Dernière mise à jour à 09h18 le 14/07
Les annonces de suppressions d'emplois, une des conséquences de l'épidémie de COVID-19, se multiplient en France en dépit des plans d'aide du gouvernement en faveur des entreprises. Une situation incompréhensible pour les salariés qui organisent la mobilisation.
L'épidémie de COVID-19 s'accompagne d'une vague de suppressions d'emplois annoncée en France. Du constructeur automobile Renault qui prévoit la suppression de 4.600 postes, à Airbus (15.000 suppressions de postes dont 5.000 en France), en passant par Sanofi (1.700 postes dont un millier en France) et Nokia (1233 postes). Tous les secteurs d'activité ou presque sont concernés par ces plans de restructuration massifs qui menacent des milliers d'emplois depuis l'épidémie de COVID-19.
Selon un suivi bimensuel du marché du travail durant la crise sanitaire publié le 8 juillet dernier, par la direction des études du ministère du travail (Dares), le nombre hebdomadaire de plans de sauvegarde de l'emploi (PSE) reste supérieur à celui de début mars : "24 plans la première semaine de juillet contre 11 pour la même période au mois de mars".
Le nombre de suppressions de postes envisagés dans le cadre d'un PSE continue ainsi d'augmenter, "deux fois plus que sur la même période en 2019", constate la Dares. D'après la même étude, 1.672 petits licenciements collectifs ont déjà été initiés depuis début mars dans les secteurs de la construction, du commerce etc.
Dans ses prévisions financières, élaborées dans un contexte de crise du COVID-19, et publiées le 18 juin dernier, l'Unédic (Association chargée de la gestion de l'assurance ch?mage) prévoit la destruction de 900.000 emplois salariés en fin 2020 par rapport à fin 2019. Ces pertes d'emplois conduiront selon l'Agence à une indemnisation supplémentaire par l'Assurance ch?mage de 630.000 demandeurs d'emploi, en fin d'année.
Ces licenciements à venir ont depuis suscité une incompréhension chez les salariés et syndicalistes qui organisent déjà la mobilisation.
Mercredi dernier, un millier de salariés de Nokia ont défilé à Paris pour protester contre la suppression de 1.233 emplois annoncée par la direction de l'équipementier télécoms finlandais. Le même jour, entre 7.000 et 8.000 salariés ont manifesté à Toulouse pour dire non aux suppressions d'emploi annoncée par l'avionneur, et qui menacent 5.000 postes en France.
Au rythme des annonces de suppressions d'emplois, les manifestations de salariés se multiplient. Les syndicalistes ne comprennent pas ces annonces alors que le gouvernement a injecté des milliards d'euros dans le cadre de son plan d'aide pour sauver les secteurs clef de l'économie.
Nokia, "a re?u 280 millions d'euros de crédit d'imp?t recherche, et aujourd'hui 61% de ces emplois, qui étaient pourtant subventionnés seront délocalisés au Canada, en Inde etc," a rappelé en marge du défilé parisien le secrétaire de la CGT Lannion, Benoit Dumont. Renault, Sanofi ou encore Air France ont bénéficié de l'aide publique.
Le gouvernement a annoncé le 9 juin un plan de plus de 15 milliards d'euros d'aides, d'investissements et de prêts et garanties pour la filière aéronautique durement touchée par la crise du COVID-19. Pour la filière automobile, le président Emmanuel Macron a annoncé plus de 8 milliards d'euros d'aides, investissements et prêts le 26 mai dernier.
Tous les secteurs d'activités touchés par la crise sanitaire ont bénéficié du soutien du gouvernement fran?ais. Le jeudi 9 juillet, l'Assemblée nationale a adopté un troisième projet de loi de finances rectificative qui prévoit 45 milliards d'euros supplémentaires pour appuyer les secteurs de l'automobile, de l'aéronautique ou encore du tourisme.
Le gouvernement a injecté au total 460 milliards d'euros d'aides, d'investissements, de prêts et de garanties depuis le début de la crise sanitaire, a indiqué le député LREM Laurent Saint-Martin, rapporteur du budget. Et face à ces annonces de suppressions d'emplois, l'Etat n'entend pas rester les bras croisés.
"Ces dossiers, nous les suivons de près. Aujourd'hui nous sommes à la man?uvre", a rassuré la nouvelle ministre déléguée à l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher, interpellée mercredi dernier à l'Assemblée nationale sur le sujet. La ministre qui a re?u le même jour la délégation de l'intersyndicale Nokia à l'issue de leur défilé parisien, a jugé le plan de restructuration de Nokia "inacceptable en l'état". "Nous sommes aux c?tés des salariés et des élus pour pousser l'entreprise dans ses retranchements", a twitté Mme Pannier-Runacher.
Quant aux syndicats, ils font désormais de la question de l'emploi (préservation et accès à l'emploi) la priorité, et ont à l'unanimité refusé de reprendre les discussions sur la réforme des retraites proposées par le nouveau gouvernement.