Dernière mise à jour à 10h54 le 09/01
Le mouvement de contestation sociale des "gilets jaunes" menace "environ 10.000 employés par semaine", a déclaré mardi la ministre fran?aise du Travail Muriel Pénicaud sur la cha?ne d'information CNews.
Les manifestations en cours depuis trois mois, pourraient impacter les activités et les revenus de près de "100.000 travailleurs", a-t-elle averti. "Il y a déjà 58 000 travailleurs menacés de ch?mage technique. Si nous continuons ainsi, ce sera 80.000, voire 100.000. Hier, j'étais dans l'Est : 58.000 personnes c'est déjà plus que les personnes travaillant dans la seule ville de Metz", a-t-elle ajouté.
Mme Pénicaud a rappelé que le gouvernement fran?ais avait déjà alloué 32 millions d'euros (36,6 millions de dollars) pour aider les entreprises à payer "ceux qui ne peuvent pas aller au travail à cause de la violence" et que "92% des demandes viennent des petites et moyennes entreprises".
"Nous sommes très inquiets à ce sujet, car cela signifie que ce n'est pas seulement un problème à court terme pour payer leurs salariés, mais que certains risquent de ne pas s'en remettre et que ce serait le ch?mage à cause de la violence, ce qui est inacceptable", a-t-elle précisé.
Interrogée sur l'application d'une des mesures annoncées par le gouvernement fran?ais pour sortir de la crise des "gilets jaunes", qui a demandé aux entreprises de verser une prime aux salariés dans la mesure de leurs moyens, la ministre du Travail a estimé que l'Etat avait fait "sa part du travail sur la part d'achat, les exonération des heures supplémentaires, la prime d'activité (...) Tout cela représente 10 milliards d'euros qui viennent de la solidarité".
"Maintenant, c'est aux chefs d'entreprises de faire l'autre part du travail, c'est-à-dire négocier rapidement les augmentations de salaire. J'ai aussi interpellé les branches professionnelles dont les minimas sont inférieurs au SMIC pour qu'ils négocient une hausse de toute l'échelle des salaires", a-t-elle poursuivi.
Depuis le 17 novembre, des citoyens contestant la hausse de la taxe sur les carburants et dénon?ant des réformes économiques injustes ont commencé à bloquer les routes, occuper des péages sur les autoroutes et organisé des manifestations chaque samedi sur l'ensemble du territoire. La première grande journée de mobilisation avait réuni 282.000 personnes contre 50.000 le 6 janvier dernier.
De nouvelles violences ont eu lieu le 8 décembre. Le président Emmanuel Macron a pris la parole le 10 décembre pour tenter de sortir d'un embrasement social, décrétant un "état d'urgence économique et social" et annon?ant plusieurs mesures telles que la hausse de la prime d'activité pour ceux touchant le SMIC, l'exonération de charges sur les heures supplémentaires ou encore la suppression de la hausse de la CSG pour les retraites inférieures à 2.000 euros.
Sur le plan économique, une récente perspective économique de l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) a prévu que le mouvement pèserait lourdement sur l'économie nationale, annon?ant un ralentissement de la croissance en 2018 à 1,5%, en baisse de 0,2 point par rapport à une estimation précédente.