouvernementaux et les ministères concernés ", a-t-elle dit.
La chef de la CEA a également salué les pays qui ont ratifié les initiatives mondiales et continentales existantes pour mettre fin aux flux financiers illicites.
Le Commissaire de l'Union africaine pour le commerce et l'industrie, Albert Muchanga, avait quant à lui révélé précédemment que l'Afrique perdait plus de 80 milliards de dollars américains par an à cause des flux financiers illicites, qu'il a qualifiés d'"obstacle à la transformation économique de l'Afrique".
M. Muchanga a notamment pointé du doigt la surfacturation et la mauvaise tarification pratiquées pour se soustraire aux imp?ts et éviter de déclarer des dividendes, ainsi que l'accumulation de tous les bénéfices de l'exploitation minière.