Dernière mise à jour à 11h30 le 04/10
A l'issue d'un long et vif débat sur le Brexit, les eurodéputés, réunis mardi en session plénière à Strasbourg, ont voté à une très large majorité une résolution affirmant que les progrès restent insuffisants pour pouvoir lancer les négociations sur l'avenir des relations entre le Royaume-Uni et l'Union européenne (UE). Ils font ainsi front commun derrière le négociateur en chef de l'UE qui a tenu un discours ferme dans l'hémicycle strasbourgeois.
Les chefs de gouvernement des 27 états membres de l'UE devraient reporter leur évaluation du Brexit le 20 octobre prochain, faute "de progrès suffisants" sur les trois priorités de l'UE, à moins que le cinquième cycle de négociations sur le retrait de l'UE ne permette de réaliser une avancée majeure, affirme une résolution adoptée mardi par le Parlement européen (PE) par 557 voix pour, 92 contre et 29 abstentions.
A l'issue d'un débat qualifié de "dense, vif et long" par le négociateur en chef de l'UE, Michel Barnier, les eurodéputés ont estimé que les progrès restent insuffisants pour pouvoir lancer les négociations sur l'avenir des relations et que les prérequis à la négociation de toute période transitoire ou sur l'avenir des relations n'ont pas été réalisés.
Ils considèrent en effet que les engagements pris le 22 septembre par la Première ministre britannique Theresa May à Florence doivent se traduire par des propositions concrètes. A commencer sur la question des droits des citoyens, celle des obligations financières du Royaume-Uni, ainsi que sur la problématique de la frontière entre l'Irlande et l'Irlande du Nord.
La motion, rédigée par le groupe de pilotage du PE sur le Brexit, a été débattue en présence du président de la Commission européenne, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, et du négociateur en chef de l'UE, le Fran?ais Michel Barnier.
Plusieurs eurodéputés sont intervenus avec force dans l'hémicycle pour critiquer la classe politique britannique et lui demander de prendre ses responsabilités.
Le fondateur du UKIP (parti pour l'indépendance du Royaume-Uni) Nigel Farage, fervent partisan du Brexit, s'est une nouvelle fois illustré par des déclarations lapidaires qui ont donné lieu à des passes d'armes dans l'hémicycle.
"Nous vous demandons de solder les comptes et de payer ce à quoi vous vous êtes engagés", lui a rétorqué Michel Barnier, réfutant tout "esprit de revanche" ou de "punition". "Nous ne jouons pas la montre; nous sommes prêts à accélérer le rythme des négociations autant que nous le pourrons", a affirmé le négociateur en chef de l'UE qui a appelé à ne pas sous-estimer la "complexité juridique, humaine et sociale" du Brexit.
"Que chacun assume les conséquences", a-t-il lancé dans l'hémicycle strasbourgeois, sous de larges applaudissements. "Je resterai dans une négociation digne, calme et ferme", a-t-il conclu.
Le coordinateur du Parlement européen sur le Brexit, le Belge, Guy Verhofstadt, est intervenu pendant le débat avec une fermeté identique. "Il n'y a pas eu de progrès suffisants. Nous sommes très inquiets, particulièrement concernant les droits des citoyens. Notre proposition pour résoudre ceci est simple: laissons les citoyens de l'UE conserver les droits dont ils jouissent maintenant au Royaume-Uni et faisons exactement la même chose pour les citoyens britanniques vivant sur le continent. Je me demande même pourquoi discutons-nous toujours. Cela pourrait et devrait être conclu immédiatement", a-t-il déclaré.
"Le vote sur la résolution d'aujourd'hui a confirmé l'unité du Parlement européen dans le soutien à son négociateur en chef, Michel Barnier", a relevé quant à lui le président du PE, l'Italien Antonio Tajani. "Le discours de Mme May à Florence a démontré qu'elle est ouverte au dialogue et comprend ce qui est en jeu. Je l'invite instamment à convertir cette bonne volonté en des projets concrets nécessaires pour engager véritablement les négociations avec l'Union européenne", a-t-il dit.
"Le débat a également montré un désir clair d'engagement constructif avec le Royaume-Uni, mais aussi une préoccupation considérable pour les retards rencontrés jusqu'ici. J'espère que les prochains mois permettront de réaliser des progrès suffisants afin de remplir les conditions préalables pour débuter les discussions sur nos futures relations avec le Royaume-Uni", a-t-il ajouté.
Le PE demande à Londres qu'il présente sans délai des propositions précises afin de protéger l'ensemble des droits dont bénéficient actuellement 4,5 millions de citoyens britanniques et de l'UE, d'honorer pleinement les obligations financières du Royaume-Uni envers l'UE et de résoudre la question de la frontière entre la République d'Irlande et l'Irlande du Nord, en pleine conformité avec l'accord du Vendredi Saint.
La garantie que la législation de l'UE sera respectée jusqu'au retrait officiel du Royaume-Uni de l'UE est une condition supplémentaire pour parvenir à conclure la première phase des négociations.
La résolution votée mardi par le PE présente la contribution du Parlement au sommet européen du 20 octobre à Bruxelles, durant lequel les chefs de gouvernement évalueront les progrès réalisés dans les négociations sur le Brexit. Tout accord de retrait à la fin des négociations entre l'UE et le Royaume-Uni devra être approuvé par le Parlement européen.
Une majorité de citoyens britanniques s'est exprimée le 23 juin 2016 en faveur d'une sortie de leur pays de l'UE. Le gouvernement britannique a officialisé la procédure de retrait en déclenchant l'article 50 du Traité de Lisbonne le 29 mars 2017, lan?ant ainsi les négociations avec l'UE.
Londres dispose de deux ans pour négocier avec l'UE un accord fixant les modalités de son retrait "en tenant compte du cadre de ses relations futures avec l'Union". Les modalités de ce cadre feront partie d'un accord séparé, pour lequel les négociations pourraient être considérablement plus longues.