Le président américain Donald Trump a proposé aux constructeurs automobiles allemands d'éliminer tous les tarifs douaniers relatifs aux produits automobiles entre les Etats-Unis et l'Union européenne (UE), a rapporté mercredi soir le journal Handelsblatt.

Au cours d'une rencontre confidentielle organisée à Berlin, l'ambassadeur des Etats-Unis en Allemagne Richard Grenell a récemment informé Volkswagen, Daimler et BMW qu'il avait été chargé par M. Trump de trouver une solution au conflit commercial montant qui oppose les Etats-Unis à l'UE. Dans ce but, les Etats-Unis sont prêts à envisager une suppression mutuelle de tous les tarifs douaniers dans le domaine automobile, ainsi qu'une réduction de toutes les barrières non tarifaires liées à cette industrie, a-t-il affirmé.

L'industrie automobile a confirmé jeudi à Xinhua que cette rencontre à haut niveau avait bien eu lieu, mais a indiqué qu'aucun accord n'avait encore été conclu.

Le gouvernement fédéral allemand a été informé à l'avance par M. Grenell de cette rencontre et des propositions qui y ont été avancées. De fait, la chancelière allemande Angela Merkel et les principaux fabricants automobiles du pays ont déjà appelé à plusieurs reprises à une réduction mutuelle des tarifs douaniers, dans le but d'apaiser les tensions dans les relations transatlantiques et d'aider l'économie américaine à renforcer la compétitivité de ses exportations.

L'élimination pure et simple des tarifs douaniers dans le secteur automobile ne pourrait cependant se faire que selon les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), et dans le cadre d'un accord plus général sur la coopération industrielle entre les Etats-Unis et l'UE.

La proposition transmise par M. Grenell a marqué un changement de ton aussi significatif que surprenant de la part de la Maison Blanche, qui semble à présent soucieuse de trouver une solution à l'impasse actuelle entre Washington et Bruxelles dans le domaine du commerce.

Tout accord au sein de l'UE quant à une réduction mutuelle des tarifs douaniers avec les Etats-Unis nécessiterait cependant un consensus parmi les 27 membres du bloc. En dépit des réactions optimistes de l'industrie automobile allemande, un tel consensus risque cependant d'être difficile à atteindre au vu de la nature profondément chaotique de la politique étrangère de M. Trump, ou encore de son abandon soudain du Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement (TTIP) après de longues négociations entre les Etats-Unis et l'UE.

Le président fran?ais Emmanuel Macron a notamment critiqué le dédain apparent de M. Trump pour la coopération multilatérale, comme en atteste son attitude vis-à-vis de l'accord de Paris sur le climat, de l'accord sur le nucléaire iranien, ou encore des tarifs douaniers américains sur l'acier. Plut?t que d'offrir un nouvel accord industriel aux Etats-Unis, il a en conséquence appelé l'UE à rester ferme et à faire front commun contre les politiques unilatérales et le protectionnisme.

Au mois de mai, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE avaient déjà officiellement proposé à M. Trump de discuter d'un accord global de réduction des tarifs douaniers dans le domaine industriel, à la condition que le bloc européen soit définitivement dispensé des tarifs américains sur l'acier et l'aluminium. M. Trump avait rejeté cette offre, et avait même surenchéri en annon?ant sur Twitter qu'il renon?ait à soutenir une résolution de réduction mutuelle des tarifs douaniers obtenue de haute lutte pendant le sommet du G7.