Le président turc Recep Tayyip Erdogan a vivement critiqué mercredi la candidate présidentielle américaine Hillary Clinton, la traitant de "novice de la politique", pour sa proposition d'armer les groupes kurdes de Syrie contre l'Etat islamique (EI) si elle était élue le mois prochain.

"C'est une déclaration malheureuse. Je considère cela comme un manque d'expérience politique", a déclaré M. Erdogan dans un discours adressé à une assemblée de juges et de procureurs à Ankara.

La candidate démocrate américaine a en effet affirmé qu'elle armerait les Kurdes de Syrie et d'Irak si elle remportait la course à la Maison Blanche face à Donald Trump le 8 novembre.

"Vous rendez-vous compte que les armes que vous avez déjà fournies ont causé la mort de 600 000 personnes ? Où est la Déclaration des droits de l'Homme ? Où est le Droit ? Où est le respect de la vie humaine ?", a interrogé M. Erdogan.

Le président turc a également annoncé que son pays allait cesser de remettre aux Etats-Unis les suspects recherchés par la justice américaine, et les confierait plut?t à la justice turque, tant que Washington n'aura pas extradé Fethullah Gülen, prédicateur islamique basé en Pennsylvanie.

"Lorsqu'ils nous réclament des terroristes, nous les leur remettons. Mais comme on peut le voir, ils refusent de nous remettre à leur tour les terroristes que nous réclamons. Pourquoi donc ? Ils parlent de système judiciaire et affirment qu'ils ne peuvent rien faire sans l'aval d'un tribunal. Très bien. On va voir ce qui va se passer. Nous pouvons faire la même chose ici", a-t-il déclaré.

"Regardez, cela fait maintenant 17 ans que cet individu habite là-bas. Nous avons envoyé aux Etats-Unis 85 cartons de documents, et nous continuons à leur en envoyer", a martelé M. Erdogan, avant de rappeler que le ministre de la Justice Bekir Bozdag se rendrait à Washington pour y rencontrer son homologue à la fin du mois.