Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères a appelé jeudi les politiciens japonais d'arrêter de tenir des propos contradictoires sur les "femmes de réconfort", un euphémisme désignant les femmes sud-coréennes contraintes à l'esclavage sexuel dans les maisons closes de l'armée japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Cho Tai-young a déclaré lors d'un point de presse que le secrétaire en chef du gouvernement japonais, Yoshihide Suga, avait tenu mercredi des propos niant le caractère forcé de la conscription des "femmes de réconfort" et l'implication de l'armée impériale japonaise.
Déclarant que le Japon hérite du communiqué de Kono datant de 1993, le gouvernement de M. Abe a pourtant nié par la suite le recrutement forcé des "femmes de réconfort", a annoncé M. Cho.
M. Cho a appelé le gouvernement japonais à cesser immédiatement de faire ce genre de commentaires contradictoires, exprimant ses regrets profonds sur les propos de M. Suga, qui représente le gouvernement japonais.
M. Suga avait déclaré le mois dernier que le cabinet de M. Abe passerait en revue les entretiens avec 16 "femmes de réconfort" sud-coréennes, qui avaient été réalisés en 1993 par des officiels japonais à Séoul sur une période de cinq jours.
Les témoignages ont engendré le communiqué de Kono, par lequel l'ancien secrétaire en chef du gouvernement japonais, Yohei Kono, a présenté ses excuses officielles au nom du Japon pour avoir forcé plus de 200.000 jeunes femmes, dont la plupart étaient sud-coréennes, à l'esclavage sexuel pendant le règne colonial japonais en Asie.
Parmi les 237 femmes sud-coréennes qui se sont présentées comme étant d'anciennes esclaves sexuelles, seulement 55 sont toujours vivantes aujourd'hui.
Les premiers dialogues diplomatiques du niveau vice-ministériel entre la Corée du Sud et le Japon depuis environ huit mois ont eu lieu mercredi à Séoul, mais ils se sont révélés infructueux.
M. Cho a déclaré que la Corée du Sud n'avait aucune raison de refuser la proposition de dialogue du Japon si ce dernier venait à changer d'attitude concernant son passé militariste, avant d'ajouter que le gouvernement sud-coréen voulait un sommet productif plut?t qu'un "dialogue pour le dialogue".
En amont des dialogues vice-ministériels, certains médias japonais ont rapporté que le Japon cherchait à organiser un sommet trilatéral avec la Corée du Sud et les Etats-Unis en marge du sommet sur la sécurité nucléaire prévu pour les 24 et 25 mars à La Haye, aux Pays-Bas.
La présidente sud-coréenne, Park Geun-Hye, qui a pris ses fonctions en février 2013, a refusé d'organiser un sommet avec le Premier ministre japonais Shinzo Abe, citant sa fausse perception de l'histoire et son manque de remords au sujet des crimes passés du Japon.
Les relations entre Séoul et Tokyo sont tendues depuis que M. Abe est arrivé au pouvoir en décembre 2012. M. Abe a exaspéré ses voisins asiatiques en visitant le sanctuaire controversé de Yasukuni en décembre 2013, qui honore 14 criminels de Classe A de la Seconde Guerre mondiale, et est considéré comme un symbole de l'impérialisme japonais au 20e siècle.