Dernière mise à jour à 10h51 le 20/05
Le président américain Donald Trump s'envole ce vendredi de Washington en direction du Moyen-Orient pour sa première visite à l'étranger depuis son arrivée à la Maison Blanche en janvier dernier.
Empêtré dans une série de scandales chez lui, il pourra s'attendre à un meilleur accueil en Arabie saoudite et en Isra?l, qui ne cessent de demander un soutien américain à leurs politiques régionales.
Toutefois, certains experts craignent que M. Trump ne jette de l'huile sur le feu dans cette région sensible en abordant les questions du processus de paix israélo-palestinien, des relations avec l'Iran, de la lutte antiterroriste et des guerres en Syrie et au Yémen.
UN EQUILIBRE DELICAT
Pour son premier arrêt, M. Trump devrait rencontrer des responsables saoudiens, ainsi que les dirigeants de plus de 50 pays musulmans à l'occasion du sommet arabo-islamico-américain prévu samedi et dimanche à Riyad, la capitale du royaume wahhabite.
Les attaques "croissantes de Trump contre l'Iran sont conformes aux vues de l'Arabie saoudite qui a une position dure sur l'Iran et qualifie d'ingérence la politique iranienne dans la région, d'autant que l'Iran pousse la situation en Syrie et au Yémen vers davantage de tension", estime Sa?d Amine Chalaby, directeur du Conseil égyptien des affaires internationales.
Riyad n'a jamais beaucoup aimé la politique iranienne de Barack Obama et les liens entre les deux pays se sont tendus après que le Congrès américain a voté l'an dernier une loi autorisant les victimes du 11-Septembre à poursuivre l'Arabie saoudite en justice.
"Trump a annoncé qu'il allait démanteler le terrorisme et qu'il s'appuierait pour cela sur ses alliés arabes et musulmans au Moyen-Orient", ajoute M. Chalaby selon qui Washington attend des pays du Golfe qu'ils partagent les co?ts de cette lutte, notamment avec la signature d'un contrat de 100 millions de dollars avec l'Arabie saoudite.
Cependant, des experts redoutent que M. Trump aggrave encore plus les tensions entre chiites et sunnites.
Avec sa venue à Riyad, "Trump me fait davantage penser à un marchand d'armes qui s'attend à déclencher de nouveaux conflits", estime Sa?d el-Lawindi, chercheur au Centre Al-Ahram d'études politiques et stratégiques au Caire. Pour lui, il ne sert à rien d'exclure l'Iran des questions régionales, car ce pays est fondé à jouer un r?le dans la région.
La question du transfert de l'ambassade des Etats-Unis de Tel Aviv à Jérusalem, évoquée par M. Trump en campagne électorale, risque elle aussi de faire dérailler le processus de paix israélo-palestinien et de mettre en colère le monde arabe.
En 1995, le Congrès américain a voté une loi prévoyant ce transfert. Mais tous les présidents américains depuis cette date ont successivement signé des décrets repoussant chaque fois de six mois l'installation de l'ambassade à Jérusalem pour des raisons de sécurité. Le dernier en date signé par M. Obama expire le 1er juin prochain.
Isra?l a envahi Jérusalem-Est en 1967, l'annexant en 1980 en estimant qu'il s'agit de sa capitale "éternelle et réunifiée". Mais cette annexion n'a jamais été reconnue par la communauté internationale.
UNE PAIX FRAGILE APRES LA DEFAITE DE L'EI
L'invasion de l'Irak en 2003 par les Etats-Unis et la politique de Washington dans la région ont nourri la création de l'Etat islamique (EI), qui s'est emparé de larges portions de l'Irak et de la Syrie, selon des experts.
Au terme de près de trois ans d'opérations militaires, les autorités de Bagdad et de Damas sont en passe de conquérir respectivement Mossoul et Raqqa, les derniers grands bastions de l'EI. Les administrations Obama et Trump n'ont cependant pas annoncé ce qui pouvait se passer après une défaite de l'EI.
Les liens entre l'administration Trump et la Russie ont par ailleurs été l'objet de grandes controverses aux Etats-Unis ces quatre derniers mois.
Avec un régime syrien soutenu par Moscou et Téhéran, des combattants sunnites soutenus par Washington et Riyad, le gouvernement irakien et les Kurdes s'apprêtent à revendiquer des territoires repris à l'EI, ce qui pourrait enflammer les tensions dans la région et au delà.
Des observateurs pensent qu'un accord politique après la défaite de l'EI est déjà dans les tuyaux, mais que son application risque de tarder en raison des profondes divisions entre les pays impliqués, parmi lesquels il ne faut pas oublier la Turquie.
Pour eux, si Trump prend des décisions unilatérales lors de son voyage sans consultation avec les parties impliquées, le processus de paix pourrait dérailler, jetant une ombre sur la stabilité future de toute la région.