Dernière mise à jour à 08h44 le 13/09
L'Assemblée nationale du Togo a vite suspendu, pour cause d'ordre du jour jugé peu pertinent par l'opposition parlementaire au regard de l'actualité politique dans le pays, une session extraordinaire convoquée mardi.
L'opposition parlementaire a estimé qu'il y a urgence que les revendications des réformes politiques objet des manifestations de rue dans le pays depuis des jours, soient plut?t considérées.
La session a donc été suspendue peu après son ouverture et une conférence des présidents est convoquée pour mercredi, le 13 septembre. La conférence planchera sur les exigences de l'opposition qui entreront dans une "longue procédure", apprend-on.
La session de mardi devrait examiner et adopter le budget de l'exercice 2018 de l'Assemblée nationale, quatre textes de ratification et un texte relatif à l'organisation et au fonctionnement de la Commission nationale des droits de l'homme (CNDH).
Les réformes que réclame l'opposition togolaise portent, essentiellement, sur la limitation du mandat présidentiel à deux et un scrutin à deux tours.
La lenteur du gouvernement à opérer ces réformes avait suscité, le 19 ao?t dernier, des manifestations synchronisées qui ont mobilisé d'immenses foules dans les rues dans plusieurs villes à travers le pays.
Les manifestations étaient à l'appel du jeune parti de l'opposition Parti national panafricain (PNP) de Tchikpi Atchadam, ont été empreintes de violences et ont relancé de fait le débat sur les réformes politiques au Togo.
Cela a donné le ton au retour des autres et plus vieux partis de l'opposition à la mobilisation populaire et à l'expression d'une nouvelle exigence.
Le 5 septembre, un conseil des ministres s'est tenu express sous la présidence du chef de l'Etat togolais Faure Gnassingbé, et a adopté un avant-projet de modification des articles 52, 59 et 60 de la Constitution togolaise d'octobre 1992.
Ce sont des articles au c?ur des réformes politiques réclamées par le PNP qui demande fondamentalement le retour à la Constitution de 1992 et le vote de la diaspora togolaise.
La sortie du gouvernement togolais n'a pas pu émousser la dynamique de l'opposition qui ne croit plus à la sincérité du parti au pouvoir de faire de franches discussions sur les réformes.
Ainsi lors des manifestations monstres les 6 et 7 septembre dans la capitale Lomé, des leaders de l'opposition ont cédé à l'appel de masse pour exiger dorénavant le départ pur et simple de Faure Gnassingbé qui a été réélu en 2015 pour un mandat de cinq ans.
Dans ce contexte tendu, Mohamed Ibn Chambas, représentant du secrétaire général des Nations unies pour l'Afrique de l'Ouest, a été dépêché à Lomé le 7 septembre où il a échangé séparément avec Faure Gnassingbé et le leader de l'opposition Jean-Pierre Fabre.
"J'ai invité tous les acteurs à préserver la paix et la sécurité qui constituent désormais des atouts précieux en Afrique de l'Ouest au vu de la situation sécuritaire dans notre sous-région et le Togo a su préserver ces atouts jusqu'à présent", a-t-il déclaré.
A son avis, il y a à l'évidence une disponibilité de toutes les parties à aller de l'avant dans les réformes par le dialogue et dans un cadre républicain afin de parvenir à un consensus qui réponde aux attentes légitimes du peuple togolais.
Faure Gnassingbé a accédé au pouvoir suite au décès en février 2005 de son père le général Eyadèma Gnassingbé qui a dirigé le pays pendant 38 ans, soit d'avril 1967 à février 2005.