Dernière mise à jour à 13h33 le 16/11
Un expert des droits de l'Homme des Nations Unies a accusé mardi des forces de sécurité américaines d'avoir fait un usage excessif de la force à l'encontre de manifestants qui tentaient d'arrêter un projet d'oléoduc qui traverse des terres sacrées pour des populations autochtones.
Selon le rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits à la liberté de réunion et d'association pacifiques, Maina Kiai, des représentants des forces de l'ordre, des sociétés de sécurité privées et la garde nationale de l'Etat américain du Dakota du Nord ont utilisé une force injustifiée pour traiter les opposants à l'oléoduc Dakota Access.
"Certaines des 400 personnes détenues pendant les manifestations ont subi "des conditions inhumaines et dégradantes en détention", a déclaré M. Kiai dans un communiqué.
Les manifestants affirment qu'ils ont fait face à des balles en caoutchouc, à des gaz lacrymogènes, à des grenades à compression et à des projectiles en sachet alors qu'ils exprimaient leurs inquiétudes vis-à-vis de l'impact environnemental du projet d'oléoduc et essayaient de protéger des cimetières et d'autres sites sacrés de la tribu Sioux Rock.
"Il s'agit d'une réponse troublante à des personnes qui prennent des mesures pour protéger les ressources naturelles et un territoire ancestral face à des activités lucratives", a-t-il noté. "L'utilisation excessive de l'appareil de sécurité d'Etat pour réprimer les manifestations contre des activités d'entreprises qui violeraient les droits de l'Homme est inacceptable et contraire aux Principes directeurs des Nations Unies sur les entreprises et les droits de l'Homme", a-t-il précisé.
"Les gens estiment que leurs préoccupations sont ignorées, et c'est leur droit d'organiser des réunions pacifiques pour que ces préoccupations puissent être entendues", a souligné M. Kai. "Les autorités ont l'obligation de protéger activement ce droit. Les droits des défenseurs du patrimoine culturel doivent être respectés et protégés", a-t-il ajouté.
Le rapporteur spécial a reconnu que certaines manifestations étaient devenues violentes, mais a souligné que la réponse devait être strictement proportionnée et ne pas affecter les manifestants pacifiques.
Le rapporteur spécial s'est dit préoccupé par l'ampleur des arrestations et des conditions de détention. "Le fait de marquer des personnes avec des numéros et de les détenir dans des cages surpeuplées, à même le sol en béton nu, sans recevoir de soins médicaux est un traitement inhumain et dégradant", a-t-il dit.
La construction de l'oléoduc s'est poursuivie malgré un appel lancé en septembre par le rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, Victoria Tauli-Corpuz, et d'autres experts pour son arrêt. L'oléoduc de 1.890 kilomètres, con?u pour transporter du pétrole brut vers une raffinerie près de Chicago, est construit par la société Energy Transfer et le Corps du génie de l'armée américaine.