Dernière mise à jour à 15h31 le 13/04
L'ambassade des Etats-Unis au Cambodge a annoncé plus t?t ce mois-ci qu'une unité d'appui de la marine américaine avait été invitée à quitter le pays asiatique, le gouvernement royal du Cambodge ayant décidé de reporter indéfiniment ce programme.
Le bataillon de construction mobile navale des Etats-Unis, plus connu sous le nom de Seabees, est engagé dans des projets communautaires dans le pays de l'Asie du Sud-Est depuis 2008. Cependant, avec d'autres troupes américaines, les opérations ont souvent été snobées ces derniers temps. La coopération militaire américano-cambodgienne a soit été retardée ou suspendue.
Le Cambodia Daily attribue ce départ forcé au changement stratégique du Cambodge par rapport à la Chine. Mais en réalité, des incidents de ce genre ne sont pas seulement causés par l'ajustement de la politique américaine envers le gouvernement cambodgien, mais sont aussi directement liés à la nature de l'aide étrangère des USA.
On le sait, les Etats-Unis sont l'un des pays les plus puissants dans l'aide internationale aux pays de l'Asie du Sud-Est. L'administration de l'ancien président Barack Obama a réitéré à plusieurs reprises attacher une grande importance au pays géopolitiquement significatif. En effet, l'équipe d'Obama a favorisé les liens bilatéraux entre les Etats-Unis et les pays d'Asie du Sud-Est, notamment le Cambodge, le Vietnam, le Myanmar et le Laos, vis-à-vis de la péninsule Chine-Indochine.
Mais, qu'en est-il de l'aide? Les responsables du précédent gouvernement américain ont promis plus d'une fois d'augmenter les appuis financiers pour l'Asie du Sud-Est. Le secrétaire de la défense Chuck Hagel a affirmé que Washington élargirait son aide militaire et sa formation dans ces pays et a souligné que le budget alloué à leur sécurité augmenterait de 50% à partir du premier mandat présidentiel d'Obama. Au final, les Etats-Unis n'ont apporté qu'un soutien de fa?ade en ce qui concerne la sécurité.
Les statistiques montrent que l'aide militaire des USA en faveur de l'Asie du Sud-Est a diminué de 19% entre 2010 et 2015. Seul le Laos, le Myanmar et le Vietnam membres de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est ont été les nations les plus soutenues.
Une aide principalement concentrée dans des projets spécifiques. Notamment dans les projets de balayage des mines, comme en témoigne un soutien important accordé Myanmar visant au balayage des mines, ainsi qu'à la répression de la plantation de plantes pour produire des drogues et à la contrebande.
La Tha?lande et les Philippines, deux alliés des Etats-Unis, ont vu respectivement une baisse de leur aide militaire de 79,9% et 8,8%. Celle de l'Indonésie, la Malaisie et Singapour a également diminué de 51,7%, 58,2% et 71,4%. Et semble bien négligeable pour le Cambodge.
De plus, l'aide américaine est toujours suivie de certaines conditions, concernant le développement politique, la politique étrangère et les droits de l'homme. Washington ayant tenté de s'ingérer dans la politique intérieure du Cambodge et d'autres pays d'Asie du Sud-Est.
Bien que le gouvernement américain ait manifesté son inquiétude pour la région au cours des huit dernières années et que ses relations avec plusieurs pays aient même connu une période “de lune de miel” pendant le premier mandat de Barak Obama, les sentiments anti-américains ont atteint par la suite un niveau record.
Le Cambodge, la Malaisie, la Tha?lande et les Philippines ont souvent eu des conflits acharnés avec les Etats-Unis en matière de politique et droits de l'homme. Et ont d? progressivement adapter leurs politiques américaines.
Le départ des Seabees indique également que les pays d'Asie du Sud-Est veulent retrouver un rééquilibre dans la lutte du pouvoir régional sino-américain. De plus en plus d'observateurs prétendent que les pays de cette région stratégiquement importante s'appuient sur la Chine sur le plan économique tout en recherchant un soutien des Etats-Unis en matière de sécurité. Mais cela a imposé une pression à la Chine, en particulier lorsque les USA défendent avec force la soi-disant liberté de navigation dans la mer de Chine méridionale.
Devant le sentiment d'insécurité produit par les débats exacerbés entre les Etats-Unis et la Chine. Plusieurs états ont choisi de poursuivre leur stratégie d'équilibrage et d'adopter des ajustements pragmatiques, d'assurer leur propre sécurité et d'obtenir plus de pouvoir pour eux-mêmes.
Grace à la contigu?té géologique et à la dotation des ressources naturelles, les pays d'Asie du Sud-Est comme le Cambodge ont conservé des liens économiques et commerciaux de plus en plus étroits avec la Chine. En tant que pays sous-développé en Asie du Sud-Est, ils ont tendance à faire face au développement économique rapide de la Chine pour développer sa propre économie et améliorer ses infrastructures avec la capitale chinoise.
Dans l'intervalle, le Cambodge et d'autres pays de la région ont également connu des progrès dans la coopération avec la Chine notamment en matière de défense. Affirmant que le nouveau gouvernement américain n'avait pas encore une politique claire en Asie du Sud-Est.
L'auteur de cet article est chercheur à l'Institut Charhar et à la Faculté des études de l'ASEAN à l'Université du Guangxi pour les nationalités. Source : Global Times