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Dernière mise à jour à 08h13 le 01/11

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L'affaire Choi plonge la présidente sud-coréenne dans la crise

Xinhua | 01.11.2016 08h12

Il n'est pas rare en Corée du Sud de voir des membres de la famille ou de proches collaborateurs de présidents être impliqués dans des affaires de corruption, un triste héritage de l'ère des dictateurs militaires de 1962 à 1988.

Mais cette fois, l'histoire semble complètement bizarre, même pour les Sud-Coréens. Choi Soon-sil, confidente de longue date de la présidente Park Geun-hye, qui l'appellerait "soeur", est soup?onnée d'avoir tiré des ficelles en coulisses et être intervenue dans des affaires d'Etat.

Des manifestants indignés sont descendus samedi soir dans les rues du centre de Séoul, brandissant des pancartes réclamant la démission de Mme Park ou bien l'ouverture d'un processus de destitution. D'autres manifestations pourraient suivre.

Mme Choi a créé la surprise en revenant dimanche à Séoul après un séjour de deux mois à l'étranger. Elle a fait savoir via son avocat qu'elle coopérerait pleinement avec les procureurs, qui l'ont convoquée ce lundi pour interrogatoire.

Mais son retour n'a pas réussi à apaiser la colère. Choo Mi-ae, présidente du parti Minjoo, la principale formation d'opposition, a estimé sur sa page Facebook que Mme Choi devait être immédiatement arrêtée pour de possibles tentatives de dissimulation.

Une délégation du Parti de la justice (gauche) s'est rendue au bureau des procureurs du district central de Séoul chargés d'enquêter sur cette affaire, appelant elle aussi à la détention immédiate de Mme Choi. Cette dernière avait demandé un jour de repos, disant ne pas être en bonne santé et fatiguée après un long voyage depuis Londres.

UNE AMITIE ETROITE PAR TEMPS DIFFICILES

Certains hommes politiques et de nombreux Sud-Coréens disent craindre une enquête molle sur Mme Choi, dont la relation visiblement indestructible avec la présidente Park remonte au milieu des années 1970.

Mme Choi est la cinquième fille de Choi Tae-min. Mort en 1994, ce dernier est connu pour avoir été une figure religieuse chamanique ayant mis en place un culte baptisé l'Eglise de la Vie éternelle mêlant croyances protestantes, catholiques et bouddhistes. Il aurait commencé à fréquenter Mme Park lorsque celle-ci est devenue Première dame par intérim à la suite de l'assassinat de sa mère en 1974.

Les rumeurs de l'époque soup?onneront M. Choi d'utiliser ses liens avec Mme Park pour se livrer à des malversations dans la gestion conjointe d'associations de bénévoles proches du gouvernement.

Choi Soon-sil a confié dans un entretien accordé à un magazine en 1994 avoir rencontré Mme Park, de quatre ans son a?née, pour la première fois lors d'un événement en 1976 alors qu'elle était une étudiante de première année. Depuis cette date, des liens d'amitié intime se sont noués.

Cette amitié a semblé se renforcer après que le père de Mme Park, le dictateur Park Chung-hee, a été assassiné en 1979 par le chef des services de renseignements sud-coréens qui était l'un de ses plus proches collaborateurs. Mme Park a dit dans un entretien en 1994 au même magazine qu'elle était reconnaissante au père de Mme Choi de l'avoir réconfortée pendant "les heures les plus difficiles".

Mme Choi et son père se seraient notamment immiscés dans la gestion de la Fondation YukYoung, une association à but non lucratif baptisée du nom de la défunte mère de Mme Park, Yuk Young-soo, et dont Mme Park est devenue la présidente en 1983.

Le mari de Mme Choi, Chung Yoon-hoe, a par ailleurs été le chef de cabinet de Mme Park jusqu'en 2004 après que celle-ci a été élue en 1998 députée du Grand Parti national, prédécesseur du parti Saenuri (au pouvoir, conservateur).

Les soup?ons sur une ingérence en coulisses de M. Chung dans des affaires d'Etat ont un temps été soulevées après son divorce d'avec Mme Choi en juillet 2014.

REMANIEMENT DE L'ENTOURAGE FACE AUX PROTESTATIONS PUBLIQUES

Contrairement au cas Chung, le tollé public concernant Mme Choi persiste, car son ingérence présumée dans les affaires du gouvernement a été reconnue par la présidente Park. Celle-ci a avoué lors d'excuses publiques présentées le 25 octobre que sa confidente avait modifié certains des discours présidentiels au début de son mandat.

Mme Park a précisé que Choi Soon-sil lui avait donné des conseils personnels sur des discours et des questions de relations publiques lors de la campagne présidentielle en 2012 et jusqu'au début de sa présidence en février 2013. Mme Park n'a pas précisé quand Mme Choi avait interrompu ses conseils.

Ces aveux de la présidente ont ainsi contredit les démentis de ses principaux collaborateurs qui parlaient jusqu'ici de spéculations médiatiques. Son chef de cabinet, Lee Won-jong, qui a démissionné dimanche, avait ainsi déclaré lors d'une audition parlementaire qu'il n'avait aucune idée comment une telle histoire, qui n'aurait même pas pu exister "à l'époque féodale", était relayée dans la presse.

La cha?ne cablée JTBC a annoncé lundi avoir mis la main sur une tablette numérique ayant appartenu à Mme Choi. Selon elle, la tablette contient des discours et des communiqués de Mme Park datant de 2012 à début 2014. Si l'on en croit les archives informatiques, Mme Choi aurait re?u ces documents avant que Mme Park ne les diffuse elle-même officiellement.

Ces fichiers comprennent notamment le discours prononcé à Dresde (Allemagne) en 2014 dans lequel la présidente expose sa vision sur la réunification avec la République populaire démocratique de Corée (RPDC). Selon les images télévisées, de nombreux passages sont soulignés en rouge, ce qui laisse entendre que Mme Choi y a mis sa patte.

Le journal Hankyoreh a rapporté mercredi dernier que des copies de documents présidentiels ont été remises chaque jour à Mme Choi jusqu'au début 2016, citant un ancien employé de l'une des deux fondations contr?lées par la confidente de Mme Park.

Selon l'ancien secrétaire général de la fondation Mir, Mme Choi s'était immiscée dans les grandes décisions nationales, y compris l'arrêt du complexe industriel de Kaesong et la nomination de ministres. Ces décisions auraient été prises après consultation avec les propres conseillers de Mme Choi, dont un réalisateur de publicités et un ancien escrimeur de l'équipe nationale.

Le complexe industriel de Kaesong, ville frontalière de la RPDC et symbole de la dernière coopération économique entre Pyongyang et Séoul, a été fermé par la Corée du Sud après le quatrième essai nucléaire de la RPDC en janvier 2016 et le tir en février suivant d'une fusée à longue portée.

La présidente Park a remanié son secrétariat dimanche pour tenter de calmer la fureur publique autour de ce scandale qui l'a plongé dans une grave crise avant l'élection présidentielle de décembre 2017.

Tant le parti Saenuri que l'opposition ont appelé Mme Park à dissoudre le gouvernement et à former un gouvernement de grande coalition avec à sa tête un Premier ministre politiquement neutre et pouvant librement choisir les membres de son cabinet.

(Rédacteurs :Qian HE, Guangqi CUI)
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