Dernière mise à jour à 15h36 le 26/02
Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a conclu jeudi une visite aux Etats-Unis après avoir lancé un vibrant appel au maintien d'une bonne relation avec les Etats-Unis, empreinte de vision et de sagesse.
Cette visite, survenue au beau milieu des tensions croissantes dans la péninsule coréenne et des tiraillements sino-américains sur la question de la mer de Chine méridionale, a été essentiellement consacrée aux échanges et à la coordination sur des questions d'intérêt commun et pour éviter que les liens bilatéraux ne se distendent.
Une visite à point nommé en raison du dernier essai nucléaire et du tir de fusée à longue portée de la République populaire de Corée (RPDC), qui ont menacé la stabilité de l'Asie de l'Est en poussant la péninsule coréenne au bord de la confrontation.
Lors de son programme chargé, M. Wang a eu une série d'entretiens approfondis avec le président Barack Obama, le secrétaire d'Etat John Kerry, la conseillère à la sécurité nationale Susan Rice et plusieurs dirigeants du Congrès portant sur toute une série de questions pressantes.
Les deux parties ont évalué et salué les résultats concrets de leur coopération passée dans des domaines tels que les relations économiques et commerciales bilatérales, le changement climatique, le nucléaire iranien, l'Afghanistan et le processus de paix en Syrie.
Elles ont également convenu du besoin d'imposer de nouvelles sanctions envers la RPDC, actuellement discutées dans le cadre du Conseil de sécurité des Nations Unies. Ce dernier devrait adopter prochainement une résolution sur ce sujet.
La Chine a exprimé son soutien et promis de faire des contributions positives à l'occasion du prochain sommet sur la sécurité nucléaire qu'accueillera M. Obama fin mars à Washington. Les Etats-Unis ont également promis leur soutien à l'occasion de l'organisation du sommet du G20 début septembre à Hangzhou.
Ces deux sommets permettront à Barack Obama et son homologue chinois Xi Jinping de se rencontrer et de discuter des moyens d'aplanir les différends et d'approfondir la coopération.
Bien que les deux parties ne soient pas d'accord sur la question de la mer de Chine méridionale, elles sont d'accord sur le besoin de régler les différends territoriaux par le dialogue et la diplomatie.
Il est à espérer que cette visite aidera à réduire les tensions et à accro?tre la compréhension mutuelle afin d'éviter toute erreur de jugement ou de calcul, particulièrement en ce qui concerne la mer de Chine méridionale.
Comme M. Wang l'a souligné, la mer de Chine méridionale n'est pas et ne doit pas constituer un problème entre la Chine et les Etats-Unis, qui ne sont pas juridiquement un requérant dans cette affaire.
Il serait na?f de penser que les relations sino-américaines, aussi conséquentes, diverses et compliquées que soient elles, seront exemptes de différends et de conflits. C'est simplement un postulat de base du soutien ferme de Beijing en faveur de l'établissement avec Washington d'un nouveau modèle de relation entre grandes puissances, sans confrontation ou conflit, mais empreint de respect mutuel et de coopération mutuellement bénéfique.
La clé pour que la Chine et les Etats-Unis ne tombent pas dans le "piège de Thucydide" (où l'antagonisme entre une puissance établie et une puissance ascendante peut déboucher sur une guerre) réside dans l'extension des domaines de coopération et la gestion des différends de fa?on constructive.
En ce sens, les Etats-Unis doivent faire un examen de conscience à propos de la mer de Chine méridionale. Washington se sert de cette question pour contenir la Chine au nom de la parano?a chronique que les Etats-Unis nourrissent vis-à-vis d'une Chine qui menacerait leur hégémonie en Asie-Pacifique.
Dans un discours prononcé jeudi devant le Centre des études internationales et stratégiques (CSIS), un think tank basé à Washington, Wang Yi a suggéré que les Etats-Unis gèrent les relations sino-américaines avec vision et sagesse.
Le chef de la diplomatie chinoise a utilisé un euphémisme pour préciser que l'on "devrait utiliser un télescope pour regarder l'avenir des relations sino-américaines au lieu d'utiliser un microscope pour amplifier les problèmes actuels".
Comme M. Wang l'a souligné, la Chine n'a pas l'intention de défier les Etats-Unis au moment où elle est tournée toute entière vers l'accomplissement de son rêve de revitalisation nationale via le développement économique.
Dans l'intérêt du développement stable et sain de ces relations bilatérales, qui profiteront non seulement aux peuples des deux pays, mais aussi au monde entier, Washington devrait prêter à cet égard une oreille attentive à la Chine.