Dernière mise à jour à 13h46 le 24/09
Le président de transition du Burkina Faso, Michel Kafando, qui avait été démis de ses fonctions par des militaires le 17 septembre, a été réinstallé dans son poste mercredi par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), a-t-on constaté sur place.
Dans son allocution, M. Kafando a rassuré les chefs d'Etat de la CEDEAO et tous les acteurs politiques que l'organisation d'élections démocratiques reste "l'objectif primordial".
"Nous restons déterminés à poursuivre cette exaltante mission", a-t-il déclaré.
Les élections présidentielles et législatives, initialement prévues pour le 11 octobre, va subir un "report de plusieurs semaines", a-t-il annoncé.
Les membres de son gouvernement, ainsi que le Conseil national de transition (CNT, Parlement intérimaire), ont aussi été réhabilités par la communauté régionale.
Au nom de la CEDEAO, le président béninois Yayi Boni a plaidé pour des élections inclusives, transparentes et équitables, souhaitant que la transition aille jusqu'au bout de ce pourquoi elle a été installée.
Lors de la cérémonie de réinstallation du président Kafando, le général de brigade Gilbert Diendéré, leader des putschistes, a reconnu que "le plus gros tort a été de faire ce putsch".
"Le plus gros tort a été de faire ce putsch parce qu'aujourd'hui lorsqu'on parle de démocratie, on ne peut pas se permettre encore de faire des actions de ce genre", a affirmé le général Diendéré, homme de confiance de l'ancien président Blaise Compaoré.
"Cela s'est passé compte tenu d'un certain nombre de raisons que nous avons évoquées dans notre déclaration à l'époque", a-t-il déclaré.
"Nous avons vu ce qui s'est passé, nous avons su que le peuple n'était pas favorable à cela, c'est pour cela que nous avons tout simplement abandonné. Je pense que nous avons tiré les le?ons", a-t-il dit.
"Personnellement, je n'ai pas peur. J'assumerai pleinement ma responsabilité. Je ne vais pas nier qu'il y a eu des morts lors de ces évènements et je répondrai éventuellement aux questions lorsqu'on me les posera", a promis le général putschiste.
"C'est des vies humaines perdues, je le reconnais", a-t-il ajouté.
Une dizaine de personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées dans la répression menée par les putschistes contre ceux qui manifestaient dans la rue contre le coup d'Etat, à moins d'un mois des élections générales.
La crise avait commencé le 16 septembre, date à laquelle, des éléments du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), ex-garde du président déchu Blaise Compaoré, ont séquestré le président Kafando, le Premier ministre Issac Zida (ancien No.2 du RSP) et les membres du gouvernement de transition.
Au nom de la CEDEAO, les présidents sénégalais Macky Sall et béninois Boni Yayi étaient venus à Ouagadougou pour des concertations et des négociations.
Mercredi, le chef d'état-major général des armées du Burkina Faso, le général Péguewendé Zagré, a appelé les populations au calme et à vaquer sereinement à leurs occupations, dans le cadre des préparatifs de la fête de Tabaski (A?d el Kébir), célébrée ce jeudi.
La population musulmane du Burkina Faso est entre 30 à 40%.
Les populations "peuvent faire tranquillement leurs préparatifs pour la célébration de la Tabaski", a rassuré le chef des armées.
Il a ajouté que les populations sont assurées que les Forces armées nationales et l'ensemble des Forces de défense et de sécurité ont déjà pris des dispositions pour qu'elles se déplacent en toute sécurité.
Me Bénéwendé Sankara, fervent opposant au régime Compaoré, a déclaré quelques minutes après la réinstallation du président Kafando, que "la résistance active reste maintenue jusqu'à la reddition et la dissolution" du RSP.
"Le mot d'ordre de la résistance active reste maintenu jusqu'à la reddition définitive et la dissolution effective du RSP", a écrit Me Sankara, par ailleurs président de l'Union pour la renaissance/Parti socialiste (UNIR/PS).
Il a appelé ses militants à rester "vigilants" et "plus mobilisés" derrière les autorités légitimes de transition.