Dernière mise à jour à 08h15 le 13/04
Photo prise le 28 mars 2016 à Shenyang, capitale de la province du Liaoning (est de la Chine) |
Luo Liang, nouveau dipl?mé de l'Ecole d'enseignement technique de Yangpu à Shanghai, a re?u fin 2015 son "hukou" (permis de résidence permanente) de Shanghai, grace à sa médaille d'argent dans la catégorie "réparation de véhicule" lors des Olympiades des métiers (World skills).
Il est devenu le premier non originaire de Shanghai, dipl?mé de ce type d'école, à avoir obtenu le "hukou" de la métropole financière chinoise.
Sur fond de "Made in China 2025", une stratégie nationale pour faire de la Chine une puissance manufacturière mondiale d'ici 2025, des gouvernements locaux ont lancé des mesures pour encourager le développement des techniciens, à savoir les "cols bleus". La municipalité de Shanghai ambitionne, selon un document officiel, d'aider 1.000 techniciens de haut niveau à Shanghai en dix ans et d'augmenter leur proportion à 35% du total de ces professionnels.
Le document encourage également les entreprises à partager les actions et les dividendes avec leurs salariés.
Les techniciens ayant un grand savoir-faire doivent devenir la classe moyenne du pays, ce qui permettra de soutenir non seulement la restructuration économique, mais aussi la stabilité de la société possédant une classe moyenne dominante, a noté Wu Jiang, professeur de la faculté de l'économie du travail de l'Université de l'économie et du commerce de la capitale.
Wu Renhao a travaillé pendant une vingtaine d'années dans une entreprise de turbines à vapeur à Hangzhou, capitale de la province chinoise du Zhejiang. Grace à ses riches expériences professionnelles, il a permis à son entreprise d'éviter 100 millions de yuans de pertes économiques. Pourtant, M. Wu a été confronté à des difficultés pour obtenir le statut de technicien de haut niveau à cause de ses échecs successifs à des examens théoriques.
Heureusement, il a finalement été reconnu après la réforme de l'évaluation des techniciens.
Depuis longtemps, la plupart des parents chinois ne veulent pas que leurs enfants deviennent ouvriers. Ils préfèrent les envoyer dans des universités plut?t que dans des écoles d'enseignement technique, à cause d'un certain mépris vis-à-vis de la classe sociale des "cols bleus". "En 2012, les élèves issus de familles rurales, surtout des régions du centre et de l'ouest de la Chine, représentaient 82% des élèves des écoles d'enseignement technique en Chine. Ce phénomène fait réfléchir", a déclaré Shen Ronghua, vice-président de l'Association de recherche de talents de Chine.
Les "cols bleus" représentent une réserve de talents et de savoir-faire. L'augmentation de leurs salaires dépend de négociations collectives. D'après certains experts, les départements gouvernementaux et les syndicats ont la responsabilité de faire avancer ce type de négociations, afin d'assurer une hausse raisonnable des salaires, et de faire correspondre le niveau des paies avec les certificats de qualification des techniciens.
Avec la mise en place de la stratégie de "l'urbanisation de 100 millions de Chinois", de nombreuses villes du pays ont commencé à faire en sorte que des résidents permanents possèdent des métiers précis. Guangzhou, capitale de la province méridionale du Guangdong, qui manque de techniciens talentueux, a tenté d'encourager cette population à venir s'installer dans la ville. Les conditions d'installation sont d'ailleurs plus souples que pour les dipl?més universitaires.
"Les mesures réformistes doivent réellement penser aux besoins des techniciens et les encourager, pour qu'ils se concentrent uniquement sur leur savoir-faire", a indiqué Zhang Chewei, directeur de l'Institut de recherche de l'économie de la population et du travail de l'Académie des Sciences sociales de Chine.