Dernière mise à jour à 09h31 le 26/09
Le départ de Florian Philippot, artisan de la stratégie de dédiabolisation et d'ouverture du Front national (FN), fait craindre une nouvelle radicalisation du parti d'extrême droite, avec notamment le retour du discours anti-immigration déclassé au profit du combat contre l'euro.
La démission inattendue de Florian Philippot et de ses proches du FN, trois mois après le retrait de la vie politique de Marion Maréchal-Le Pen, ravive les querelles relatives à l'orientation du parti.
Connu pour ses positions identitaires, notamment son discours musclé contre l'immigration, le FN a revu ces dernières années ses positions pour améliorer son image. Florian Philippot était l'artisan de cette nouvelle stratégie.
Fidèle lieutenant de la présidente du parti, Marine Le Pen, devenu vice-président, M. Philippot a axé la nouvelle politique du FN sur une ligne sociale et souverainiste, avec comme priorité le combat contre l'euro et l'UE.
Cette nouvelle politique n'était pas approuvée par les conservateurs, comme Jean-Marie Le Pen, exclu du parti en 2015, ou Marion Maréchal-Le Pen, qui incarne aujourd'hui le camp libéral conservateur.
"Il me semble que le mouvement est en train de dérailler sous l'influence de Florian Philippot et de ses amis, qui procèdent à une véritable colonisation du mouvement à l'insu de Marine Le Pen, sans qu'elle ne soit en mesure de s'y opposer", avait dénoncé en 2015 Jean-Marie le Pen, fondateur du FN.
Sa petite-fille, Marion Maréchal-Le Pen, avait également critiqué ce choix de la direction du FN : "C'est chez lui (Florian Philippot) une tendance à faire de l'euro un étendard, alors que l'euro est à relativiser dans le cadre de notre programme économique", avait-elle alors déclaré.
Mais cette querelle interne relative à l'orientation du parti prend une nouvelle tournure après la défaite de Marine Le Pen à l'élection présidentielle, et surtout son débat raté au second tour face à Emmanuel Macron. Depuis, les critiques au sein du FN s'encha?nent et la ligne interventionniste défendue par Marine Le Pen et son lieutenant est de plus en plus remise en cause par le camp libéral et conservateur.
Des divergences qui seraient selon plusieurs observateurs à l'origine du retrait de la vie politique de Marion Maréchal-Le Pen après l'élection présidentielle. Et depuis la semaine dernière, de la démission de Florian Philippot, de l'eurodéputée Sophie Montel et de son directeur de cabinet Joffrey Bollée.
Réagissant à cette démission, Jean-Marie Le Pen confirme qu'il s'agit bien d'une querelle d'orientation politique du parti. "Il (M. Philippot) a déclassé les éléments que je tenais pour fondamentaux, en particulier le combat contre l'immigration massive au bénéfice du combat contre l'euro, contre l'UE, qui étaient dans notre programme mais pas à la place où on les a mis aujourd'hui", a déclaré M. Le Pen sur BFMTV.
Le départ de M. Philippot serait-il synonyme d'un retour aux fondamentaux pour le FN? Pour le journaliste et spécialiste de l'extrême droite Olivier Faye, Marine le Pen s'est séparée de la personne qui défendait la même ligne politique qu'elle : "La ligne sociale-souverainiste". Résultat : "Certains craignent que le FN se radicalise sur la ligne identitaire, et ainsi prépare le terrain pour un retour de Marion Maréchal", analyse M. Faye.