Dernière mise à jour à 13h13 le 11/04
Les Sud-Soudanais doivent recourir à des techniques extrêmes comme manger les feuilles des arbres pour éviter de mourir de faim même dans les régions où la famine n'a pas été déclarée, a dénoncé lundi une agence humanitaire.
Le Norwegian Refugee Council (NRC) a déclaré que les enfants et autres individus d'une communauté située à l'extérieur du comté d'Aweil Centre, dans le nord du pays, survivent en mangeant les feuilles d'arbres ou des graines.
La directrice pays du NRC au Soudan du Sud, Rehana Zawar, a expliqué que manger des aliments à peine comestibles est une stratégie de survie pour les communautés qui tentent de faire face à la crise alimentaire.
"Les feuilles amères mangées par les familles avec lesquelles nous nous sommes entretenus sont des feuilles de l'arbre appelé Lalop et leurs valeurs nutritionnelles sont limitées. Quand les familles mangent ces feuilles et quasiment rien d'autre, la malnutrition suit rapidement", a expliqué Mme Zawar dans un communiqué.
NRC a expliqué que ses équipes d'urgence sur le terrain sont venues en aide à plus de 100.000 personnes touchées par la crise alimentaire depuis que la famine a été déclarée dans certaines parties du pays.
D'après l'ONU, l'insécurité et le manque d'accès ont compliqué une situation déjà inquiétante : plus de 100.000 personnes sont menacées par la famine dans les régions où la situation de famine a été déclarée, et un million d'autres sont sur le point de conna?tre cette situation.
Il est également à craindre qu'au pic de la saison maigre en juillet, environ 5,5 millions de personnes ne se retrouvent en situation d'insécurité alimentaire dans le pays.
Par ailleurs, depuis décembre 2013, environ 3,4 millions de personnes ont d? quitter leurs villages, dont environ 1,5 million ont fui vers les pays voisins.
Le NRC a indiqué que la crise alimentaire avait frappé Amothic dans le comté d'Aweil Centre, soulignant que l'état de famine était déjà déclaré dans les comtés de Leer et de Mayendit au sud, et que les villages à l'extérieur d'Aweil arrivaient aussi à court de nourriture.
Les comtés composant la région anciennement connue comme l'état de Bahr el Ghazal Nord sont actuellement dans la phase de crise ou dans la phase d'urgence en termes de sécurité alimentaire, ce dernier stade étant celui qui précède immédiatement la famine. Cette région a déjà été un lieu de famine en 1998.
Selon Mme Zawar, les donateurs internationaux doivent apporter davantage de financements pour l'aide humanitaire au Soudan du Sud si l'on veut arrêter l'escalade de la famine et de la crise alimentaire.
"Nous avons une catastrophe qui se produit juste devant nos yeux, et c'est maintenant qu'il faut agir pour empêcher cette crise de se propager", a-t-elle dit.
L'agence humanitaire a précisé que la consommation de semences était particulièrement alarmante dans les régions où la famine a déjà frappées, car certaines familles mangent des nénuphars ou des semences.
"Sans semences à cultiver, les familles n'auront rien à planter pour la prochaine saison. Cela pourrait aggraver la crise alimentaire, et menacer de propager la famine à des régions adjacentes", a indiqué l'organisation caritative.
Dans une grande partie du pays, l'accès des ménages à la nourriture et à l'argent a décliné car le conflit a perturbé les plantations, les récoltes et d'autres activités de subsistance, selon le réseau d'experts en sécurité alimentaire, FEWSNet.
Des familles fuient la région en quête de nourriture, beaucoup traversant la frontière pour se rendre au Soudan. Plus de 35.000 Sud-Soudanais ont déjà traversé la frontière pour se réfugier au Soudan cette année, selon le HCR.
L'appel à l'aide pour le Soudan du Sud demande 1,6 milliard de dollars pour soutenir les populations dans le besoin. Jusqu'à présent, cet appel n'a été satisfait qu'à hauteur de 18%.