Interview de M. Abdoulaye Fall, ambassadeur de Sénégal en Chine

Le Quotidien du Peuple : Les 4-5 décembre prochain, le 2ème Sommet du Forum sur la Coopération sino-africaine s'est tenue à Johannesburg, ceci après le premier Sommet du Forum en 2006 à Beijing. En fait, au moment de la commémoration du 15ème anniversaire de la fondation du Forum, on se retrouve sur la terre de l'Afrique, vous trouvez que ce sommet joue quel r?le dans l'approfondissement de la coopération Chine-Afrique ?

Là, nous parlons de perspective, je vous ai dit en 15 ans, beaucoup de choses se sont passées, et déjà en 2006, on a qualifié cette relation de partenariat stratégique Chine-Afrique. Avec tout ce qui s'est fait avec l'élargissement de cette coopération pragmatique à d'autres domaines, il va sans doute suivre une amélioration du niveau, en tout cas de la qualification de ce partenariat. Parce que d'abord, les domaines sont élargis, ensuite, il y a certainement beaucoup plus d'engagements pour améliorer le niveau des relations qui était en partenariat stratégique. Puisque on va aborder des thèmes qui touchent la globalité. On pourra certainement s'acheminer vers un partenariat stratégique global, comme il s'agit de deux vieux amis qui renforcent la confiance, qui renforcent la coopération et qui veulent s'installer dans un partenariat de développement et de développement commun. Dans les fruits qu'on a partagé, c'était que nous avons assez de succès pour requalifier à la hausse, le partenariat entre la Chine et l'Afrique. Les priorités de l'Afrique sont définies à travers l'instrument actuellement stratégique qui est, dans la vision, l'agenda 2063. Nous voulons faire des efforts sur notre industrialisation, nous voulons faire des efforts sur la modernisation de notre agriculture, nous voulons faire des efforts sur la santé de notre population, nous voulons faire des efforts sur la capacitation de nos ressources humaines, nous voulons faire des efforts sur notre environnement et la stabilité, la paix qui devraient régner pour que le développement puisse se faire. Pourquoi l'industrialisation? Parce qu'également il nous faut apprendre du modèle chinois. La Chine en 30 ans a prouvé qu'on pouvait quitter des limités des zones pour un nouveau stade où on vise le moyen-aisance à travers l'ouverture et à travers l'industrialisation qui a commencé depuis son ouverture. Et c'est ce modèle qui est en train d'être expérimenté en Afrique. Nous pensons que si nous tirons les bonnes le?ons. Nous pouvons suivre cet exemple et ce que nous avons une jeunesse qui a besoin d'emplois, des secteurs de créateur d'emplois. Nous voulons l'agriculture. Pourquoi la modernité? Parce que nous voulons assurer la sécurité alimentaire de notre population à travers une ma?trise de toute la cha?ne de valeurs pour pouvoir bénéficier des fruits que nous produisons. En industrialisation également, il nous faudra capter les capacités que les Chinois ont déjà et les capacités qu'ils vont délocaliser vers l'Afrique. Pourquoi? Pour que nous puissions également profiter des fruits de la transformation de nos matières premières. Il ne faut pas simplement que nous limitions des échanges de matières premières. Donc il y a vraiment des choses intéressantes qui se préparent dans cette relation Chine-Afrique, notamment la transformation de simples échanges de matière première à une capacité dans la production pour qu'on puisse bénéficier des fruits et d'autres choses encore.

Le Quotidien du Peuple : En tant que pays membre du Forum, le Sénégal a renouvelé la relation diplomatique avec la Chine depuis 10 ans, et notre coopération a bien développé, particulièrement dans les infrastructures et les produits import-export. Alors, comment évaluez-vous le développement des relations bilatérales ? Il y a quels projets et secteurs importants dans la coopération de ces deux pays et quelle perspective dans l'avenir ?

Je dois avouer que nous avons établi nos relations diplomatiques depuis 1971, malheureusement elles sont rompues en mai 1995, mais le 25 octobre 2005 elles sont reprises. Dans cette période, beaucoup de choses ont été faites entre notre pays et la Chine. D'abord, la confiance politique. Depuis la reprise, les chefs d'état de Sénégal ont effectué 3 visites en Chine. La dernière visite, notre président actuel a visité la Chine en 2014. Un président chinois a visité la Sénégal en 2009. Le parlement du Sénégal a créé un groupe d'amitié. Le président du conseil constitutionnel est venu ici, le premier ministre du Sénégal a fait une visite en Chine. Le ministre des affaires étrangères a fait une visite au Sénégal en 2014. Au plus haut niveau des institutions, le dialogue est maintenu. Au niveau des échanges humains, il ne se passe plus d'une semaine, une délégation du Sénégal vient en Chine dans le cas de différents programmes que la Chine organise. Dans la coopération pragmatique, nous avons beaucoup de projets en cours financés par la Chine. Par exemple, les projets prioritaires du président, une importante autoroute d'une centaine km qui a trouvé son financement en Chine, nous avons des projets, des innovations, des infrastructures portuaires, des lignes de fer, du renouvellement des camions et du transport lourd ; au niveau de nouvelles technologies, nous avons installé dans une phase de numérisation de notre système, une télévision numérique avec une couverture du Sénégal. ?a s'est réalisé par Huawei. Nous nous acheminons très prochainement vers le quartier, là également les sociétés chinoises sont présentes. Les Chinois sont présents dans les ponts, les chaussés, au niveau de la coopération pragmatique, cela se développe très bien entre la Sénégal et la Chine. La coopération militaire, une coopération qui est là. L'année dernière, un navire chinois a fait escale au port. La coopération est relativement intéressante, mais notre souhait c'est de l'améliorer. Sénégal est en processus d'être industrialisé, le premier pas est en train d'aménager par une société chinoise, c'est Yagao. Beaucoup d'entreprises dans la région du Guangdong ont effectué une visite et des prestations au Sénégal. Nous espérons que l'année prochaine au moins une dizaine d'entreprises chinoises s'installeront au Sénégal.

Le Quotidien du Peuple : A ma connaissance, bien des Sénégalais travaillent et habitent dans les provinces du Sud de la Chine, par exemple à Yiwu, au Zhejiang, même ils restent au-delà de 10 ans en épousant des Chinoises. J'ai entendu que les amis africains aiment bien vivre en Chine. Quels sont votre avis et expérience ?

C'est vrai qu'il y a un certain nombre de Sénégalais qui vivent en Chine. Je les classe habituellement en quelques catégories. Il y a des personnalités diplomatiques, ceux qui appartiennent à de grands groupes internationaux, les étudiants qui profitent de bourses fournies par le gouvernement chinois, et enfin les travailleurs. Ces derniers sont beaucoup plus nombreux dans les villes du sud, essentiellement à Yiwu et à Guangzhou. C'est tant mieux de savoir qu'ils sont bien intégrés. Ils sont venus pour chercher du travail, et le travail leur sert à l'épanouissement personnel. Faire une famille avec des Chinoises, c'est vraiment une intégration parfaite. Vous savez que le Sénégal est un pays de tolérance, près de 95% de notre population sont des musulmans, mais également une société la?que, il y a aussi des chrétiens, protestants, tao?ste, etc. Il existe beaucoup de mariages mixtes chez nous. Il s'agit d'un métissage biologique et culturel. La compréhension des cultures différentes sert à améliorer la coopération et les échanges entre nos deux pays et nos peuples.

Le Quotidien du Peuple : Cette année, la Chine va finir le 12e Plan quinquennal et commencera le 13e Plan quinquennal qui comprend pas mal de nouveaux objectifs et nouvelles réformes. On a fait du travail pour expliquer ce nouveau plan aux diplomates étrangers à Beijing, donc portez-vous l'attention sur quel secteur du Plan, et est-ce qu'il y aura de nouvelles opportunités à l'amélioration de la coopération sino-africaine d'après vous ?

Ce qui est impressionnant en Chine, c'est que rien ne se fait au hasard. Tout a été planifié depuis longtemps. Au plan social, j'accorde de l'attention à la politique de l'enfant unique, et aux mesures sociales au profit des personnes agées; Au plan économique, la poursuite de la réforme obtient mon attention, à noter que l'idée de la Nouvelle Normalité pousse la Chine à se tourner vers des nouvelles technologies.