Une récente série de remarques et de propositions des pays participant aux négociations sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne ont ravivé l'espoir que les pourparlers à six, dans l'impasse depuis longtemps, pourraient bient?t reprendre.
Néanmoins, les antécédents des pourparlers à six et l'existence de profonds différends entre certains pays suggèrent que des compromis plus importants seront nécessaires pour que les lueurs d'espoir ne s'éteignent pas.
LES POURPARLERS A SIX
Lancé en 2003, le mécanisme des pourparlers à six, qui regroupe la Chine, le Japon, la Russie, la Corée du Sud, les Etats-Unis et la République populaire démocratique de Corée (RPDC), vise à négocier une solution à la question du nucléaire dans la péninsule coréenne.
Lors du premier cycle de négociations, les six pays ont posé pour principe un règlement du dossier à travers le dialogue. Les pourparlers se sont poursuivis de manière intermittente pendant six ans, ponctués à la fois de progrès et de revers.
Le 19 septembre 2005, les six pays ont conclu leur quatrième cycle de négociations par la publication d'un communiqué conjoint considéré dans une large mesure comme l'accord le plus important conclu jusqu'à nos jours.
Le document affirmait l'objectif de parvenir à une dénucléarisation vérifiable de la péninsule coréenne de manière pacifique. La RPDC s'engageait à abandonner toute arme nucléaire et programme nucléaire existant, tout en insistant sur son droit à l'usage pacifique de l'énergie nucléaire.
Les Etats-Unis avaient affirmé n'avoir aucune arme nucléaire dans la péninsule coréenne et n'avoir aucune intention d'attaquer ou d'envahir la RPDC avec des armes nucléaires ou conventionnelles.
La Corée du Sud avait quant à elle réaffirmé son engagement à ne pas recevoir d'armes nucléaires ni à en déployer sur la péninsule coréenne et avait affirmé qu'il n'existait aucune arme nucléaire sur son territoire.
Les six parties avaient convenu de prendre des mesures coordonnées pour mettre en oeuvre cet accord étape par étape en vertu du principe "engagement pour engagement, action pour action".
En avril 2009, la RPDC a procédé au lancement d'une roquette. Après la publication par le Conseil de sécurité de l'ONU d'un communiqué condamnant ce lancement de roquette, Pyongyang s'est retiré des pourparlers à six, laissant depuis le processus dans l'impasse.
La RPDC a jusqu'ici mené trois essais nucléaires, respectivement en 2006, 2009 et 2013. Durant cette période, des sanctions lui ont été imposées à plusieurs reprises et les Etats-Unis et la Corée du Sud ont organisé plusieurs exercices militaires conjoints.
Malgré leur caractère précaire, les pourparlers à six demeurent la plate-forme la plus viable pour parvenir à la dénucléarisation pacifique de la péninsule coréenne et instaurer la stabilité en Asie du Nord-Est.
QUELLES SONT LES POSITIONS DES PARTIES?
RPDC
Le mois dernier, lors d'une visite en Russie de Choe Ryong Hae, un haut responsable de la RPDC envoyé en tant que représentant spécial du dirigeant Kim Jong Un, le ministre russe des Affaires étrangères Sergue? Lavrov a déclaré que Pyongyang avait affirmé être prêt à revenir à la table des négociations sans conditions préalables en s'appuyant sur un communiqué conjoint signé le 19 septembre 2005.
Cette position concorde avec l'annonce faite début octobre par l'ambassadeur de Pyongyang auprès de l'Office des Nations Unies à Genève, So Se Pyong, qui avait déclaré que son pays ne prévoyait aucun essai nucléaire ou de missile et était prêt pour un nouveau cycle de pourparlers à six.
ETATS-UNIS
Lors de sa visite en Corée du Sud début décembre, le représentant américain chargé des affaires de la RPDC, Sung Kim, a indiqué que reprendre à la hate les pourparlers à six avant que Pyongyang ne fasse preuve d'une attitude sérieuse "envers une dénucléarisation totale et vérifiable [...] serait une erreur".
Sung Kim a rappelé la position des Etats-Unis, qui estiment que la RPDC doit "prouver son engagement sérieux en faveur de la dénucléarisation avant que nous ne puissions reprendre les négociations".
COREE DU SUD
La position de Séoul est similaire à celle de Washington. Lors d'une visite à Moscou, Hwang Joon-kook, négociateur en chef de la Corée du Sud pour les pourparlers à six, a fait savoir que son pays souhaiterait reprendre les négociations si Pyongyang envoie un signe clair montrant sa volonté de s'engager dans un "dialogue constructif" sur la dénucléarisation.
Bien que certaines conditions doivent être remplies pour reprendre les pourparlers à six, cela ne signifie pas que le processus ne pourra reprendre qu'après la prise de ces mesures spécifiques, a-t-il souligné.
JAPON
Tokyo s'accorde avec les Etats-Unis et la Corée du Sud sur le fait que la PRDC doit prendre certaines mesures avant la reprise des pourparlers à six.
RUSSIE
Dans une récente interview accordée à Xinhua, l'envoyé spécial du ministère russe des Affaires étrangères Grigory Logvinov a noté que des "opportunités sérieuses" pour le relancement des pourparlers à six sont apparues après la visite de Choe Ryong Hae en Russie.
M. Logvinov a toutefois souligné que le processus de dénucléarisation exigeait "un travail long, minutieux et patient" et que les parties concernées ne devraient pas établir sciemment des objectifs irréalisables ou "forcer une partie à avancer plus rapidement que possible étant donné les circonstances".
CHINE
Beijing, qui a initié les pourparlers à six, insiste sur le fait que toutes les parties concernées doivent travailler ensemble pour créer des conditions favorables à une reprise rapide du processus bloqué.
Commentant le signe envoyé par la RPDC lors de la visite de M. Choe en Russie, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Hong Lei a exhorté toutes les parties prenantes à "déployer des efforts conjoints et à agir avec sagesse" pour relancer les pourparlers à six.
Lors de sa rencontre avec la présidente sud-coréenne Park Geun-hye le 10 novembre dernier à Beijing, le président chinois Xi Jinping a appelé toutes les parties participant au processus à faire preuve de sincérité et de flexibilité, à relancer les pourparlers à six et à trouver dès que possible une solution qui soit pragmatique, efficace et acceptable pour tous.