Dernière mise à jour à 08h44 le 03/12
Des responsables et experts africains ont appelé les pays développés à aider le continent africain, l'une des victimes les plus vulnérables du changement climatique, à lutter contre le réchauffement climatique en lui apportant un soutien financier et technologique.
Continent le plus pauvre du monde, l'Afrique figure également parmi les régions les plus touchées par le changement climatique.
UNE FORTE VULNERABILITE FACE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE
L'Afrique sera gravement "touchée par les effets du changement climatique", a estimé Olusola Olutayo-David, expert du changement climatique et PDG de la société Panache Concepts Integrated Nig. Ltd., basée à Lagos.
Les changements climatiques peuvent être provoqués par des phénomènes naturels et des activités humaines, dont l'augmentation des émissions des gaz à effet de serre tels que le CO2, a-t-il indiqué.
Bien que l'Afrique contribue très peu au réchauffement climatique, les conséquences socio-économiques du changement climatique n'épargnent aucun pays, a souligné le président nigérian Muhammadu Buhari lors d'un récent forum.
"L'Afrique sub-saharienne est très vulnérable au changement climatique, et nos recherches montrent qu'il peut avoir un impact à long terme sur tout, des retards de croissance des enfants au paludisme en passant par l'augmentation des prix des produits alimentaires et la sécheresse", a récemment noté le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim.
"La désertification s'aggrave en Afrique à mesure que la déforestation progresse. Bien que l'Afrique soit un petit pollueur du fait de son industrialisation limitée, elle subit les conséquences des forts niveaux de pollution des autres continents", a indiqué à Xinhua Munene Macharia, professeur de relations internationales à l'Université internationale américaine de Nairobi, au Kenya.
Le Nigeria est touché par les variations météorologiques extrêmes, les précipitations excessives, l'érosion, les inondations, la dégradation des sols, la désertification ou encore l'élévation du niveau de la mer, a déploré M. Buhari.
Selon lui, ces changements compromettent la survie des Nigérians ainsi que leurs conditions de vie et leur sécurité alimentaire.
Isabelle Kamariza, représentante rwandaise auprès du forum international de la jeunesse, a indiqué qu'avec 80% de sa population dépendant de l'agriculture, le Rwanda était particulièrement vulnérable aux effets du changement climatique et a beaucoup souffert ces dernières années en raison de l'aggravation des sécheresses et des inondations.
"Si les températures ne baissent pas, ce sera une catastrophe pour l'Afrique du Sud et l'Afrique, en particulier pour le secteur agricole", a estimé Albi Modise, porte-parole du ministère sud-africain de l'Eau et des Affaires environnementales.
LES PAYS DEVELOPPES APPELES A AIDER L'AFRIQUE
"L'Afrique du Sud se joint à d'autres pays africains en appelant les pays développés à payer pour les dommages résultant du changement climatique. Nous avons grandement besoin d'un soutien financier et technologique pour accélérer la transition vers l'économie verte", a déclaré M. Modise.
Le président sud-africain Jacob Zuma a appelé samedi les participants à la 21e Conférence des parties (COP21) à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) à Paris à conclure un accord juste et ambitieux juridiquement contraignant sur le changement climatique.
H?te des négociations à la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques de Durban en 2011, l'Afrique du Sud tient particulièrement à faire tout son possible pour garantir le succès de la conférence de Paris, a indiqué M. Zuma.
"Pour donner des résultats, le nouvel accord devra être équitable. L'équité suppose le respect des principes de responsabilités communes mais différenciées et de capacités respectives définis dans la Convention", a-t-il souligné.
Le président sud-africain a en outre appelé les pays développés à porter assistance aux pays en développement dans leurs efforts d'atténuation du réchauffement climatique.
"L'allocation de ressources financières, le transfert et le développement de technologies et le renforcement des capacités seront des éléments centraux de l'accord de Paris", a-t-il souligné.
"Le fait est que, sans moyens d'application adéquats, prévisibles et durables, il sera impossible d'atteindre notre objectif de limitation de la température", car les pays en développement ne peuvent pas réaliser seuls leur fort potentiel d'atténuation, a-t-il ajouté.
Dans une déclaration publiée mardi, le gouvernement rwandais a souhaité qu'un nouvel accord mondial juridiquement contraignant soit conclu au cours de la COP21, qui se tient du 30 novembre au 11 décembre à Paris.
"Le Rwanda enverra des représentants à Paris pour plaider pour plus d'action sur le changement climatique et de meilleures sources de financements pour les pays vulnérables. Nous allons également partager notre expérience dans la mise en ?uvre de programmes innovants de conservation de l'environnement, et travailler avec des partenaires internationaux pour mobiliser des ressources", a déclaré le ministre rwandais des Ressources naturelles Vincent Biruta.
Il a souligné que l'objectif ultime était de parvenir à un accord sur la lutte contre les effets du changement climatique et l'aide aux pays pauvres dans leurs efforts de riposte et d'adaptation au réchauffement de la planète.
"En tant que partie prenante à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, nous souhaitons que la Conférence de Paris aboutisse à un nouvel accord qui permettra à tous les pays de combattre efficacement le changement climatique et accélérera la transition vers des sociétés et des économies à faibles émissions de carbone", a déclaré M. Biruta.
"La suggestion que l'Afrique soit payée pour ne pas polluer est à double tranchant, car elle implique un retard de croissance économique et ferait du continent une éponge absorbant la pollution exportée", a pour sa part estimé M. Macharia.
Cependant, ce phénomène peut être atténué à travers l'utilisation intensive d'énergies propres dans les industries à hautes émissions afin de réduire la pollution mondiale, et les pays développés se doivent d'"aider l'Afrique à s'industrialiser avec des énergies propres et des systèmes de technologique avancée et écologiques", estime cet expert.
COOPERATION AVEC LA CHINE
En tant que plus grand pays en développement au monde, la Chine a exprimé l'espoir qu'"un accord puissant, ambitieux et juridiquement contraignant", fondé sur l'équité et les principes de responsabilités communes mais différenciées et de capacités respectives, soit conclu lors de la conférence de Paris .
Tout en préconisant des actions coordonnées pour lutter contre le réchauffement de la planète, la Chine a appelé les pays riches à respecter leurs engagements en matière de financement et de transfert de technologie pour aider les plus pauvres.
"Le changement climatique est un défi mondial auquel nul pays ne peut faire face par ses propres moyens. Les pays développés et les pays en développement ont des responsabilités historiques différentes face au changement climatique, ainsi que des besoins et des capacités de développement différents", a souligné le président chinois Xi Jinping dans une interview écrite accordée à Reuters en octobre dernier.
Ali Mohamed, haut conseiller à la présidence kenyane sur le changement climatique, a indiqué que le Kenya considère la Chine comme un partenaire stratégique dans la promotion du programme écologique et du développement durable dans le pays.
"Nous avons lancé un certain nombre d'accords bilatéraux avec la Chine qui mettent l'accent sur la durabilité de l'environnement, le commerce et le transfert de technologie. Le Kenya espère que la Chine l'aidera à mettre en ?uvre une stratégie nationale climatique avec l'adoption de technologies propres", a indiqué M. Mohamed à Xinhua.
Lors de la cérémonie de présentation du quatrième rapport annuel du géant de téléphonie mobile kenyan Safaricom sur le développement durable, M. Mohamed a indiqué que la Chine avait été une source d'expertise et d'innovations qui avait fait progresser le programme de développement vert du Kenya.
"La Chine est un fournisseur important de technologies solaires, des technologies qui ont été adoptées par les communautés locales dans le cadre de nos efforts pour réduire l'utilisation d'énergies à fortes émissions de carbone", a souligné M. Mohamed.
La coopération sino-kenyane sur l'environnement a mis l'accent sur le développement des capacités et le transfert de compétences pour améliorer la conservation des écosystèmes.
Selon M. Mohamed, les investissements chinois dans les énergies renouvelables et les infrastructures de transport moderne ont énormément contribué au programme de développement vert et à la réduction de la pauvreté au Kenya.
"La Chine a joué un r?le clé dans l'accélération de notre transition vers une énergie propre grace à des investissements dans des projets géothermiques de grande envergure. Un partenariat entre les entreprises chinoises et locales a facilité l'assemblage de panneaux solaires dans le pays", a indiqué M. Mohamed.
Il a ajouté que les projets d'infrastructure financés par la Chine tels que la construction d'un chemin de fer à écartement normal aideraient à réduire les émissions de carbone dans le secteur des transports.
Les défenseurs du développement vert au Kenya plaident pour une coopération solide avec la Chine afin de renforcer la lutte contre le changement climatique.
Wangari Maathai, présidente du mouvement de la Ceinture verte, a indiqué que la Chine avait revitalisé le programme de développement vert mondial grace au transfert de technologie et à la production massive de panneaux solaires.
"En tant que pays, nous avons l'occasion d'apprendre du modèle chinois qui vise à éliminer de notre consommation les combustibles fossiles responsables de l'augmentation des émissions de carbone, et de l'adapter à nos conditions nationales", a déclaré Mme Maathai.