D'après les conclusions de la Commission d'enquête indépendante créée pour analyser les causes de l'anomalie d'injection des cinquième et sixième satellites du système européen de navigation Galileo, l'échec du lancement a été lié à un arrêt momentané de l'alimentation en hydrazine aux tuyères de contr?le d'attitude de l'étage supérieur Fregat lors de la phase balistique du lanceur Soyouz, causé par un défaut de la conception de l'étage Fregat con?u et produit par la société russe NPO Lavotchkin, a annoncé mercredi dans un communiqué de presse Arianespace, société européenne chargée de ce lancement.
Mise en place le 25 ao?t 2014 par Arianespace, en association avec l'Agence spatiale européenne (ESA), et présidée par Peter Dubock, ancien inspecteur général de l'ESA, la commission d'enquête indépendante a rendu, au terme d'une réunion de travail tenue le 7 octobre à Evry, ses conclusions finales établies sur la base des données fournies par la partie russe.
"Les conclusions de la Commission d'enquête indépendante confirment que la première partie du vol s'est déroulée de manière nominale. Le tri-étage Soyouz est hors de cause" a indiqué Arianespace dans le communiqué, ajoutant que l'hypothèse, selon laquelle l'anomalie aurait pu être causée par un comportement anormal des satellites Galileo, a aussi été écartée par la Commission.
Arianespace a précisé que l'anomalie s'est produite au cours du vol du 4ème étage du lanceur, Fregat, vers environ 35 minutes après le décollage du lanceur et au début de sa phase balistique. Il est à noter que Fregat, un étage supérieur rallumable utilisé pour les changements orbitaux des sondes et des satellites sur différentes variantes du lanceur Soyouz, avait connu 45 succès consécutifs avant cette mission échouée.
Selon les conclusions de la Commission, la proximité des tuyaux d'alimentation en hydrazine et en hélium froid de l'étage supérieur Fregat a conduit au gel d'hydrazine, composé chimique liquide servant de propergol pour le moteur de l'étage Fregat, provoquant ainsi l'interruption de l'alimentation en hydrazine à deux tuyères de contr?le d'attitude du Fregat lors de la phase balistique; cette défaillance de fonctionnement des tuyères a causé une excursion en dehors du domaine de fonctionnement autorisé de la centrale inertielle de l'étage Fregat, laquelle est à l'origine de l'erreur d'orientation de la poussée du moteur principal de l'étage Fregat durant sa deuxième phase propulsive.
L'ambigu?té de la documentation de conception de l'étage Fregat laisse place à l'apparition des "ponts thermiques" entre ces les deux tuyaux d'alimentation étant liées par un même support. Ce défaut de conception a été observée sur d'autres étages Fregat en cours de production chez l'industriel russe NPO Lavotchkin, a fait savoir Arianespace.
La cause racine de l'anomalie d'injection des satellites est une lacune au moment de la conception de l'étage Fregat, au lieu d'"une erreur d'opérateur lors de l'assemblage de l'étage", a souligné Arianespace.
Selon la société européenne spécialisée dans le lancement des satellites, NPO lavotchkin a immédiatement mis en place des mesures correctives sur les étages Fregat déjà produits, ce qui permet d'envisager un retour en vol de Soyouz depuis le centre spatial guyanais dans le cadre d'une prochaine mission à partir de décembre 2014.
Lancés le 22 ao?t dernier depuis le centre spatial guyanais de Kourou, les deux satellites Galileo, Sat-5 et Sat-6, n'ont pas atteint l'orbite circulaire prévue à quelque 23.000 km d'altitude, mais une orbite elliptique vers 17.000 km.