Au moment où les "diplomates du climat" se retrouvent à Lima (Pérou) pour deux semaines de négociations, de nouvelles études mettent à nue l'impact des changements climatiques sur les Maliens.
Ainsi, dans ce pays, la pollution des cours d'eau maintient 300.000 familles agricoles dans la pauvreté chaque année. Le co?t de cette dégradation de la nature est estimé à 680 milliards F CFA (1,292 milliard de dollars), à en croire une récente étude du Projet Initiative pauvreté et environnement (IPE-Mali).
Selon cette étude dont la phase II a démarré le 25 novembre 2014, cette pollution est en partie liée à l'utilisation des pesticides, aux déchets industriels... Elle prive ainsi des familles paysannes non seulement des moyens de production (agriculture, élevage et pêche), mais porte également atteinte à leur capacité de production à cause de la famine et des maladies liées au changement de climat.
"En 2010-2011, nous avons presque perdu toutes notre production de pomme de terre à cause des pluies inhabituelles entre février et avril. Il ne pleut pas d' habitude à cette période de récolte de ce tubercule. Les pertes ont été énormes. Personnellement, j' ai récolté moins de cinq tonnes sur une prévision de dix tonnes. Certains paysans n' ont presque rien récolté et se sont retrouvés sérieusement endettés", se souvient Soungalo Bengaly, un paysan récemment rencontré dans la région de Sikasso.
A travers cette initiative (IPE-Mali), rappelle le ministre malien de l'Environnement, de l'Eau et de
l'Assainissement, le gouvernement malien ambitionne d'inverser cette tendance par la mise en ?uvre des mécanismes pour l' intégration de la "dimension environnementale" dans la planification des politiques nationales de développement.
"Les actions de l'IPE contribuent à la gestion durable de l'environnement des ressources naturelles pour la réduction de la pauvreté par une croissance économique durable", a précisé le ministre Abdoulaye Idrissa Ma?ga.
L'action de l' IPE-Mali s' inscrit en droite ligne du Cadre stratégique pour la croissance et la réduction de la pauvreté. Sa phase II (2015-2018) sera soutenue par le Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD) et le Programme des Nations unies pour l' Environnement (PNUE) à hauteur de près de 1,5 milliard de F CFA (2.850.000 dollars).
"Les changements climatiques constituent l' une des plus graves menaces pour l' Afrique, l'un des continents le plus vulnérables à leurs impacts. Sans que cela ne soit per?u, malheureusement, avec gravité par tous les acteurs politiques, scientifiques et techniques", a déclaré hier Cheickna Amady Seidina Diawara, le ministre malien de la Planification, au cours d' une conférence-débat.
Le ministre a surtout regretté que le corollaire de cette perception insuffisante de la gravité des changements climatiques est la prise en charge tardive de la problématique dans les politiques de développement.