Dernière mise à jour à 10h21 le 20/04
Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), a appelé jeudi les décideurs politiques à éviter toute mesure protectionniste, notamment dans un contexte de tensions commerciales croissantes entre les Etats-Unis et leurs principaux partenaires commerciaux.
"Il n'a jamais été prouvé que les restrictions au commerce soient efficaces, et nous les soup?onnons même de nuire à la confiance", a déclaré Mme Lagarde au cours d'une conférence de presse donnée à l'occasion des rencontres de printemps du FMI et de la Banque mondiale, ajoutant que tous les pays du monde devaient "travailler de concert pour résoudre leurs désaccords, sans recourir à des mesures d'exception".
Même si l'impact effectif des tensions commerciales actuelles sur la croissance mondiale reste "peu substantiel" en termes de Produit intérieur brut (PIB), il est difficile de mesurer concrètement l'érosion à court terme de la confiance des investisseurs, a affirmé Mme Lagarde.
La directrice du FMI a estimé que les tensions commerciales actuelles seraient sans doute discutées au cours des nombreuses rencontres bilatérales organisées cette semaine, et plus particulièrement au cours de la réunion du Comité monétaire et financier international (CMFI) qui aura lieu samedi. Les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales sont en effet conscients du fait que le commerce et l'investissement sont les deux moteurs de la croissance globale.
"Nous sommes convaincus que chaque pays peut faire davantage, que ce soit en examinant sa propre politique intérieure, ou en aidant ceux qui sont affectés" par le fossé croissant qui les sépare de la technologie et du commerce, a-t-elle ajouté.
Mme Lagarde a également appelé les décideurs politiques mondiaux à s'appuyer sur la dynamique de croissance actuelle pour mettre en place de nouvelles réformes structurelles, construire des dispositifs de sécurité et se protéger contre les risques budgétaires et financiers.
Les rencontres de printemps des deux plus grandes institutions financières mondiales surviennent peu après que le gouvernement américain de Donald Trump a annoncé des tarifs douaniers supplémentaires sur les importations d'acier et d'aluminium, et a menacé d'imposer une large gamme de taxes sur les importations en provenance de Chine.
Ces mesures protectionnistes unilatérales ont suscité de nombreuses critiques, et entra?né des menaces de représailles de la part des principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis, faisant planer la menace d'une escalade vers un conflit commercial qui nuirait à la reprise économique mondiale.
"La perspective de restrictions et de contre-restrictions commerciales risque de nuire à la confiance, et de faire dérailler prématurément la croissance mondiale", a pour sa part averti mardi Maurice Obstfeld, conseiller économique et directeur de recherche au FMI.
"Il est paradoxal de voir les grandes économies mondiales tentées par une guerre commerciale, alors même que nous nous trouvons dans une période d'expansion économique générale, d'autant plus que cette expansion dépend largement de l'investissement et du commerce", a-t-il indiqué.
M. Obstfeld a appelé à une "résolution fiable et équitable des litiges" dans un cadre multilatéral fort et règlementé, notamment pour répondre aux inquiétudes en matière de propriété intellectuelle et autres "pratiques commerciales inéquitables".