Dernière mise à jour à 08h37 le 20/04
L'arrestation mardi à Marseille de deux jeunes Fran?ais radicalisés soup?onnés de préparer une attaque "imminente" à quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle relance le débat sur la question sécuritaire en France.
A quatre jours du premier tour, le chef de l'Etat fran?ais Fran?ois Hollande a rappelé mercredi lors d'un Conseil restreint tenu à l'Elysée que "l'ensemble des moyens adaptés devait être mobilisé pour garantir le bon déroulement du scrutin".
"Le risque terroriste est plus élevé que jamais", a prévenu mardi le ministre de l'Intérieur Matthias Fekl, précisant que les deux terroristes avaient l'intention de commettre "à très court terme, c'est-à-dire dans les prochains jours, un attentat sur le sol fran?ais".
Cette menace a pour particularité de viser à perturber l'élection présidentielle en ciblant les candidats. La presse cite nommément le candidat de la droite, Fran?ois Fillon, qui serait particulièrement dans le collimateur des terroristes.
Plusieurs candidats, dont M. Fillon, déclarent avoir été informés par le ministère de l'Intérieur de l'existence de cette menace et avoir re?u les photos des deux suspects.
"Je félicite les policiers et les services de renseignement qui ont permis l'arrestation de deux terroristes. Mais en ce qui me concerne, cela ne change strictement rien à l'organisation de ma campagne et surtout cela ne doit pas conduire à focaliser le débat de la campagne sur des questions de sécurité, surtout sur la mienne", a déclaré Fran?ois Fillon.
Le candidat socialiste Beno?t Hamon dit avoir été informé de la menace, mais ne veut pas en faire un fait de campagne. "On savait que la menace existait, il y a un attentat qui est déjoué, il faut s'en féliciter. Je n'ai pas envie d'instrumentaliser politiquement cet événement qui est suffisamment grave", a-t-il déclaré, tout en indiquant qu'il ne changera rien à sa fa?on de faire campagne.
Même réaction de la part du candidat d'En marche!, Emmanuel Macron, qui va aussi continuer "à aller au contact, à [se] déplacer", malgré la menace.
Au Front national (FN), on accuse la droite et la gauche qui étaient au pouvoir de ne rien faire face à la menace terroriste. "Notre démocratie, les opérations de vote, les campagnes électorales sont menacées. Cela fait deux quinquennats d'affilée qu'on a laissé la menace islamiste prospérer. Aujourd'hui, on est arrivés à une situation où on se demande même si les campagnes électorales vont être encore possible demain", a déclaré Florian Philippot, vice-président du FN.
Cette nouvelle tentative d'attentat déjouée allonge la liste des attentats avortés depuis 2015, année où la France a connu ses premiers attentats sanglants au mois de janvier contre l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, suivis des attentats du 13 novembre à Paris.
En 2016, "17 attentats ont été déjoués et 420 individus en lien avec des réseaux terroristes ont été interpellés en France grace à l'action des services de renseignement", avait déclaré Bernard Cazeneuve, alors ministre de l'Intérieur. Parmi ces attentats déjoués figure celui envisagé en septembre 2016 par un commando terroriste composé de jeunes femmes, piloté depuis la Syrie.
La dernière tentative d'attentat avortée avant celle de ce mardi date de février dernier. Quatre personnes soup?onnées de planifier un projet d'attentat, dont une adolescente de 16 ans, ont été interpellées dans l'Hérault, puis transférées en région parisienne.
Cette interpellation intervient une semaine après l'attaque à la machette de militaires en faction au Carrousel du Louvre à Paris. Là également, l'auteur de cette attaque, un Egyptien de 29 ans, n'a pas pu mettre sa menace à exécution.
Le Premier ministre d'alors, Manuel Valls, avait indiqué sur la cha?ne de radio Europe 1 que ce niveau élevé de menace s'expliquait par le nombre important de terroristes fran?ais qui combattent en Irak et en Syrie. "Aujourd'hui, la menace est maximale et nous sommes une cible. Nous avons près de 700 djihadistes fran?ais ou résidant en France qui combattent en Irak et en Syrie", a-t-il indiqué.
Parmi eux, "il y a 275 femmes et plusieurs dizaines de mineurs, 196 djihadistes ont trouvé la mort en Irak ou en Syrie et nous avons sur notre propre territoire 1.350 personnes visées par des enquêtes, dont 293 en lien direct avec les filières terroristes et aujourd'hui en prison", avait indiqué M. Valls.
Les autorités fran?aises ont déjà pris des dispositions pour assurer la sécurité du scrutin et des candidats, a annoncé le ministre de l'Intérieur Matthias Fekl. En plus du plan Vigipirate, 50.000 policiers, gendarmes et militaires seront déployés pour chaque tour de l'élection présidentielle sur l'ensemble du territoire.
La sécurité des principaux candidats a été renforcée et les meetings et autres rassemblements politiques seront sous haute surveillance policière.