Dernière mise à jour à 09h38 le 28/07
Le premier satellite astronomique à rayons X de la Chine, lancé à la mi-juin, devrait commencer ses fonctions d'observation régulière en novembre, et ses données seront accessibles aux scientifiques du monde entier, ont annoncé les principaux concepteurs du système de données du satellite.
Ce télescope d'observation des rayons X durs (Hard X-ray Modulation Telescope, HXMT) de 2,5 tonnes, baptisé "Insight", a transmis ses premières données à une station au sol durant son deuxième jour en orbite. Les données se sont avérées de bonne qualité, et le télescope a détecté un sursaut gamma dix jours après son lancement.
Le HXMT comporte trois détecteurs, à savoir le télescope à rayons X de haute énergie (high energy, HE), celui d'énergie moyenne (medium energy, ME) et celui de basse énergie (low energy, LE), couvrant une large bande d'énergie de 1 keV à 250 keV. Il aidera les scientifiques à mieux comprendre l'évolution des trous noirs, ainsi que les forts champs magnétiques et l'intérieur des pulsars.
"Nous achèverons le calibrage de tous les instruments au cours des cinq premiers mois en orbite avant le début des fonctions d'observation régulière d'Insight", a indiqué Song Liming, concepteur en chef adjoint du segment scientifique au sol du HXMT et scientifique à l'Institut de physique des hautes énergies (IPHE) dépendant de l'Académie des sciences de Chine (ASC).
L'année dernière, M. Song et son équipe ont sollicité des propositions d'observation des scientifiques à travers le pays et élaboré un plan d'observation annuel après avoir évalué 90 propositions de six instituts de l'ASC et de dix universités.
"Après le lancement des fonctions d'observation régulière, le télescope consacrera de 30% à 40% de sa première année à scanner le plan galactique, et le reste du temps à mener des observations pointées", a précisé Qu Jinlu, concepteur en chef adjoint du segment scientifique au sol du HXMT et scientifique à l'IPHE.
"Nous divisons le plan galactique en 19 zones. Le télescope passera plus de deux heures à scanner chaque zone, et il lui faudra environ deux jours pour tout finir, si nous ne comptons pas le temps nécessaire pour éviter le Soleil", a-t-il poursuivi.
Insight verra des éclats récurrents, voire périodiques, de sources connues et est doué pour la recherche de nouvelles sources transitoirement brillantes aux rayons X.
"Si le télescope détecte une nouvelle source, nous évaluerons immédiatement sa valeur scientifique pour décider si elle mérite une observation pointée", a expliqué M. Qu.
Selon M. Song, les experts ayant contribué au projet du HXMT, en Chine et à l'étranger, et ceux dont les propositions sont adoptées pourront accéder aux données et les utiliser de manière exclusive pendant un an, conformément aux pratiques internationales.
"Au bout d'un an, les données seront accessibles à tous. Même les collégiens pourront télécharger nos données, si cela les intéresse", a-t-il noté.
L'équipe de M. Song établira une base de données de calibrage et offrira plus de 300 produits de données.
"Nous traiterons les données originales en produits répondant aux normes internationales, afin de permettre aux scientifiques du monde entier de les analyser facilement pour obtenir des informations supplémentaires, telles que le spectre énergétique ou la courbe de lumière", a indiqué M. Song.
Avant d'intégrer le segment scientifique au sol, M. Song menait des recherches sur le rayonnement à haute énergie des pulsars. "Le plus grand défi pour moi était de passer d'utilisateur à concepteur", a-t-il ajouté.
M. Song, comme la plupart des astronomes chinois, dépendait des données fournies par des satellites étrangers dans ses recherches, mais n'avait jamais pensé à la manière de créer un système de données.
"Comment rendre nos données accessibles aux utilisateurs ? Quel type de produits offrir ? Nous ne savions rien lorsque nous avons commencé à établir le segment au sol", a-t-il noté.
M. Song et ses collègues sont allés à l'étranger pour apprendre en posant toutes sortes de questions "idiotes". Cependant, ils ont parfois d? trouver les réponses par eux-mêmes.
"Par exemple, nous ne savions pas d'où venaient les données de base des satellites étrangers, ce qui nous a obligé à étudier le problème depuis le tout début", a-t-il poursuivi. "Nous avons pu comprendre toute la structure et toutes les procédures détaillées durant la construction du segment scientifique au sol, ce qui est notre plus grande réussite et nous aidera à mieux soutenir les nouveaux satellites à l'avenir."