Dernière mise à jour à 13h47 le 18/07
Au cours d'une conférence à Kigali, en marge du 27e sommet de l'Union africaine, Ibrahim Assane Mayaki, Secrétaire exécutif de l'Agence de planification et de coordination NEPAD, a appelé à une "révolution industrielle" en Afrique pour stimuler la croissance économique.
M. Mayaki a affirmé que l'Afrique a "la clé de son industrialisation", une ambition à concevoir comme "un projet multisectoriels" et un "p?le de diversification" des économies africaines.
Cela est d'autant indispensable qu'on constate aujourd'hui que "les moteurs exogènes de la croissance africaine" s'essoufflent, a-t-il noté, convaincu que les pré-requis de cette industrialisation existent en Afrique avec une urbanisation croissante favorisant une rationalisation des facteurs de production, et les dynamiques démographiques, qui permettent une main-d'?uvre abondante, sans compter les progrès en termes d'infrastructures, de marchés communs et de la formation des ressources humaines.
Selon le Secrétaire exécutif du NEPAD, cette industrialisation nécessite des politiques appropriées d'accès à l'énergie. Même si beaucoup reste à faire en la matière, il pense que les progrès sont réels. Citant le cas de l'Ethiopie, M. Mayaki a rappelé que ce pays a "multiplié par 20" son potentiel énergétique (400 à 8.000 mégawatts) ces deux dernières décennies.
Toutefois, insiste-t-il, pour relever le défi énergétique, les pays africains doivent accorder "une importance claire aux énergies renouvelables... Mais, il ne faut pas renoncer à d'autres sources comme le charbon". Il exhorte donc les Etats à privilégier surtout le mix énergétique dans une perspective régionale.
En 2012, l'UA a adopté un plan d'action pour stimuler le commerce intra-africain (BIAT) et la mise en place d'une Zone de libre-échange continentale (Continental Free Trade Area, CFTA) pour approfondir l'intégration des marchés en Afrique et augmenter considérablement le volume des échanges que les pays africains engagent entre eux.
Depuis quelques années, pour accompagner ce plan, le Nepad a lancé l'initiative des "Corridors du développement" (routes, voies ferroviaires, fibres optiques...) pour connecter les marchés africains et booster l'économie continentale.
Parmi les routes les plus stratégiques, le Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad) insiste sur la finalisation des tron?ons Caire-Cape, Abidjan-Lagos, Dakar-Libreville-Djibouti.... Avec à chaque extrémité un port, un débouché international pour le "Made in Africa".
Et ce maillage se connecte avec d'autres réseaux avec l'ambition de relier toutes les capitales les unes aux autres.
Les projets retenus dans le Programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA) ont été validés en juillet 2010 par les chefs d'état. Et d'ici à 2040, le montant total des investissements prévus s'élève à plus de 20 milliards d'euros.
Pour le Secrétaire Exécutif de l'Agence de planification et de coordination du Nepad, la lutte contre le ch?mage par l'entrepreneuriat jeune est l'un des enjeux essentiels de la promotion d'ambitieuses politiques industriels.
Ainsi, il exhorte les décideurs africains à comprendre qu'une "économie basée sur les services" ne pourra pas fournir les emplois nécessaires aux 300 million de jeunes africains de moins de 25 ans qui arrivent sur le marché du travail.
Ce pari peut-être gagnée si l'on sait que, bien qu'ils disposent de la moitié des terres arables non exploitées de la planète, les pays africains dépensent près de 50 milliards de dollars par an pour importer des produits alimentaires.
"Le développement agricole porte en lui-même la solution à la fois à la malnutrition, au ch?mage, à l'exode rural et à l'industrialisation", assure Ibrahim Assane Mayaki.
Lors de la cérémonie d'ouverture de la 35e session du Comité d'orientation du Nepad, le président sénégalais Macky Sall avait exhorté ses pairs à orienter leurs cadres de politiques économiques vers "le développement de nouveaux moteurs de croissance qui favorisent l'industrialisation et l'amélioration de notre capacité de production".
Cela d'autant, a-t-il justifié, que "l'Afrique dispose du potentiel pour stimuler la production industrielle à travers la jeunesse de sa population, l'importance de ses productions agricoles et animales, et l'existence de ressources minières variées".
La tendance à l'industrialisation est prometteuse car selon Commission économique pour l'Afrique (CEA) de l'ONU, la part des industries dans le Produit national brut (PNB) en Afrique est plus élevée que celle de l'agriculture. "Ce qui n'était pas imaginable il y a 20 ans", a conclu Dr Ibrahim Assane Mayaki.
Le NEPAD a été créé en 2001 comme une nouvelle initiative visant à surmonter les problèmes de l'Afrique, tels que le sous-développement, la pauvreté, les régimes non démocratiques et le manque de coopération entre les Etats africains.