D'importants acteurs chinois et européens de l'édition numérique ont partagé leurs expériences et échangé leurs réflexions personnelles et communes, lors du Forum sino-européen sur l'édition numérique 2013 (2013 EU-China Panel Discussions on Digital Publishing) qui s'est tenu jeudi à Beijing.
Grace à la percée d'Internet et à la mondialisation, la numérisation des livres se développe aujourd'hui à un rythme de plus en plus soutenu, et les livres numériques occupent déjà une place importante dans nos tablettes et téléphones portables. Cependant, malgré leurs riches ressources et leur facilité d'accès, les livres numériques sont sources d'inquiétudes dans certains domaines, notamment la protection de la propriété intellectuelle et la gestion des droits numériques.
Pour Florent Souillot, responsable du développement numérique du groupe Flammarion, la numérisation est une évolution importante qui exhorte au développement dans les domaines de la technologie, des droits et du commerce. Il explique qu'avec les livres sur papier, il est impossible de savoir qui sont les lecteurs et où ces derniers s'arrêtent de lire. Grace au format numérique, il est désormais possible de savoir qui achète les livres et de conna?tre les oeuvres ayant intéressé leurs lecteurs du début à la fin.
Malgré leurs différentes nationalités et maisons d'édition, les participants ont partagé de nombreuses réflexions communes lors du forum organisé dans le cadre du 20e Salon international du livre de Beijing, qui regroupe quelque 2.000 maisons d'édition venues de plus de 70 pays et régions.
Anne-Solange Noble, directrice des droits étrangers chez Gallimard, éditeur fran?ais fondé en 1911, et Zhao Chen, de la People's Literature Publishing House Co., Ltd., insistent sur le fait que le contenu reste la priorité, qu'il s'agisse de livres numériques ou sur papier. Mme Noble a également noté que les traducteurs devaient être fidèles et interpréter au mieux le texte source.
Daniel Cladera, directeur des droits étrangers de Planeta, premier groupe espagnol du secteur de l'édition et de la communication, et Liu Guangyu, directrice chargée des droits étrangers et des relations internationales aux éditions de l'Université du Peuple (Renmin Daxue), ont exprimé leurs inquiétudes concernant la protection des droits numériques. Selon M. Cladera, parmi les livres téléchargés dans son pays, seul un sur dix fait l'objet d'une transaction. Il ajoute que le piratage touche également la musique, les films et les jeux vidéo. Mme Liu a pour sa part proposé que le marché du livre numérique renforce la prise de conscience du public en matière de protection de la propriété intellectuelle.
En outre, Zhang Liping, ancienne directrice des relations internationales du groupe Cloudary, a demandé aux maisons d'édition chinoises de bien se préparer avant d'exporter leurs livres numériques à l'étranger, car les formats choisis en Chine et dans les autres pays sont souvent différents. Elle a également souligné l'importance pour les entreprises chinoises du secteur de bien étudier les données des ventes offertes par leurs partenaires étrangers, afin d'adapter leurs stratégies de promotion dans les meilleurs délais.
Michal Siciarek, spécialiste polonais des questions de propriété intellectuelle dans l'édition, a pour sa part fait remarquer que les lois étaient différentes à travers le monde et qu'il était nécessaire de bien décrire les pays concernés lors de la signature des contrats, car les oeuvres numériques peuvent être partagées dans le monde entier sans grande difficulté technique.
Certains participants, plus ambitieux, indiquent que les livres numériques ne doivent pas se contenter de reproduire les textes des versions sur papier, mais s'enrichir également de photos, de vidéos, de films ou de jeux vidéo, afin de se transformer en véritables oeuvres multimédias.