Dernière mise à jour à 15h25 le 17/12
Cela peut sembler de la science-fiction, mais c'est pourtant bien réel. Les cellules souches peuvent engendrer d'autres types de cellules du corps, mais elles ont une autre capacité étonnante -elles restent jeunes. Et c'est cette capacité de stimuler la durée de vie des souris et de rénover certains de leurs tissus que des chercheurs américains viennent d'exploiter avec succès. Ne rêvez pas, cette approche ne fonctionnera pas chez les humains, mais elle pourrait tout de même conduire à des fa?ons de garder notre corps vigoureux, même si nous vieillissons.
? C'est un beau travail ?, a expliqué Howard Chang, scientifique du génome à l'Ecole de Médecine de la Stanford University à Palo Alto, en Californie, qui n'a pas participé à la recherche. L'étude, a-t-il néanmoins ajouté, renforce l'idée que ? le vieillissement n'est pas seulement un processus passif. Nous pouvons intervenir pour changer le résultat ?. Comme nos cheveux et notre peau, nos chromosomes montrent notre age. Les chromosomes portent des attachements moléculaires, connus sous le nom de marques épigénétiques, qui aident à contr?ler le degré d'enroulement de l'ADN et la fa?on dont les gènes sont actifs. à mesure que nous vieillissons, les réseaux de ces marques changent, brouillant potentiellement les schémas précisément coordonnés de l'activité génétique qui maintiennent nos cellules fonctionnelles.
Ces modifications épigénétiques ne sont cependant pas permanentes. En activant quelques gènes normalement actifs uniquement dans les embryons, les chercheurs peuvent ? reprogrammer ? les cellules du corps adulte dans les cellules souches. Ce processus renvoie des marques épigénétiques à leurs cadres de jeunesse et semble même rajeunir les cellules agées. La manipulation a été opérée sur des souris transgéniques, c'est-à-dire des animaux dont le patrimoine génétique a été modifié, afin qu'elles possèdent ces quatre facteurs du rajeunissement et que ces derniers ne s'expriment uniquement lors de l'administration d'un antibiotique. Avec pour résultat que l'espérance de vie se ces souris est passée de 18 à 24 semaines. Les chercheurs sont même parvenus à leur attribuer de nouvelles qualités : les animaux agés qui étaient blessés ont récupéré beaucoup plus vite que des individus jeunes.
Mais une application sur l'homme n'est pas envisagée. Il est en effet impossible de créer des bébés transgéniques. La biologiste moléculaire Elizabeth Blackburn, prix Nobel de physiologie ou médecine en 2009 et présidente du Salk Institute, a expliqué ses réserves quant à une éventuelle application humaine : ? Il s'agit de recherche fondamentale, pas d'applications médicales. On parle de souris, pas d'hommes. Elles vivent quarante fois moins longtemps, donc les processus de vieillissement sont très différents. On ne rallongera pas pour autant notre durée de vie maximum. Au mieux, on évitera certaines maladies, ce qui n'est déjà pas si mal. Mais nous n'irons pas tous à 140 ans ?. Mais selon le Dr Juan Carlos Izpisua Belmont, qui a dirigé l'étude, cette technologie pourrait s'appliquer dans une certaine mesure à l'homme, comme à la peau, aux muscles ou au système cardio-vasculaire. Des crèmes ou des injections pourraient ainsi voir le jour ? d'ici une dizaine d'années ?.