Dernière mise à jour à 11h16 le 16/06
Les politiques commerciale et diplomatique dépassées du président américain Donald Trump ne sont pas justifiées dans le monde interconnecté d'aujourd'hui, estime Yeidckol Polevnsky, présidente et secrétaire générale du Mouvement de régénération nationale (Morena), parti au pouvoir du Mexique.
"Je crois qu'il n'y a personne dans le monde, à part M. Trump, qui songe à l'unilatéralisme", a-t-elle confié dans une interview récemment accordée à Xinhua.
La doctrine "America First" (L'Amérique d'abord) est un anachronisme qui nuit à ses voisins et partenaires commerciaux, déplore celle qui dirige la formation créée par le président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador.
"Croire que l'économie va être comme elle l'a été dans le passé est impossible et croire que des entreprises peuvent décider de venir produire aux Etats-Unis n'est pas viable", poursuit Mme Polevnsky.
Visant à se faire réélire l'an prochain, M. Trump adopte une politique plus dure envers la Chine et le Mexique, considérant ces deux partenaires commerciaux majeurs comme des concurrents avec lesquels il faut se quereller, analyse-t-elle.
Sous prétexte de protéger ses industries, Washington a imposé des droits de douane élevés sur des importations d'une valeur de plusieurs milliards de dollars venant de partenaires tels que le Mexique, la Chine, le Japon et l'Union européenne, accentuant les tensions commerciales dans le monde et ébranlant les fondements du système commercial global.
M. Trump a récemment menacé d'imposer des droits de douane punitifs de 5% sur tous les produits mexicains afin de faire pression sur le pays pour qu'il prenne des mesures anti-immigration plus agressives. Si le flux de sans papiers traversant la frontière ne venait pas à se réduire considérablement, ces taxes pourraient alors atteindre jusqu'à 25%.
Le mépris affiché par les Etats-Unis envers le multilatéralisme s'étend jusqu'à leur attitude envers sur les institutions de longue date telles que l'Organisation mondiale du commerce (OMC), relève Mme Polevnsky.
Lorsque M. Trump affirme que les droits de douane punitifs pourraient être de 5% et même atteindre 25%, "il est à contre-courant", dénonce-t-elle, ajoutant que de telles mesures nuiraient surtout aux consommateurs américains.
Ces derniers "en subiront les conséquences tant pour l'automobile que l'alimentation, tous les produits contenant des éléments fabriqués l'un en Chine et l'autre au Mexique (...) C'est une mesure complètement erronée", dit-elle.
S'ils veulent améliorer leur économie, les Etats-Unis devraient s'inspirer de la Chine et investir dans le développement de leur territoire plut?t que de dépenser des milliards de dollars dans des aventures militaires extérieures, conseille Mme Polevnsky.
"Il y a des pays dotés d'énormes potentiels, comme la Chine, avec un pouvoir incroyable, qui ne cherchent pourtant pas à être la puissance suprême au-dessus de tous et contre tous", souligne-t-elle.
Pour sa part, le Mexique devrait diversifier ses liens commerciaux afin de minimiser sa dépendance envers un seul partenaire tel que les Etats-Unis, plaide la dirigeante politique, estimant que l'Initiative la Ceinture et la Route (ICR) offre par exemple une alternative attractive.
A ses yeux, l'ICR est "une initiative et un projet qui profite au monde entier, et principalement aux pays les moins avancés". "A travers la Ceinture et la Route, nous pourrons ouvrir davantage d'opportunités", conclut Mme Polevnsky.