Dernière mise à jour à 08h21 le 29/01
La consommation intérieure en plein essor, les nouvelles technologies et les politiques gouvernementales favorables sont autant de forces "immuables" qui stimulent la croissance économique de la Chine, estiment des experts américains.
UNE TRANSITION REMARQUABLE
S'exprimant lors d'une récente conférence axée sur le thème "La nouvelle Chine : comment la Chine va-t-elle remodeler notre monde", à New York, Michael Chu, co-PDG du fonds américain L Catterton, a cité les facteurs favorisant la croissance de la Chine, à savoir son gouvernement, ses capitaux, son esprit d'entreprise et son marché de consommation.
"Le problème est de savoir comment l'économie de la Chine va se développer. La question n'est pas de savoir s'il s'agira d'une croissance économique tirée par la consommation. [...] La question est de savoir à quel point et à quelle vitesse elle se développera", a-t-il indiqué.
Cet avis est partagé par Andy Rothman, stratège d'investissement du fonds Matthews Asia.
La Chine est en train de passer d'une économie d'investissement et d'exportation à une économie de consommation et de service, comme celle des Etats-Unis, "ce que beaucoup jugeaient impossible", a-t-il souligné lors d'une table ronde sur les perspectives macroéconomiques de la Chine pour 2018.
"Je pense que beaucoup de personnes qui étaient pessimistes ne comprennent peut-être pas à quel point les choses ont changé [en Chine] en un laps de temps relativement court", a-t-il déclaré.
Il a expliqué que lors de son premier déplacement en Chine dans les années 1980, il était difficile de trouver un restaurant privé. Or, à présent, presque tous les emplois en Chine sont créés par de petites entreprises privées.
Selon les statistiques officielles de la Chine, le PIB du pays a atteint 82.700 milliards de yuans (environ 13.000 milliards de dollars américains) en 2017, soit une augmentation annuelle de 6,9%, la plus forte depuis sept ans. La contribution de la consommation à la croissance économique est passée de 51,8% en 2012 à 58,8%.
DES FORCES FAVORABLES
L'abondance des capitaux, les transactions technologiques, les opportunités d'affaires, les richesses croissantes et le soutien du gouvernement font partie des facteurs nécessaires au succès de la transformation économique de la Chine, a souligné M. Chu.
La Chine a mis en ?uvre une stratégie de croissance axée sur l'innovation ces cinq dernières années, avec une augmentation annuelle de plus de 11% des dépenses de recherche et développement et une contribution croissante des progrès de la science et de la technologie au développement économique.
Le marché du mobile et du commerce en ligne ont créé un écosystème formidable pour la croissance des nouvelles entreprises en Chine, a ajouté M. Chu. En outre, le pays compte 751 millions d'utilisateurs en ligne, soit plus que les Etats-Unis et l'Europe réunis. La Chine a enregistré 16.600 nouvelles entreprises par jour en 2017.
L'investissement de la Chine dans l'intelligence artificielle, la science et la technologie a porté ses fruits, a souligné Frederick Demopoulos, investisseur et co-fondateur de Qunar, dans une interview accordée à Xinhua.
Les trois géants chinois de l'internet Baidu, Alibaba et Tencent, connus sous le sigle BAT, ont des avantages importants, a-t-il fait observer. "Ils ont accès à une immense quantité de données et d'informations qui en font de grands acteurs du développement de l'intelligence artificielle en Chine."
"C'est le meilleur moment pour créer une entreprise en Chine", a-t-il souligné, citant le marché de consommation massif et l'abondance des capitaux ainsi que la présence de personnes de talent et d'une main-d'?uvre importante dans les start-up.
En Chine, 850 millions de personnes rejoindront la classe moyenne d'ici 2030, soit 73% de la population, selon un récent document de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). En revanche, la classe moyenne augmentera de 16 millions de personnes en Europe et diminuera d'autant en Amérique du Nord.
Selon M. Chu, l'investissement en capital-risque de la Chine est passé de 12.000 milliards de dollars en 2011-2013 à 77.000 milliards de dollars en 2014-2016.
"En Chine, toutes les 8 minutes, une start-up est créée", a rappelé Anna Fang, PDG du fonds d'amor?age ZhenFund.
DES DéFIS A RELEVER
Stephen Roach, ancien président de Morgan Stanley Asia et chercheur principal de l'Institut Jackson pour les affaires mondiales de l'Université Yale, a noté que la transition de la Chine vers une économie tirée par la consommation progressait, mais restait confrontée à des défis.
M. Roach est l'auteur du livre "Unbalanced: The Codependency of America and China" (Déséquilibré: la codépendance de l'Amérique et de la Chine), publié par Yale University Press en 2014.
"Je me méfie toujours du noir et du blanc, des projections économiques du taureau et de l'ours, je préfère être réaliste et penser aux deux types de considérations", a déclaré M. Roach.
"La Chine a accompli un travail formidable dans le domaine de l'ingénierie industrielle en stimulant le développement du secteur des services et en poussant résolument vers l'urbanisation", a-t-il affirmé.
M. Roach estime que la part de la consommation dans le PIB a encore beaucoup de marge de progression.
Merit Janow, professeur de la faculté des affaires internationales et publiques de l'Université Columbia, a déclaré à Xinhua que "le président Xi a fait des déclarations extraordinaires sur les transformations qui se produiront en Chine, dont certaines suggèrent une économie plus axée sur la consommation".
"Ce sont des défis à moyen terme pour la Chine", a-t-elle souligné.