Dernière mise à jour à 08h22 le 23/09
L'étude publiée par l'ONG "Transport et Environnement" à l'occasion du premier anniversaire du déclenchement du scandale Volkswagen épingle la France, où pas moins de 5,5 millions de voitures diesel "sales" seraient en circulation tandis que l'Union européenne en compterait près de 29 millions, ont rapporté mercredi plusieurs médias locaux.
Le rapport publié lundi a résonné comme un nouveau coup de tonnerre dans la planète automobile déjà ébranlée par le "Dieselgate", provoquant de vives réactions dans les médias fran?ais et européens. Le constructeur allemand Volkswagen, en septembre dernier, avait été contraint d'admettre avoir eu recours à des logiciels truqueurs pour manipuler les tests des mesures d'émission de gaz polluants.
Ce scandale retentissant n'est que la "partie émergée d'un iceberg de véhicules très polluants qui est toujours en pleine croissance", affirme l'ONG Transport & Environment (T&E) basée à Bruxelles et avance des chiffres : quelque 5,5 millions de voitures diesel "sales" seraient en circulaient en France, 29 millions en Europe.
Dans son étude, T&E pointe du doigt un non-respect généralisé des normes anti-pollution par les constructeurs. Près de 80 % des véhicules respectant la norme Euro 5 pour les émissions de Nox (oxydes d'azote) lors des tests en laboratoire (180 g/1 000 km), et vendus entre 2010 et 2014, produisent en réalité plus de trois fois cette quantité limite sur route, avance l'ONG. 64 % des véhicules Euro 6, vendus depuis 2015, émettent eux aussi en conditions réelles plus de trois fois la limite de cette norme (80 g/1 000 km), ajoute-t-elle.
L'ONG s'est basée sur les données des investigations menées par les gouvernements britannique, fran?ais et allemand et sur des bases de données publiques pour regrouper les informations de 230 voitures diesel ayant obtenu une homologation Euro-5 (2009-2013) ou Euro-6 (à partir de 2014).
Seul un modèle diesel sur quatre serait donc conforme à la réglementation en vigueur, selon l'ONG. Résultat d'une politique particulièrement favorable au diesel, la France porte le bonnet d'ane en arrivant en tête du nombre de véhicules "sales" en circulation. Viennent ensuite l'Allemagne (5,3 millions), l'Angleterre (4,3 millions) et l'Italie (3,1 millions).
Au palmarès des pires pollueurs, T&E place le constructeur fran?ais Renault-Dacia, lui attribuant le titre des moteurs diesel les plus "sales" pour la norme Euro 5, avec des émissions sur routes près de huit fois supérieures à la limite fixée pour les tests en laboratoire. Suivent Land Rover, Hyundai, Opel-Vauxhall (dont Chevrolet, autre marque du groupe GM) et Nissan.
D'après cette étude, chez Fiat et Suzuki, les émissions de Nox sont 15 fois supérieures dans la réalité au seuil imposé par la norme Euro 6. Chez l'Alliance Renault-Nissan, les chiffres relevés sont également 14 fois supérieurs, ajoute encore l'ONG. Renault-Dacia-Nissan suit (14 fois plus d'émissions), puis Opel-Vauxhall et Hyundai.
T&E préconise un rappel massif des diesels nocifs, des tests améliorés et plus fréquents ou encore la fin des avantages accordés au diesel face à l'essence, qu'il s'agisse de normes d'émissions ou de fiscalité.
L'ONG dénonce par ailleurs la "connivence" des Etats européens. "Le vrai scandale du Dieselgate en Europe, ce sont les régulateurs nationaux qui ferment les yeux sur des preuves flagrantes de tricherie avec pour unique but de protéger leurs constructeurs nationaux ou leur propre entreprise. Ceci en tuant des dizaines de milliers de personnes chaque année. Nous avons besoin d'une autorité européenne régulatrice pour que les Etats membres arrêtent de protéger leurs champions nationaux et pour assurer que le marché fonctionne dans l'intérêt de tous les citoyens", assène Greg Archer, en charge des véhicules propres chez T&E.
L'Agence européenne de l'environnement estime que le Dioxyde d'azote (NO2), principalement émis par les véhicules diesel, est responsable de 72.000 morts prématurées chaque année en Europe.