Dernière mise à jour à 09h34 le 17/02
Photos prises le 7 septembre 2015, plusieurs centaines de producteurs laitiers en colère manifestent à Bruxelles pour faire pression sur les ministres européens de l'Agriculture réunis dans la ville pour parler de la crise que connait ce secteur. |
En attendant la décision de la Commission européenne - prévue pour le prochain conseil des ministres de l'Agriculture de l'Union européenne (UE) à Bruxelles le 14 mars - les agriculteurs fran?ais continuent de manifester contre la chute du cours du lait et du porc. Une des conséquences de l'embargo russe, des distorsions de concurrence intra-européennes selon les autorités et acteurs de la filière.
Les agriculteurs multiplient depuis quelques semaines, les manifestations à l'intérieur du pays, comme ce fut le cas, en mi-juillet 2015. Ils prévoient ce mercredi, à seulement dix jours du salon de l'agriculture prévu à partir du 27 février à Paris, une grande manifestation à Rennes pour dénoncer la chute du prix des produits agricoles, notamment la viande de porc et du lait.
"L'objectif c'est de se faire entendre par nos politiques parce qu'il y a un silence assourdissant (...). La grande mobilisation prévue à Rennes sera pour nous un vrai signe de mobilisation pour poser les mêmes revendications : plus de prix moins de normes. On attend beaucoup du Conseil de Bruxelles ", a expliqué à la presse, Fréderic Daniel, président des jeunes agriculteurs du Morbihan.
Mais le Conseil de Bruxelles qui s'est réuni lundi dernier sur la question, à la demande des autorités fran?aises n'a pu prendre de décision.
"Le constat est largement partagé au niveau du conseil sur les questions du lait et de la production porcine. Le commissaire européen a convenu que la situation était grave et qu'il y avait sur la base des propositions fran?aises des choses sur lesquelles il veut faire des propositions", a déclaré sur BFMTV, le ministre fran?ais de l'Agriculture Stéphane Le foll.
Pour les autorités fran?aises, la solution à cette crise agricole qui perdure, est européenne. Il s'agit entre autres de la levée de l'embargo (interdiction des produits européens) instauré par la Russie en réponse aux sanctions occidentales relatives à la crise ukrainienne. Mais aussi d'instaurer une meilleure régulation au niveau européen.
Selon le Premier ministsre fran?ais Manuel Valls, "des mesures d'urgence" ont été prises par le gouvernement depuis le début de la crise. "Mais la crise est aussi européenne", a-t-il déclaré début février au sortir d'une rencontre avec les représentants de la Grande distribution.
De son c?té, le ministre de l'Economie Emanuel Macron se dit également convaincu sur M6 que "la seule réponse forte" à cette crise reste "la réponse européenne".
La baisse des cours du porc et du lait s'explique selon le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll par un excédent d'offre laitière et porcine sur le marché. Une conséquence de l'embargo russe. Il a indiqué à cet égard la nécessité de trouver des débouchés à l'exportation, avec des crédits à l'export.
"Si on trouve des débouchés nouveaux, on a aussi comme responsabilité de faire en sorte que la production ne s'emballe pas. Or c'est le cas aujourd'hui. La production laitière européenne ne cesse d'augmenter et les prix continuent de baisser parce qu'on a pas les débouchés qu'on attendait. ", a prévenu le M. Le Foll.
Sur les conséquences de cet embargo russe, le journal fran?ais La Croix dans un article intitulé : "L'embargo russe fragilise encore plus l'agriculture européenne", parle d'un manque à gagner de 200 millions d'euros pour la France.
"Rien que pour la France, neuvième partenaire commercial de la Russie, le manque à gagner s'élèverait à quelque 200 millions d'euros, les exportations ayant reculé de 23%", indique le journal.
En plus cet embargo, les acteurs du secteur agricole avaient également dénoncé en juillet 2015, la distorsion de la concurrence entre pays européens.
La coopérative Cooperl, un des deux principaux acheteurs du marché du porc breton, avait alors indiqué dans un communiqué qu'il faut des "mesures concrètes et urgentes visant à abolir les distorsions de concurrence intra-européennes qui minent depuis des années la filière porcine (...)", faisant allusion à l'Allemagne et à l'Espagne.