Dans un pays déchiré par des querelles linguistiques entre Wallons francophones et Flamands néerlandophones, il est rare de voir les différentes communautés se rassembler pour un même objectif ; c'est pourtant ce qui vient d'arriver : les communautés francophone flamande et germanophone du royaume –l'allemand, quoique très minoritaire, est en effet la troisième langue officielle de la Belgique- se sont unies pour faire entrer dans l'histoire leur patrimoine culinaire. A cette fin, une pétition a été lancée à l'occasion de la semaine de la frite qui a débuté lundi.
En Belgique, la frite n'est pas une plaisanterie, c'est une partie emblématique de la culture de ce pays. Les Belges, qui ne disposent pas de la richesse gastronomique de leur voisin fran?ais, dont la cuisine a déjà été inscrite au patrimoine culturel immatériel de l'Unesco, jurent leurs grands dieux que la pomme de terre cuite dans l'huile est née chez eux et pas en France ; ils lui ont déjà consacré un musée, le seul au monde. Les trois communautés de Belgique –le fait est suffisamment rare pour être souligné- ont donc décidé de s'unir le temps de faire inscrire la frite belge au patrimoine culturel immatériel de l'Unesco. La Belgique revendique en effet la place de premier producteur mondial de produits transformés à base de pommes de terre, avec 3,2 milliards de kilos de pommes de terre transformés en 2011
Le premier pas a été fait par l'Union nationale des frituristes (Unafri), qui a d'abord déposé un dossier de reconnaissance de la frite auprès de la Flandre. La région néerlandophone du nord du pays est devenue la première à inscrire le célèbre plat à la liste de son ? patrimoine immatériel ? il y a un an. Il fallait encore convaincre les deux autres communautés du royaume car ? pour faire la demande auprès de l'Unesco, il faut que tout le pays reconnaisse la frite ?, a expliqué l'Unafri. Aujourd'hui, c'est quasiment fait : d'après le ministre wallon de l'Agriculture René Collin, la Fédération Wallonie-Bruxelles et la Communauté germanophone s'apprêtent à leur tour à reconna?tre la culture de la frite belge dans leur patrimoine immatériel.
L'Unafri cherche également à obtenir le soutien de toute la nation belge. Une pétition a été lancée à l'occasion de la semaine de la frite et jusqu'au 7 décembre, des cornets de frites seront distribués gratuitement dans les friteries et autres baraques à frites du royaume. S'ils parviennent à convaincre l'Unesco, les Belges permettront à leur frite de rejoindre entre autres ? le repas gastronomique des Fran?ais ?, inscrit au patrimoine immatériel depuis 2010.