Breuvage consommé par pratiquement tous les Mauriciens et héritage du passé colonial de l'?le, le thé mauricien serait probablement le premier produit local commercialisé sous appellation contr?lée.

Cultivé sans l'usage de pesticides, le thé mauricien est reconnu pour ses propriétés médicinales et les autorités mauriciennes ont approché l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) afin que le thé soit commercialisé sous une appellation contr?lée.

Le thé est cultivé à Maurice depuis l'époque de la colonisation fran?aise et était encouragé par le célèbre botaniste Pierre Poivre dans les années 1770. Mais ce n'est qu'un demi-siècle plus tard, sous le règne colonial britannique, que de réelles tentatives étaient faites pour exploiter le thé comme une activité économique dans l'?le.

Dès cette époque, le thé a toujours été cultivé sans l'apport d'intrants chimiques et, plus particulièrement, sans le recours à des pesticides, affirme Seelavarn Ganeshan, Chief Executive Officer (CEO) du Food and Agriculture Research and Extension Institute (FAREI). "Nous avons ainsi approché la FAO afin qu'elle nous attribue une certification d'origine géographique comme garantie d'originalité du produit comme cela se fait pour de nombreux produits en France, notamment le vin et le fromage".

Le thé à Maurice est cultivé dans les régions à basse température du plateau central où la prévalence de pestes végétales ou animales susceptibles d'affecter la culture est quasi-inexistante, explique Eric Mangar, agronome et responsable du Mouvement pour l'autosuffisance alimentaire (MAA).

Ces conditions pourraient expliquer le fait que le thé mauricien possède des vertus médicinales étayées par les recherches conduites à l'Université de Maurice (UoM) sous la direction du professeur Teeshan Bahorun. "Le thé mauricien possède un taux d'antioxydant particulièrement élevé qui peut aider à la diminution du taux de cholestérol et à prévenir le diabète. Ses propriétés antioxydantes protège aussi contre les risques d'apparition de cancers", indique le chercheur.

Des vertus qui sont connus en Chine et qui pourraient expliquer l'intérêt des Chinois pour le thé mauricien. Depuis un peu plus de cinq ans, Maurice exporte désormais une cinquantaine de tonnes de thé dans ce pays grand consommateur du breuvage mais aussi grand producteur.

C'est la compagnie Bois Chéri, la plus ancienne encore en opération et la plus grande, qui a obtenu ce contrat. "Les Chinois ont été séduits par la qualité exceptionnelle de notre thé et ses conditions de production 'bio'", explique un des directeurs de l'usine.

Il a trouvé à Maurice un terrain favorable à l'élaboration d'un produit de qualité supérieure et ainsi élaboré un thé noir m?r unique au monde en ce qu'il fermente pendant 365 jours. Ce lent processus permet de réduire quasi complètement le taux de caféine (0,017 %) tout en accroissant parallèlement jusqu'à 32,5 % le taux de polyphénols - ces fameuses molécules abondantes dans les fruits et légumes et reconnues pour leurs effets bénéfiques sur la santé et notamment leur effet détoxifiant. En découle un thé noir à la saveur très douce doté de bien des vertus, comme celles de favoriser la digestion, d'accro?tre la qualité du sommeil ou encore de lutter contre le mauvais cholestérol.

Le Mauricien reste toutefois assez traditionnel dans sa consommation du thé qui est le breuvage par excellence au petit déjeuner et le go?ter de l'après-midi. Il est toutefois bu dans un mélange avec du thé et du sucre, héritage des immigrants indiens. Néanmoins, ces dernières années, suivant une tendance mondiale, on remarque de plus en plus de thé parfumé à la menthe, à la camomille, à la citronnelle et autres épices, note le CEO du FAREI.

Selon lui, une attestation d'appellation d'origine contr?lée pour le thé mauricien sans pesticides et aux propriétés médicinales éprouvées devrait, logiquement, être un argument marketing de poids en vue de la conquête de nouvelles parts de marché dans le monde.