Dernière mise à jour à 10h06 le 14/09
Au lendemain de la première mobilisation sociale contre les ordonnances sur le Code du travail, la France est à l'heure des comptes. Les syndicats CGT, FSU et Solidaires ont annoncé à eux seuls un chiffre de 500.000 manifestants (223.000 selon le ministère de l'Intérieur), soit autant que lors de la première manifestation contre la loi El Kohmri sur le travail du 9 mars 2016.
Les propos tenus par le président fran?ais Emmanuel Macron la semaine dernière à Athènes sur "les fainéants" ont indéniablement mis de l'huile sur le feu de la contestation contre la réforme du Code du travail engagée par le chef de l'Etat.
Après avoir déjà suscité la polémique en affirmant que "la France n'est pas un pays qui se réforme", le président Macron a asséné vendredi qu'il ne céderait "rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes". Une formule qui, s'est échiné à expliquer le gouvernement sans grand succès, visait en fait les prédécesseurs du président qui n'avaient pas eu le courage de s'attaquer aux réformes nécessaires.
Cette tirade a visiblement irrité un grand nombre de Fran?ais. "Les fainéants sont dans la rue", pouvait-on en effet lire mardi, à Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, mais aussi Strasbourg, Caen, Montpellier et nombre d'autres villes de province.
"Nous pensons qu'il faut réformer le droit du travail, mais pas pour retirer des droits aux salariés et aux travailleurs", a déclaré mardi en début de cortège le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, prévenant qu'il rejetait une "réforme qui donne les pleins pouvoirs au patronat".
Le gouvernement est "attentif" à la contestation contre la réforme du Code du travail, mais ne reviendra pas sur des mesures validées démocratiquement par l'Assemblée nationale, a déclaré mercredi le Premier ministre Edouard Philippe.
La loi reconna?t cinq confédérations syndicales comme "représentatives de droit", selon un arrêté du 30 mai 2013. Il s'agit de la CFDT, de la CFE-CGC, de la CFTC, de la CGT et de FO.
Le syndicat Force ouvrière (FO), bien qu'opposé à la réforme du Code du travail, n'a pas appelé à manifester, tout comme les syndicats dits réformistes, CFDT, CFTC ou CFE-CGC.
FO s'est en effet désolidarisée de la CGT, alors que les deux organisations avaient présenté un front uni contre la loi El Khomri.
Des syndicalistes des centrales non participantes étaient néanmoins présents dans les cortèges, tout comme des personnalités politiques de la gauche, de La France insoumise et des Verts.
Le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, s'est justifié en estimant qu'il ne faut pas "user" les forces maintenant, car "on en aura peut-être besoin demain", en référence aux discussions imminentes sur la réforme de l'assurance-ch?mage.
N'approuvant pas la position de Jean-Claude Mailly, plus de la moitié des unions départementales FO, soit une cinquantaine, et au moins sept de ses fédérations, ont néanmoins décidé de défiler malgré tout aux c?tés de la CGT.
Les manifestations dites "intersyndicales" mobilisent en moyenne beaucoup plus que lorsqu'un ou plusieurs grands syndicats manquent à l'appel. Le dernier front syndical uni remonte au 6 novembre 2010, lors des manifestations contre le projet de réforme des retraites. Les syndicats avaient alors défilé ensemble à sept reprises, entre le 23 septembre et le 6 novembre 2010, pour demander le retrait du projet de loi porté par le gouvernement Fillon II.
Malgré l'absence de front syndical uni, cette première journée de mobilisation sociale de mardi appara?t aux yeux de nombreux observateurs comme une premier tour de chauffe réussi, qui n'entame toutefois pas la détermination du gouvernement à faire aboutir sa réforme.
Outre la nouvelle journée de mobilisation annoncée par la CGT pour le 21 septembre, La France insoumise a appelé à manifester le 23 septembre contre ce qu'elle a baptisé le "coup d'état social". Cette manifestation aura valeur de test pour Jean-Luc Mélenchon, qui compte incarner une opposition sans concession à Emmanuel Macron.